La transition écologique et solidaire : un nouvel horizon économique
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La Région va désormais pouvoir faire plus pour l’économie. C’est, pour les écologistes, une opportunité pour lutter contre les crises qui frappent nos territoires : le manque d’emploi, les inégalités sociales record, la dégradation de l’environnement, de l’air que l’on respire et de l’eau que l’on boit, la mal-bouffe, le changement climatique dont les effets se font déjà sentir…

La Région doit prendre la responsabilité de réorienter une économie à bout de souffle, destructrice de notre environnement et génératrice de pauvreté : on ne réglera pas la question du climat sans régler celles de la pauvreté, des inégalités et donc du chômage.

L’économie doit être mise ou remise au service de finalités humaines, sociales et écologiques. Les écologistes sont en prise avec la réalité. Ils n’ignorent pas la finitude des ressources naturelles et ne croient donc pas dans l’hypothèse d’une croissance illimitée dans un monde fini. Ils savent en particulier que le « règne du digital » qui entretiendrait l’illusion d’une croissance magique, non seulement tue l’emploi et les relations humaines, mais n’est pas durable d’un point de vue énergétique. Ils placent leur engagement au service des générations présentes et futures en anticipant une économie qui puisse fonctionner en équilibre avec la nature, sans croissance, au lieu de faire croire à son retour hypothétique à coup de beaucoup sacrifices sociaux et d’un peu de technologie. L’économie doit intégrer les limites planétaires, les enjeux globaux, être au service d’une vie meilleure.

L’ambition des écologistes pour la Région Centre – Val de Loire est de mener à bien la transition écologique des économies de son territoire.

Pour cela, il nous faut transformer les systèmes énergétiques et de transports, le parc bâti, l’industrie et l’agriculture de façon à renforcer l’efficacité énergétique globale, réduire la demande de services énergétiques et promouvoir des processus de production circulaire. La réorientation et l’accroissement des investissements dans les infrastructures et les techniques bas-carbone et robustes vis-à-vis des dommages climatiques est la clé de sa réussite.

Dépasser les contradictions d’une croissance créatrice d’emploi à court terme mais destructrice sur le long terme exige de nouveaux arbitrages et une autre relance fondée sur : la qualité et soutenabilité de la production, le partage équitable du travail, la réduction des inégalités et de la précarité, le développement de l’usage plutôt que la possession, la sobriété énergétique. Pour nous l’environnement n’est pas secondaire ou une option par rapport à l’emploi : choisir l’environnement c’est choisir l’emploi.

A l’utopie du plein emploi, les écologistes préfèrent le travail qui ne manque pas dans une économie relocalisée, diversifiée et résistante aux fluctuations boursières.
A un système où seul le gagnant de la compétition rafle la mise, les écologistes préfèrent la coopération, le partage et l’équité.

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La transition écologique vers l’économie de demain

1) Les Etats Régionaux de la Transition Ecologique et Sociale :

Dès 2016, des Etats généraux, sous l’impulsion des élus régionaux, définiront collectivement les contours de l’économie régionale de demain avec les acteurs de l’économie, les associations et les syndicats. Ce travail collectif tracera les lignes directrices du nouveau schéma de développement économique régional qui devra être adopté avant fin 2016. Il fixera un horizon commun à cette stratégie, la base sur laquelle seront définis les nouveaux dispositifs régionaux d’aides aux entreprises.
2) Des Maisons des Circuits courts et de l’Économie locale :

Pôles d’animation et de soutien aux initiatives de l’économie locale, véritables incitateurs et incubateurs de projets, elles seront les postes avancés de la transition de l’économie, au plus près des porteurs de projets. À travers elles, la Région stimulera la mise en œuvre de la relocalisation, de la transformation collaborative et de la diversification de l’activité économique au sein de chaque bassin de vie.
3) Des Territoires à Energie Positive (TEPOS) :

