La CNCDH joue avec le feu en montant les communautés les unes contre les autres !

Communiqué de presse des Verts du 22 novembre 2004

En adoptant, le 18 novembre 2004, un avis demandant au Gouvernement d’abandonner le projet de loi sur les propos discriminatoires, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) a cédé aux arguments des autorités de l’Eglise catholique, soucieuse de pouvoir continuer à stigmatiser librement les femmes et les homosexuels. En témoigne le choix, fait par la CNCDH, de joindre à son avis la position du Cardinal Jean-Marie Lustiger. La lecture comparée des deux documents laisse d’ailleurs penser qu’ils ont été écrits d’une même main ! La CNCDH, instance réputée indépendante, ne dit pas de qui elle est indépendante : on sait désormais de qui elle ne l’est pas !

Les Verts et la Commission Nationale LGBT des Verts tiennent à exprimer leur indignation devant cet avis, parfaitement inconséquent et irresponsable, empreint de mauvaise foi et de malhonnêteté.

 

La CNCDH prétend s’opposer à la « segmentation de la protection des droits de l’homme » supposée remettre « en cause leur universalité et leur indivisibilité ». C’est en fait la CNCDH qui segmente la protection des droits de l’homme en considérant que ce qui est inacceptable à raison de l’origine ethnique ou de l’appartenance religieuse doit être toléré quand c’est le sexe ou l’orientation sexuelle qui le motive. Les Verts rappellent qu’il ne saurait, pour eux, y avoir de hiérarchie dans la lutte contre les discriminations, et que toutes les discriminations ou les incitations à la haine doivent être également condamnées, qu’elles soient inspirées par l’origine ethnique, l’appartenance religieuse, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le handicap, l’état de santé, l’âge … Pour les Verts, il y a une universalité de la haine, qui, sous quelque forme qu’elle se manifeste, appelle les mêmes traitements : de Brahim Bouarram mis à l’eau à Sohane brûlée vive en passant par Sébastien Nouchet mis à feu, c’était la même haine qui se manifestait, même si elle prenait les visages différents du racisme, du sexisme et de l’homophobie ! Loin de partager cette optique, la CNCDH choisit d’instrumentaliser les communautés et, sous couvert de défendre un « universalisme » qui n’en a que le nom, elle joue à monter les communautés les unes contre les autres : aux uns, elle dit qu’ils sont respectables et qu’il faut les défendre, aux autres elle dit qu’elle est déterminée à se battre pour qu’on puisse les injurier en toute liberté !

Aux membres de la CNCDH qui ont écrit qu’« il n’est pas démontré que l’orientation sexuelle d’une personne ou d’un groupe d’individus génère une vulnérabilité nécessitant une protection spécifique de l’Etat », les Verts rappellent que c’est bien le slogan « les pédés au bûcher », proféré lors de la manifestation de Mme Boutin en janvier 1999, qui a conduit à la mise à feu de Sébastien Nouchet en janvier 2004. Que c’est bien « Sale pédé, on va te refaire la gueule » qui a servi de prélude à la lente défiguration de David Gros à Marseille, durant l’été 2004. En considérant que l’orientation sexuelle n’est pas la cause de ces agressions, la CNCDH fait preuve d’une complaisance inacceptable à l’égard des bourreaux des personnes LGBT, et d’une indifférence scandaleuse à l’égard des victimes.

La CNCDH motive son avis en s’appuyant sur les déclarations de M. Lustiger, érigé en grand défenseur de la liberté de la presse : cet attachement de l’Eglise à la liberté de la presse laisse rêveur … Plus sérieusement, les Verts rappellent qu’on ne peut considérer que l’injure ou la diffamation en raison de l’orientation sexuelle serait une opinion tolérable et qui doit pouvoir s’exprimer librement, cependant que l’injure ou la diffamation en raison de l’origine ethnique ou de l’appartenance religieuse serait un délit. La suite logique du raisonnement de la CNCDH consisterait à abroger les législations réprimant l’injure ou la diffamation à caractère raciste, puisque réprimer la provocation à la haine est supposé être attentatoire à la liberté d’expression. La CNCDH propose-t-elle d’en arriver là ? Loin de là, elle a confirmé, dans un avis du 2 mars 2000, que les dispositions concernant les provocations à la discrimination, les diffamations et les injures à raison de l’origine ethnique ou de l’appartenance religieuse n’étaient pas attentatoires à la liberté de la presse. On voit mal comment ces dispositions, transposées à l’identité sexuelle ou à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle ou au handicap, deviendraient attentatoires à la liberté de la presse. La CNCDH , toute à son désir d’autoriser les sexistes et les homophobes à s’exprimer, ne craint pas de se contredire !

La CNCDH conclut son avis en rappelant que c’est par l’éducation et la pédagogie qu’il faut lutter contre le sexisme et l’homophobie. Dont acte ! Au passage, les Verts regrettent que la CNCDH n’ait pas profité de cet avis pour demander au Gouvernement où en sont les projets de formation spécifique un moment envisagés par le Ministre de l’Education, et visiblement passés aux oubliettes. Mais surtout, il est curieux que l’éducation, en matière de sexisme et d’homophobie, lui semble incompatible avec la répression des appels à la haine et à la violence. Le message qu’elle adresse à ceux envers qui elle entend faire preuve de pédagogie est inadmissible et dangereux : le sexisme et l’homophobie, leur dit-elle, sont des opinions respectables ! La vérité, c’est que la CNCDH n’est prête à accepter, en matière de lutte contre le sexisme et l’homophobie, que les mesures qui ne coûtent rien, n’engagent à rien, et resteront sans lendemain !

Les Verts

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