Mettons fin aux anachronismes : les discriminations, au placard !
Motion votée par les Jeunes Ecologistes
Du regard déplacé au viol, de la menace au crime, de l’exclusion au suicide, notre société produit aujourd’hui les conditions endogènes d’une violence tant symbolique que physique envers les personnes jugées « différentes », « anormales ». La normalité fantasmée est à la source de quantité de discriminations, de stigmatisations, d’amalgames, qu’ils soient ou non conscients : les femmes en mini-jupe seraient des putes, les gays des femmelettes, les lesbiennes des camionneuses, les Roms des voleurs, etc. La liste est longue de cette majorité des minorités qui n’aurait pas sa place dans la société, sous couvert de justifications morales nauséabondes.
À la suite du mouvement pour les droits civiques (1955-1968), du mouvement pour la libération des femmes (création du MLF en 1970) et du mouvement pour l’égalité des droits LGBT (émeutes de Stonewall le 28 juin 1969), il est nécessaire de poursuivre cette ouverture de la société pour mettre un terme aux oppressions. Notre société marginalise encore un nombre important d’individus, en lien avec leur genre, leur sexualité, leur couleur de peau, leurs origines, leurs modes de vie. Il est temps d’en finir avec cette tyrannie d’une norme discriminatoire pour construire un monde où chacun-e serait respecté-e pour ce qu’il-elle fait, sans préjugés sur ce qu’il-elle est.
Par cette motion, les Jeunes Ecologistes souhaitent donc réaffirmer leur combat contre toutes les discriminations et oppressions qui sont autant de freins à une société durablement pacifiée.
Non à l’homophobie et à la misogynie d’Etat !
En France, le mariage, l’adoption, l’accès aux dons (sang, organes, sperme), la Procréation Médicale Assistée (PMA) ne sont toujours pas ouverts à toutes et à tous, sans distinction d’orientation sexuelle. La transphobie n’est par ailleurs toujours pas pénalisée. Cette situation est renforcée par l’homophobie manifeste de certain-e-s élu-e-s usant d’amalgames et d’insultes pour justifier leur conception passéiste de la sexualité et de la famille.
Pire, quatre-vingt-huit Etats condamnent encore (prison, torture, travaux forcés et même peine de mort pour neuf d’entre eux) des personnes parce qu’elles sont lesbiennes, gays, ou trans [1]. Par ailleurs, de trop nombreux pays pratiquent toujours la lapidation des femmes en cas d’adultère ou d’avortement. La France doit donc engager une action diplomatique forte pour venir à bout de ces anachronismes.
Les Jeunes Ecologistes exigent une égalité totale et universelle des droits sans distinction de genre et d’orientation sexuelle.
Salaires au rabais et plafond de verre : ça suffit !
Les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes (17,5% à l’échelle européenne, en stagnation depuis plus de dix ans), 10% de moins à poste et expérience équivalents. Si l’on écarte certains facteurs non mesurées (situation familiale, domaine du diplôme, interruptions de carrière) qui résultent eux-mêmes en grandes parties de normes sexistes, on estime à 6-7% la discrimination pure à l’encontre des femmes au niveau des salaires [2]. Cette discrimination pure s’applique dans une même proportion aux hommes homosexuels par rapport aux hommes hétérosexuels (6,5% dans le secteur privé, 5,5% dans le public) [3].
L’orientation sexuelle et le genre se paient également en matière d’évolution de carrière, les femmes et les homosexuels étant trop souvent écarter des promotions internes. Ainsi, les femmes sous toujours sous-représentées dans les Conseils d’administration (20,62% pour le CAC40, 14,81% pour le SBF120), et l’Etat n’a choisi aucune femme parmi les administrateurs chargés de défendre ses intérêts au sein des sociétés dont il est actionnaire ![4]
Les Jeunes Ecologistes entendent lutter contre les discriminations au travail en réinstallant la HALDE [5], dotée de moyens financiers et humains accrus, en contrôlant davantage les entreprises (augmentation du nombre d’inspecteurs du travail), en rendant exemplaire l’administration publique (parité totale parmi les cadres dirigeants, égalité réelle des salaires) et en pénalisant fortement les entreprises sexistes et homophobes. Enfin le monde politique se devra d’être irréprochable en matière de parité par une application stricte de la loi et un passage au scrutin proportionnel.