En s’orientant vers une stratégie énergétique fondée sur l’efficacité dans le fonctionnement, la sobriété dans les usages et les énergies renouvelables, c’est un surplus de 10 000 emploi d’ici 2020, 25 000 d’ici 2030 qui peuvent être créés dans notre région par rapport à aujourd’hui. En comparaison, l’industrie nucléaire régionale, hyperlocalisée, occupent actuellement 5 000 emplois permanents et de 2 à 8 000 temporaires, moins de 1% de l’emploi régional.
Les habitants doivent être les premiers bénéficiaires de la transition énergétique. Chaque Contrat Régional de Solidarité Territoriale devra comporter un volet Territoire à Energie Positive, représentant au minimum 20 % de l’enveloppe afin d’atteindre l’autonomie énergétique du territoire en 2050. La participation citoyenne est la clé de la réussite des projets énergétiques locaux : les coopératives citoyennes de production d’énergies renouvelables seront soutenues dès les études préalables, puis par abondement équivalent à l’apport citoyen.
4) La transition agricole :

En association avec Terre de Liens, la Région, très en retard sur la moyenne nationale, cherchera à devenir un acteur de l’aménagement des terres agricoles, en aidant des agriculteurs indépendants à trouver des terres, en favorisant les exploitations de petite et moyenne taille afin de restaurer la variété de la production à l’échelle des bassins de vie.
C’est en effet la condition nécessaire pour recréer des circuits courts : présence locale d’une grande variété de produits agricoles. L’agriculture paysanne et biologique est créatrice d’emplois, deux fois plus que l’agriculture conventionnelle.

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La transition écologique de l’économie au quotidien

5) La première vice-présidence à la Transition écologique et sociale :

La transition s’écrit dès aujourd’hui, à plusieurs mains mais l’ampleur des enjeux de la transition de l’économie régionale nécessite aussi un engagement fort de l’exécutif régional. Nous instaurerons une première vice-présidente à la Transition écologique et sociale.
6) Les contrats de transition : investir pour la région et la planète

La nouvelle donne sociale, économique et environnementale exige de nouveaux objectifs communs et une coresponsabilité entre acteurs. Le rôle de la région est alors d’orienter, d’encourager et de renforcer la coopération plutôt que diriger l’action économique, c’est le sens des contrats de transition que nous souhaitons mettre en place et qui prendront deux formes :

  • un accompagnement « transition » indépendant qui pourra aussi se greffer sur des accompagnements classiques remaniés pour être plus efficaces (garantissant notamment  «l’effet levier» des aides) et adaptés au parcours de développement de l’entreprise (création, développement, formation, innovation, recherche)
  • des contrats de transition par filières, notamment dans le bâtiment, l’agriculture, les énergies renouvelables, les filières industrielles liées à la gestion et au recyclage des déchets. Ils pourront porter sur la formation, l’investissement collectif, l’innovation, les études stratégiques et de faisabilité, des actions de développement

7) Conditionnalités sociales et environnementales des aides :

Les financements seront conditionnés à des avancées sociales et environnementales précises et contrôlables. Un réseau d’accompagnateurs sera formé pour aider les entreprises à entrer dans cette démarche et à construire leur engagement. Par exemple, les aides à l’isolation des bâtiments seront conditionnées à l’utilisation de matériaux biodégradables.

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Relocaliser l’économie

8) Avec l’économie circulaire, l’avenir de l’industrie, c’est l’écologie :

C’est l’ensemble de l’appareil de production qu’il convient de verdir pour en assurer la pérennité : c’est l’objectif de l’économie circulaire visant à assurer une réduction considérable des prélèvements sur les ressources naturelles et à rendre nos industries moins fragiles face à la fluctuation du prix des ressources, notamment énergétiques.
Il faut considérablement diminuer l’empreinte environnementale des productions. Et cela nécessite une recherche et une innovation de pointe ciblée sur cet objectif. Nous définirons une stratégie régionale de l’économie circulaire avec l’ambition d’y créer de 5 à 10 000 emplois. Ces solutions aideront les entreprises à faire des économies, à réduire leurs besoins et leur dépendance entraînant des bénéfices à la fois opérationnels et stratégiques pour l’industrie et lui apportant des gains de compétitivité.
9) Soutenir l’économie sociale et solidaire (ESS) :

L’ESS représente 10% des emplois dans notre région, emplois non délocalisables et s’inscrivant dans une perspective de solidarité. Dans certains territoires ruraux, elle peut représenter jusqu’à 30% des emplois.

