La campagne
Enseignant un métier en voie de disparition ?
Luc Chatel souhaiterait pallier au problème du remplacement des enseignants en employant des étudiants ou des retraités.
Il est paradoxal de voir qu’un ministre semble considérer l’enseignement comme une compétence naturelle alors que nous vivons dans une société où la complexité des connaissances accumulées depuis des siècles nécessite plus que jamais des médiateurs compétents et bien formés pour permettre l’appropriation de ces savoirs par les jeunes générations. Il est paradoxal de voir que le nombre d’élèves qui quittent l’école sans qualification est en constante augmentation, que l’absentéisme devient un vrai fléau pour certains établissements, qu’enseigner ne peut plus se réduire à une simple transmission, que l’avenir de notre planète a besoin de citoyens éclairés et conscients des limites à respecter dans nos rapports à la nature, que l’avenir de l’humanité a besoin de citoyens acculturés aux valeurs de solidarité, de tolérance et de justice sociale et de voir qu’un gouvernement envisage de réduire à une peau de chagrin la formation des futurs enseignants.
il est aussi entendable que des parents soucieux de la formation scolaire de leurs enfants s’inquiètent de la nécessité d’assurer une continuité pédagogique lorsqu’un enseignant est absent sur une longue période. Mais pourrait-on enfin envisager autrement que de façon comptable les solutions aux problèmes réels que connait le fonctionnement actuel de l’enseignement scolaire ? Si il faut constituer une réserve de remplaçants pour pallier aux absences légitimes d’enseignants malades ou en formation, ne peut-on pas envisager de renforcer et diversifier les expertises et concevoir des professionnels polyvalents, non pas sans formation, mais au contraire avec une double formation à deux métiers différents qui permettraient de trouver une certaine flexibilité selon les nécessités des différentes institutions publiques et les aspirations des personnes tout au long de leur vie? La formation professionnelle pourrait être un levier efficace de la formation polyvalente des citoyens y compris au niveau régional.
La formation polyvalente des enseignants (mais aussi d’autres professions) permettrait également de répondre à des questions aujourd’hui posées à la formation des enseignants : ne pas enfermer les enseignants dans une seule connaissance disciplinaire, avoir des enseignants qui ne sont plus seulement des missionnaires de la république mais qui soient en résonnance avec la vie économique, culturelle et associative qui nourrit aussi les élèves auxquels ils ont un savoir à transmettre.
Martine Alcorta, Maitre de Conférences en Psychologie et candidate Europe Ecologie