Après l'éclairage à la bougie, le retour aux tortillards à vapeur ? On caricature la position des Verts Aquitaine en les présentant comme fondamentalement opposés au TGV. En réalité, notre opposition porte sur les projets de nouvelles Lignes à Grande Vitesse en Aquitaine. Les partisans des LGV n'hésitent pas, eux, à multiplier les promesses aux Aquitains : plus de mobilité, plus de fret ferroviaire, plus de TER, plus de développement, plus d'emplois... Remarquons que ces mêmes partisans des LGV ne sont pas à une incohérence près, puisqu’ils sont aussi favorables à la construction des autoroutes A65 Bordeaux-Pau et A63 Bordeaux-Bayonne, et sont d’ardents défenseurs du développement du trafic low cost des aéroports de Bordeaux-Mérignac, de Bergerac, ou de Pau…

Loin de ces contradictions, les Verts Aquitaine ont toujours privilégié, pour les transports, l’aménagement d'infrastructures existantes à de nouveaux projets qui ont des impacts environnementaux, sociaux, mais aussi financiers, souvent très lourds. C’est d’ailleurs pour cette raison, que nous proposions un aménagement de la route existante Langon-Pau comme alternative à l’autoroute A65 et ce, d’autant plus, que le trafic escompté de cette dernière, sera nettement insuffisant pour assurer sa rentabilité financière et obligera la région à assumer le déficit.

Dans le cas de la LGV entre Bordeaux et l'Espagne, sur le trajet Bordeaux-Bayonne, la nouvelle ligne LGV ne fera gagner qu'une dizaine de minutes par rapport à la ligne existante rénovée ! Deux études indépendantes ont montré la possibilité d'aménager et de moderniser les lignes existantes pour le trafic voyageurs et le fret ferroviaire. Ces lignes permettraient de répondre, pour les décennies à venir, à l’augmentation du trafic des TGV qui pourront y rouler jusqu’à 220km/h, des TER et des trains de marchandises.

Il faut dire la vérité aux Aquitains : il sera impossible à la région Aquitaine de consacrer 640 millions d’euros à la construction des LGV, et tout à la fois de financer la rénovation totale du réseau ferré secondaire où circulent les TER, réseau laissé à l’abandon depuis des années. Nous demandons aussi la réouverture de lignes comme Blaye-St Mariens, d'en électrifier d'autres, comme Morcenx-Mont de Marsan, de poursuivre le renouvellement des TER, de rouvrir et moderniser des gares, de renforcer les protections phoniques, etc. Tant et tant de choses à faire que la Région ne pourra financer si elle est lourdement endettée pour les années futures avec les LGV...

Un tel investissement compromet ainsi durablement les possibilités d'améliorer les transports régionaux, de mieux desservir les villes moyennes et les territoires ruraux de notre région. Des choix cruciaux sont à faire :

• gagner quelques minutes avec les LGV entre les grandes villes, à des coûts sociaux, environnementaux et financiers disproportionnés ou bien permettre aux Aquitains de mieux se déplacer en TER, à un coût raisonnable, notamment pour leurs trajets domicile-travail ;

• favoriser uniquement le développement des grandes métropoles desservies ou bien irriguer tout le territoire aquitain et contribuer ainsi à un aménagement du territoire harmonieux.

Pour notre part, nous n’avons aucune hésitation ! Aussi, les Verts et Europe Ecologie Aquitaine entendent replacer l’enjeu ferroviaire au cœur du service public avec un plan rail régional ambitieux, offrant un réseau de proximité, axé sur l’efficacité et la régularité des TER, le report du transport de marchandises de la route vers le rail et la coordination des différents modes de transports entre eux.

Laure Curvale, Secrétaire régionale des Verts Aquitaine