  • pour soutenir son développement, nous porterons la part des aides qui lui sont affectées à 30% du budget régional de l’économie.
  • nous soutiendrons le développement des Projets Territoriaux de Coopérations Economiques, issus de la loi Hamon, à la fois par une aide à l’émergence de ces projets, complémentaire de celle de l’Etat, et pour consolider leur modèle économique à plus long terme
  • nous soutiendrons l’emploi associatif en consolidant le dispositif Cap’asso, par des financements pluriannuels, par la mise en place d’une caisse de mutualisation pour venir en aide face aux difficultés de trésorerie

10) Relocalisation des activités financières permettant de financer l’économie régionale réelle : nous créerons un fonds régional d’investissement pour la transition mobilisant l’épargne citoyenne. À travers une Banque Publique d’Investissement Régional, la Région soutiendra par micro-crédits l’activité économique locale tournée vers la transition écologique.
11) Soutenir un modèle économique adapté à la réalité des territoires ruraux :

L’économie rurale n’a pas les mêmes ressorts que l’économie des centres urbains, qui concentrent la plupart des activités. Il y a pourtant un avenir économique pour ces territoires qui s’appuie sur une économie relocalisée, une économie de transformation locale et une économie solidaire (représentant parfois jusqu’à 30% des emplois actuels). L’économie numérique peut aussi s’installer dans ces territoires, dès lors qu’ils sont équipés de manière égale avec les territoires urbains : Très Haut Débit, lieux de coopération. L’agriculture paysanne pourra être développée par la mise en œuvre des Projets Alimentaires Territoriaux.
12) Soutenir les expérimentations de monnaie locale :

Se réapproprier la monnaie est un moyen pour dynamiser les échanges locales au bénéfice des populations, relocaliser les activités et soutenir les nouvelles formes d’activités associant économie et social. Les monnaies complémentaires permettent de privilégier l’usage local de revenus issus d’une production locale et orienter la consommation de manière à la rendre plus responsable.

  • lancer une étude de faisabilité pour la conception de plates-formes régionales autofinancées de monnaies complémentaires au sein d’un réseau inter-entreprises.
  • réfléchir à la mise au point d’une monnaie affectée à la formation professionnelle des demandeurs d’emplois puis l’expérimenter en lien avec le compte personnel de formation
  • expérimenter une monnaie facilitant l’accès au crédit et l’initiative économique auprès du réseau des micro-entrepreneurs de l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) ou autre structure IAE (insertion par l’activité économique)

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Financer la transition

13) Pour financer la transition écologique et sociale :

La perception par les régions de 50% (contre 25% aujourd’hui) de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à partir de 2017 permettra de dynamiser rapidement cette ambition (50% du surplus de recettes orientés vers la transition). Nous réorienterons les aides économiques qui n’ont pas d’effet levier vers la transition écologique.

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Recherche et innovation au service de la transition

Face aux défis sociétaux et à la nécessité de stimuler la transition écologique de l’économie, il y a un besoin de renforcer les liens entre sciences et société, et de favoriser la coopération entre chercheurs et citoyens.

14) Créer un dispositif de financement de projet sur le modèle des PICRI de l’Ile de France, (Partenariats Institution Citoyens pour la Recherche et l’Innovation) pour financer des projets de recherche d’intérêt sociétal, associant laboratoires de recherche publique et acteurs non lucratifs de la société civile et encourageant ainsi la participation des citoyens aux réflexions sur les enjeux de société.
15) Sanctuariser des crédits pour l’innovation en faveur de la transition écologique de l’économie et lancer des appels à projet en direction des laboratoires de recherche et des entreprises. Identifier des Domaines d’Intérêt Majeur (DIM), permettant d’inciter les acteurs scientifiques à se regrouper et à coopérer autour de secteurs clefs. Par exemple, dans le domaine agricole : alimentation, agro-écologie, semences population ; dans le domaine de la santé : impact des nouveaux environnements sur le corps,…
16) Aider à l’innovation responsable pour les TPE et PME en encourageant les coopérations et les créations d’entreprises innovantes, mais aussi en soutenant leurs possibilités de déposer des brevets.
17) Dans le cadre des appels à projets et des financements de la région, refuser de financer les projets qui impliquent de l’expérimentation sur les animaux.

Fiche transition éco MEP