Cette société de violence n’est pas viable !
Les femmes et les homosexuel-le-s sont les victimes quotidiennes d’une violence verbale (injures, blagues sexistes et homophobes) et gestuelle (regards et gestes déplacés) qui visent à entretenir une relation de soumission à la norme hétérosexuelle masculine. Ainsi, 24% des homosexuels disent avoir été victimes d’une agression physique homophobe au moins une fois dans leur vie [6]. Pire, les femmes sont victimes de 75 000 viols et 200 000 tentatives de viol chaque année en France. En 2009, 140 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint et 232 femmes se sont suicidées à la suite de violences conjugales. Les tentatives de suicide sont deux fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, sept fois plus fréquentes chez les jeunes gays que chez les jeunes hétéros.
Les Jeunes Ecologistes refusent que la violence ne soit considérée que lorsqu’elle est spectaculaire. Nous souhaitons la création d’un Observatoire national des violences conjugales et familiales, ainsi qu’un renforcement des campagnes de prévention et de sensibilisation sur les questions des violences et du suicide.
Changer les mentalités, pour une société durablement pacifiée !
Les violences à l’encontre des LGBTQI [7] et des femmes trouvent leur fondement dans le même logiciel, dans les mêmes reflexes acquis (réflexes conscients ou non). L’inculcation de la norme hétérocrate se fait lors de la socialisation primaire, par la famille et l’école essentiellement. Pour agir au plus tôt et au plus pertinent, pour nous attaquer aux constructions stéréotypées, il faut donc agir sur l’éducation des jeunes et la formation des adultes.
Les Jeunes Ecologistes proposent la mise en place d’un modèle éducatif garanti sans stéréotypes de genre et de sexualité : formation à une pédagogie non sexiste, refonte des programmes (rôle historique des femmes, éducation à la différence, éducation sexuelle et sensuelle, éducation à la curiosité). Nous souhaitons également un soutien accru aux études de genre en France, ainsi qu’une formation des fonctionnaires (notamment police et état civil) et des personnels médicaux sur les questions du genre et de la sexualité pour un meilleur accueil des victimes.
La pédagogie doit être l’outil primordial pour changer les mentalités, aussi nous proposons la multiplication des campagnes de prévention sur ces questions, ainsi qu’un soutien aux initiatives de la société civile (il faut cesser la casse des subventions aux associations LGBTQI et féministes !).
Plus de prévention, d’éducation et de pédagogie, pour se libérer enfin des stéréotypes !
Conclusion : pour une expression libre et respectée de son identité !
La société nous assigne aujourd’hui un genre, sur la base de critères génétiques ou physiques, et non psychiques. La sexualité doit par ailleurs s’accorder sur une norme rigide. Sexualité, sexe et genre sont ainsi ordonnés, du normal au déviant, ce qui est lourd de conséquences en terme de violence symbolique et physique. Ces stigmatisations sont autant de frontières qu’il nous faut combattre. L’individu doit pouvoir choisir librement son sexe, son genre, sa sexualité, son mode de vie, sans que la société, a fortiori l’Etat, n’ait à intervenir. Le droit de chacun-e à choisir comme il-elle l’entend sa sexualité, son genre et l’utilisation qu’il-elle fait de son corps doit être clairement affirmé (orientation sexuelle, changement de genre, contraception, IVG) !
Les Jeunes Écologistes s’engagent donc pour une société durablement pacifiée, qui reconnaît et respecte l’autodétermination des personnes. C’est cette société qu’il nous faut construire pour le IIIè millénaire !
- [1] Source : Act Up
- [2] Observatoire des inégalités, janvier 2009
- [3] Laurent T., Mihoubi F., Moins égaux que les autres ? Orientation sexuelle et discrimination salariale en France, décembre 2010
- [4] Etude de l’Observatoire Ethics & Boards, juillet 2011
- [5] HALDE : Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité
- [6] Sondage IFOP pour Têtu, 2010
- [7] Lesbienne, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe