ORGANISER la transition énergétique
La grande affaire des années à venir.
La précarité énergétique touche 15 à 20% des ménages de la métropole lilloise. La facture énergétique de notre territoire ne cesse de s’alourdir. Ménages, entreprises, collectivités publiques nous dépensions 2,7 milliards d’euros en 2007 pour acheter du pétrole, du gaz, de l’électricité. En 2012 cette facture s’établit à 3,14 milliards, elle sera de 4,5 milliards en 2020 et pourrait s’envoler à 9 milliards en 2050.
Ces chiffres donnent le vertige, mais ils situent parfaitement le défi qu’il y a à se saisir politiquement à l’échelle de notre territoire, de la question de l’énergie. Les enjeux sont sociaux, économiques et écologiques. Une part croissante de familles n’arrive plus à faire face à ses factures d’énergie. La performance de notre territoire est affaiblie avec une part là aussi croissante de la richesse produite ici qui sert à payer une énergie qui vient d’ailleurs. Enfin, la lutte contre le réchauffement climatique, nous oblige aussi à revoir notre dépendance aux énergies fossiles.
La loi «Métropoles» adoptée en janvier 2014 donne à Lille Métropole un rôle nouveau dans la définition de sa future politique énergétique. Nous espérons que la loi de transition énergétique attendue pour la fin de cette année renforcera encore cette impulsion. Dans un pays jacobin où la question de l’énergie reste l’affaire des grandes entreprises publiques c’est une vraie révolution qui s’annonce. Le plan climat voté par Lille Métropole le 18 octobre 2013 propose une feuille de route qu’il convient de mettre en oeuvre.3 objectifs :
1. Engager LMCU dans une transition énergétique attractive et équitable.
2. Fixer un cap ambitieux à la transition énergétique afin d’apporter une réponse pérenne au problème de l’emploi dans la métropole et pour l’amélioration de la qualité de la vie.
3. Redonner à nos territoires la maîtrise de leurs énergies.
Faire de Lille métropole, l’autorité des réseaux de distribution de l’énergie pour la chaleur, le gaz et l’électricité.
La fragmentation de l’autorité publique est aujourd’hui une donnée fondamentale de la boîte noire de la gouvernance des enjeux énergétiques. Notre territoire n’échappe pas à cette réalité qui fait avant tout le jeu des monopoles publics et privés : ERdF, GRdF, Dalkia.
Pour les concessions sur la distribution de l’électricité nous avons 2 syndicats intercommunaux : le SIMERE (Syndicat de communes pour les réseaux de transport et de distribution d’énérgies - 68 communes), la FEAL (fédération d’électricité de l’arrondissement de Lille), les 10 plus grandes communes de Lille Métropole qui concèdent chacune en directe leur réseau à ERdF et enfin Loos dispose de sa propre Régie.
Pour le gaz, 17 communes concèdent de façon indépendante leur réseau à GRdF. Pour les autres c’est encore le SIMERE qui est le pouvoir concédant.
Pour la chaleur, il y a 9 communes qui disposent sur leur territoire d’un réseau de chaleur. 8 d’entre elles le confient à Dalkia (Véolia).
Cette atomisation au niveau des communes (propriétaires des réseaux au regard de la loi) et des syndicats intercommunaux ainsi que la comptabilité du concessionnaire à un niveau géographique supérieur, mais compatible avec son monopole, interdit une vraie gouvernance stratégique de l’énergie.
En effet, les investissements à réaliser sur la maintenance et le développement des réseaux de distribution de l’énergie et sur l’origine de l’énergie distribuée comptent pour plus de 40% du prix de l’énergie. Le rapport de force est complètement déséquilibré au profit d’entreprises en situation de monopole qui ne respectent pas le droit commun des concessions et ont face à elles des collectivités qui gèrent sans les moyens pertinents. L’intérêt des monopoles, n’est pas l’intérêt
des citoyens consommateurs.
Lille Métropole est le bon périmètre pour faire contre poids à ces acteurs et en donnant de la cohérence aux investissements de maintenance ou d’extension qui dépassent forcement les limites communales et en organisant la coopération intercommunale nécessaire à l’animation du territoire.
Réduire notre consommation d’énergie.
Le résidentiel, le transport de personnes, le tertiaire et l’industrie représentent 80% de nos consommations d’énergie dans la métropole. L’habitat avec 28,8% des consommations est la cible sur laquelle il faut prioritairement concentrer les moyens.
A cette fin, nous créerons un système d’animation spécifique pour coordonner la mobilisation des ressources opérationnelles sur les projets de transition énergétique. Ainsi :
- Nous mettrons en place un dispositif simple garantissant aux propriétaires une rénovation performante et une maîtrise des coûts, grâce à la formation et à l’accompagnement sur chantier de groupements d’artisans.
- En articulation avec le plan 100 000 logements du Conseil Régional nous proposons la réhabilitation énergétique de 50 000 logements d’ici 2020, parmi les plus énergivores. C’est un enjeu de pouvoir d’achat pour les ménages et d’emploi pour la filière du bâtiment.
- Les financements communautaires bonifieront l’habitat à très faible consommation (habitat passif) et l’usage d’écomatériaux. Le niveau BBC rénovation sera visé comme un minimum à atteindre lors des travaux de rénovation complète pour recevoir des aides.Les prochains décrets d’obligation de rénovation énergétique pour les bâtiments tertiaires sont une réelle opportunité pour améliorer les performances énergétiques du patrimoine tertiaire, diminuant les charges locatives et créant une activité non délocalisable dans le secteur du bâtiment. Lille Métropole par des concours, des appels à projets mènera une politique spécifique pour la rénovation de cette typologie de patrimoine.
En matière de transport de personnes, l’objectif de part modale de la voiture à 35% (contre 54% en 2007) doit être tenu pour réduire notre addiction au pétrole. Cet objectif pourra être atteint uniquement en renforçant la densité autour des stations de transports collectifs : gare, métro, tram, liane et en renonçant à tout nouveau projet routier : contournement sud-est de Lille (CESL), échangeur de Templemars.
Parallèlement, afin de soutenir l’innovation et la coordination des politiques des différents acteurs, une agence des mobilités, incluant la gestion du stationnement et la coordination en matière d’aménagement des horaires, sera créée.
Création d’une Agence Locale de la Transition Énergétique.
Le développement et la mise en oeuvre de travaux exemplaires nécessitent des changements et passent obligatoirement par un accompagnement fort des professionnels (formation, suivi de chantier, vérification de la qualité des travaux) et des territoires (conseil en énergie auprès des communes sur leurs politiques énergétiques et leurs plans de déplacements) pour les aider à modifier leurs pratiques. Pour une meilleure efficacité et une mise en cohérence de l’ensemble de ces dispositifs, nous proposons en complément de la Maison de l’Habitat Durable et du réseau des Espaces Infos Énergies, la création d’une Agence Locale de la Transition Énergétique.
Cette Agence Locale de la Transition Énergétique mettra à leur disposition ses compétences en matière de conseils, d’accompagnement technique et d’appui à la maîtrise d’ouvrage. Cette structure sera relayée sur l’ensemble du territoire.
Un schéma métropolitain de développement des énergies renouvelables.
Après la maîtrise des réseaux de distribution de l’énergie, la réduction de nos consommations, le développement des énergies renouvelables sera le troisième pilier de la politique énergétique de Lille Métropole. La production d’énergies renouvelables est aujourd’hui faible, elle se développe au rythme du marché et des incitations des politiques nationales ou communales. Il n’y aucune stratégie territoriale.
Il faudra donc activer l’ensemble des leviers. L’extension des réseaux de chaleur et leurs interconnexions nous permettront de valoriser la biomasse, la géothermie. Le solaire représente un potentiel important et l’éolien est possible pour des zones d’activités. Ainsi, un cadastre des potentiels de productions issues des énergies renouvelables sera établi.
L’implication des citoyens dans la transition énergétique doit également être une priorité (lieux d’interaction, association des citoyens aux décisions, portail d’information, lieux d’accompagnement des initiatives citoyennes, assistance juridique et conseil). Ainsi, Lille Métropole, s’appuyant sur l’association S.O.L.I.S., structure d’animation régionale, facilitera les conditions de mobilisation de l’épargne citoyenne locale pour de l’investissement dans des coopératives de production d’énergies renouvelables.
Un territoire qui anticipe et s’adapte.
Les négociations internationales sur le climat visent à limiter le réchauffement climatique à 2°C… Il est donc important d’anticiper l’augmentation des températures et des épisodes caniculaires pour adapter la métropole Lilloise en conséquence.
Dans les grandes villes, l’effet «d’îlot de chaleur urbain» crée des chaleurs étouffantes nuit et jour et devrait encore s’accentuer. C’est pourquoi certaines mesures doivent d’ores et déjà être prises pour lutter contre ce phénomène.
LA LOI METROPOLES DONNE A LMCU UNE COMPÉTENCE NOUVELLE EN MATIERE D’ENERGIE.
Elle doit désormais se doter d’une véritable «Autorité organisatrice de l’énergie», afin de rétablir le pouvoir de la collectivité publique sur la gestion des réseaux de distribution et établir une démocratie énergétique
Cette démocratie dépend de cinq conditions :
Deux conditions d’exercice du droit commun des concessions par l’AODE) :
- Le contrôle technique de l’efficacité du service de distribution.
- Le contrôle financier des comptes à l’échelle de la concession.
Trois conditions d’animation territoriale associant les communes :
- La planification des réseaux des opérations d’aménagement.
- Les opérations de maîtrise de la demande sur les réseaux existants.
- La constitution et la consultation de comités d’usagers particuliers et professionnels.