La campagne
Europe Ecologie à Cadaujac et Ayguemortes-les-graves
Samedi 20 février, candidats et militants se sont déplacés au sud de Bordeaux, pour manifester à nouveau leur opposition aux projets actuels de lignes à grande vitesse (LGV) et proposer la vision d’Europe Ecologie Aquitaine en matière de transports ferroviaires, une vision d’avenir, porteuse de développement local des territoires et respectueuse des populations et de l’environnement.
Ils se sont d’abord retrouvés à la gare de Cadaujac où ils n’ont pu que constater l’état de délabrement avancé de l’infrastructure.
- Une immense flaque d’eau accueille les visiteurs sur le parking en terre.
- L’entrée est murée et il faut passer sous un grillage pour entrer.
- La passerelle métallique d’accès aux voies est impraticable pour les personnes à mobilité réduite.
- Surtout, les horaires des trains ne correspondent absolument pas aux rythmes scolaires ou de travail.
Puis, lors d’une réunion publique à Ayguemortes-les-graves à l’invitation de son maire, plus de 120 personnes, parmi eux des élus locaux dont le conseiller général Bernard Fath ont écouté les propositions d’Europe Ecologie Aquitaine.
Il ressort de leurs interventions que :
- Europe Ecologie Aquitaine est et a toujours été favorable aux trains, mais pas aux deux lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Hendaye.
- Les Verts travaillent sur le dossier « transports » depuis longtemps. Ils n’ont eu de cesse de proposer la réhabilitation des voies existantes depuis de nombreuses années. Malheureusement, les projets LGV sont les seuls à l’ordre du jour des institutions. Aucune politique de rénovation des voies n’est en projet.
Europe Ecologie Aquitaine s’oppose aux LGV car ce projet est :
Ruineux : Il coûtera 640 millions d’euros à la région Aquitaine, soit la moitié de son budget annuel (1,2 milliards). Il va endetter la région et bloquer une part importante du budget qui ne sera donc pas utilisé à d’autres fins. D’ailleurs, il suffit de comparer le budget alloué aux TER pour toute l’Aquitaine : 260 millions, avec celui alloué aux deux LGV : 640 millions…
Destructeur : Les deux LGV font deux nouvelles saignées importantes sur notre territoire et constituent une atteinte inacceptable à l’environnement. Premièrement, ces nouvelles lignes vont défigurer des paysages, entraîner des expropriations et constituer de nouvelles nuisances pour les populations riveraines. Deuxièmement, ce projet porte atteinte à la biodiversité en traversant des zones naturelles à la richesse inestimable. Et dire que 2010 est déclaré « année de la biodiversité » !
Inutile : Des études complémentaires ont prouvé que des projets alternatifs (rénovation des voies existantes pour permettre le passage à 220 km/h) aboutissaient au même résultat.
- Réaliser les LGV, c’est mépriser les territoires. En effet, aucune desserte locale n’est prévue. Les promoteurs du projet nous mentent lorsqu’ils affirment que les LGV permettront d’accroître l’activité économique et le développement local. Les aquitains ne feront donc que regarder passer des trains qui ne s’arrêtent pas. Ce projet ne profitera qu’aux grandes métropoles de dimension européenne (Bordeaux, Toulouse, Madrid). Les projets LGV se situent dans la même logique que le démantèlement actuel des services publics dans notre pays : fermeture des bureaux de poste, des tribunaux, déserts médicaux…Europe Ecologie Aquitaine considère au contraire que l’avenir, c’est le développement local, le maillage des territoires.
- Les écologistes ne sont pas « toujours contre ». Au contraire, ils proposent un projet de société, alternatif au projet de société actuel qui est élitiste et peut se résumer dans la formule : « Toujours plus ». Europe Ecologie Aquitaine propose la rénovation des voies pour que les trains puissent passer à 220 km/h. C’est la seule solution qui permette réellement de créer des emplois et d’accroître l’activité économique. Il faut notamment protéger les terrains agricoles car il faut relocaliser l’économie alors que les SAFER vendent moins chers les terrains agricoles aux lotisseurs qu’aux agriculteurs. C’est un scandale auquel nous entendons nous opposer par la création d’établissements publics fonciers régionaux et par le développement de la formation professionnelle des agriculteurs. En plus de permettre le maintien d’activités économiques locales et de contribuer à l’aménagement du territoire, l’agriculture locale favorise les circuits courts (échanges de proximité entre le producteur et le consommateur), ce qui signifie moins de transports et moins d’empreinte écologique. En bref, les projets de LGV sont rétrogrades et témoignent d’une vision de la société que nous souhaitons faire évoluer.
- Les projets de LGV sont élitistes : aller de Bordeaux à Bilbao en 1heure 30 ne sert à rien si on doit mettre 3 heures pour traverser son département en train ! C’est le transport au quotidien qui doit être amélioré et qui procurera une véritable amélioration du bien-être des aquitains. De plus, les billets de train pour voyager sur ces nouvelles voies seront d’un prix prohibitif, ce qui augmentera l’attractivité des vols à bas coûts sur ces destinations. Ceci est totalement contraire à l’objectif de réduction des gaz à effet de serre.
Enfin, plusieurs questions dans la salle ont permis de mettre en lumière notamment le large déficit démocratique dans le processus de décision qui entoure ce projet. Monsieur le professeur Simon Charbonneau parle à ce propos de « pipeau ». Tout projet qui risque de porter atteinte à l’environnement doit faire l’objet d’une étude d’impacts. Celle-ci s’accompagne d’un débat public permettant à toute personne intéressée de faire valoir son point de vue. Or, on constate que le débat public n’est qu’un leurre de démocratie puisque les décisions ont déjà été prises, dans le dos des habitants et qu’on leur propose seulement d’avaliser les tracés choisis.
Dans l'après-midi, candidats et militants sont allés à la rencontre de Bérengère Quellien De Granvilliers, viticultrice au Château Lusseau. Elle réalise actuellement sa conversion en bio et sa prochaine récolte aura le label bio. Elle est aidée par les diverses institutions à hauteur de 2000€ sur cinq ans, soit une bagatelle... Pourtant, se convertir au bio relève d'un véritable engagement. En effet, sans produits chimiques, les vignes sont davantage soumises aux aléas climatiques, aux maladies et champignons.
Par ailleurs, elle nous explique qu'après avoir été impactée par la nationale, puis l'autoroute Bordeaux-Langon, son terrain sera impacté par le passage de la LGV. Sa propriété se trouvera donc « cernée » sur trois de ses quatre côtés. Personnellement, elle explique que ce n'est pas sa vigne qui sera détruite mais une zone humide à la limite de Saint Selve. On sait que ces zones sont de moins en moins nombreuses du fait de l'urbanisation et des infrastructures. Encore une zone riche en biodiversité qui va se trouver vouée à la destruction.