Retour de chez JP2
Par Michel Mosser.
Dimanche 3 septembre, Act Up, les Panthères Roses et d’autres associations, épaulées par les Verts et les Jeunes Verts, manifestent contre le baptème du Parvis de Notre-Dame de Paris du nom de Jean-Paul II. Sébastien Reinier, Jeune Vert de Paris, raconte :
« A la suite de la manifestation, certains Verts sont revenus sur le parvis a 15h, heure de la cérémonie officielle. Nous sommes rentrés sur le parvis après la fouille avec 2 autre verts et 3 amis ou sympathisants. La première fouille s’est bien passée, mais en se retrouvant à l’intérieur nous avons été rapidement repérés. Il faut dire que deux mecs se sont fait la bise sous le nez des 14 flics en civil au mètre carré qu’il y avait, ce qui n’est pas très catho-compatible, mais il faut surtout dire qu’on avait affaire aux mêmes flics qu’à midi. Ils nous avaient donc rapidement reconnus.
Nous avons été calmement évacués et alignés près des cars de police puis rassemblés dans la cour de la préfecture. Les policiers semblaient plutot désorganisés, ne sachant pas quoi faire de nous, manquant de papier, recevant ordre puis contre-ordre… A leur désorganisation s’ajoutait leur relatif analphabétisme : par deux fois, le même flic n’a pas été capable de recopier correctement mon nom sur le formulaire (il n’y a que 7 lettres dans mon nom, mais passons). Sur ces entrefaits, arrive François Doucet (permanent des Verts-Paris), avec des drapeaux verts sur le dos et son sac de badges, vers 16h… il n’a pas manqué de se faire gauler et de nous faire rire, tout en constatant malheureusement que l’organisation n’était pas encore au point pour les manifs.
Après qu’ils aient délibéré, les officiers décident de nous transferer au commissariat du 11e. « On en prend 12 et après on arrête » a-t-on entendu. Pourquoi 12 ? pour atteindre le chiffre prévu ? ou parce qu’il n’y avait qu’une fourgonette de 12 places disponible ? ou les deux…
Nous voila partis pour le comissariat du 11e, toute sirène hurlante, dans notre étuve. Malgré la chaleur on rigole et on se prend en photo… on a tout juste le temps de se calmer avant que la porte ne s’ouvre et qu’on nous emmène nous faire identifier. Long processus durant lequel ils semblaient chercher à gagner du temps, à faire trainer en attendant l’ordre de nous relâcher. Fouille des corps et des sacs, photocopie des cartes d’identités, pas d’interrogatoire, pas de procès verbal. On est relâchés vers 18h. En sortant, on prend des nouvelles du 18e, où les choses ont été un peu plus longues.
Rien de grave donc, au final. Sauf que je tiens à préciser que, comme Gilles, nous avons été interpellés sans aucun motif. Lorsque les policiers remplissaient notre formulaire d’interpellation, ils ne savaient pas quoi mettre. Un officier a du intervenir pour leur dire de mettre « soit trouble à l’ordre public, soit manifestation sans autorisation, soit distribution de tracts interdits » ou qqchose comme ça. Rien de tout ça en ce qui concerne les trois Verts que nous étions dans ce lot. Ils n’avaient d’ailleurs rien trouvé de probant dans nos sacs ou dans nos poches. NOUS AVONS ETE ARRETES UNIQUEMENT PARCE QUE NOUS AVONS ETE RECONNUS PAR LES POLICIERS POUR AVOIR PARTICIPER A LA MANIF DE MIDI.
Ce genre d’arrestation me semble donc abusive, comme la plupart des arrestations cet après midi. J’attends aussi une communication forte des élus à ce sujet.
Pour le reste, je rejoins Sylvain Garel (Conseiller de Paris) sur la réussite de cette action. Il n’aurait pas fallu en faire plus de toute façon. Nos arrestations le prouvent. Effectivement, le parvis était infesté de catho/facho avec lesquels je n’aurai pas spécialement voulu avoir de contact. Rien qu’en entrant sur le parvis, lors de la première fouille de tous les visiteurs, deux mecs au look disons « versaillais ex boyscout » se sont fait gauler, l’un avec un rasoir 3 lames et l’autre avec un gros canif. Des accessoires rarement utiles lors d’une messe. Je suis donc aussi conscient que certains catho/facho aient pu nous repérer durant la manif de midi, et je note que la police ne nous a pas seulement persécuté, mais aussi à certains moment, protégé.