Accueil Le projet Une métropole active, vivante et solidaire Développer l’accès à la culture

Développer l’accès à la culture

Parce qu’elle participe d’un droit émancipateur, parce qu’elle suscite l’échange, explore l’altérité, parce qu’elle répond à des besoins fondamentaux tels que la sensibilité, la recherche de sens, la créativité, la culture occupe une place centrale au cœur de notre projet politique.
Face à un modèle consumériste à bout de souffle, la culture devient la condition indispensable pour imaginer et raconter le XXIe siècle.

La culture, le territoire et la fête.

Aujourd’hui l’intervention culturelle de LMCU – à l’exception historique du LAM de Villeneuve d’Ascq – est marginale, ne s’inscrit pas dans une intention politique claire, participe souvent de l’injonction lilloise ou d’une dynamique événementielle au mieux «participative». L’appétence de certains édiles pour l’événementiel, les sommes mises à disposition, la façon dont elles sont attribuées sont controversées. Les «one shot» emblématiques sont onéreux. Ils cherchent à perpétuer l’image de Lille capitale culturelle, dans une logique de marketing territorial qui assujettit la culture à un rôle marchand d’attractivité et de notoriété, dont les retombées économiques restent à vérifier.

Alors que son aire urbaine concentre une grande part des efforts, des acteurs et des financements, malgré son poids démographique attirant les «potentiels» et les «talents», Lille Métropole se retranche derrière sa non-compétence en matière culturelle, ce qui est un acte choisi. Ses interventions se focalisent vers quelques structures déterminées et grands événements (ONL, opéra, conservatoires, Fabriques culturelles, Lille 3000, Grands Boulevards...), laissant aux communes d’abord, à la Région et au Département ensuite, le financement comme le patient travail de partenariats avec les compagnies, associations, lieux culturels...

Il manque donc un grand débat sur ce que nous voulons réellement pour la culture : nous pouvons construire bien plus collectivement ce qui aujourd’hui relève encore parfois du fait du prince, ou de l’histoire héritée des politiques culturelles parfois instrumentalisées pour servir le pouvoir.

Nous voyons la culture comme motif de développement humain, comme un domaine où la proximité et l’expérience individuelle sont prépondérantes. En ce sens, Lille Métropole mérite d’endosser un rôle fort qui oriente les financements publics en direction des acteurs culturels implantés dans la durée, pour un travail de fond auprès des publics, ou dans la création. Nous refusons une logique événementielle qui étouffe ou canalise les initiatives indépendantes. La fête doit conserver son caractère exceptionnel pour être effectivement éblouissante.

Ceux qui la fabriquent.

Le territoire métropolitain est extrêmement riche de culture : une densité forte d’équipements (médiathèques, opéra, salles de concert, maisons folies, musées, galeries, conservatoires et écoles de musique, cinémas y compris art&essais, théâtres et lieux alternatifs…), elle accueille une très large part des acteurs de la culture (artistes et créateurs, médiateurs et administrateurs, enseignants…).
La multiplicité des lieux, structures et disciplines rend complexes les arbitrages financiers. Les villes de la métropole assument au quotidien des charges lourdes d’éducation artistique et culturelle dont bien peu sont soutenues par la Communauté Urbaine. Certaines municipalités sont en grande difficulté pour faire face à ces charges liées aux conservatoires, médiathèques et musées, pour ne prendre que les plus onéreuses. A côté d’investissements et de fonctionnements «gourmands», certains champs culturels peinent particulièrement à être reconnus et soutenus : arts plastiques, art des jardins, culture technique et scientifique. Paradoxalement, le poids et la multiplication des grands équipements (souvent municipaux) n’offrent pas toujours d’opportunités aux acteurs locaux. On observe des équipements insuffisamment occupés faute de moyens de fonctionnement, ou à l’inverse un phénomène de sous-traitance, dont Lille 3000 est un des commanditaires, et qui conduit à des relations de subordination. Les équipes artistiques sont amenées à se conformer à un cadre imposé.
Cessons de construire des murs et soutenons les lieux existants, des théâtres aux cafés, pour accueillir une culture vivante et diversifiée. Nous voulons permettre aux initiatives indépendantes de se déployer plus facilement, en encourageant aussi les occupations éphémères, et en rééquilibrant la part des grands événements qui accaparent les ressources, la communication, le regard des élus. Nous voulons sécuriser les associations en soutenant de manière affirmée les logiques de mutualisation : espaces et matériel partagés, techniciens, chargés de diffusion communs, échanges de pratiques, aide à la recherche de financement, etc.
Assurer une saine concordance entre le soutien à la création et le soutien à la diffusion est une mission prioritaire de la métropole. Enfin, la communauté urbaine doit jouer un rôle dans la mise en réseau des musées ou des conservatoires, pour une coordination améliorée et pour cesser les dépenses inutiles.

Ceux qui la vivent.

Nous nous réjouissons de la diversité culturelle de notre métropole, tout en restant conscient des limites de l’augmentation régulière de l’offre, ou des travers d’une société consumériste qui touche aussi les milieux artistiques, et en particulier les industries culturelles.
La politique de l’offre et les injonctions à participer à de grands rassemblements festifs concourent à une consommation culturelle qui n’élargit pas durablement les publics. On peut désirer mieux ! Une conférence de citoyens, menée en 2011 par la Région, a montré que le paysage culturel reste difficile à appréhender. Elle a rappelé que l’école, les associations constituent le point d’accès le plus familier et le plus démocratique pour créer l’envie, susciter la curiosité, établir des passerelles qui font tomber les timidités.
S’il faut résorber la disparité et la complexité des tarifs, la gratuité ne suffit pas à généraliser des expériences et pratiques culturelles qui doivent beaucoup à la transmission, au plaisir de fréquenter un lieu, à l’impact d’une oeuvre, à une communauté d’intérêts.

Nous voulons éviter que les pratiques d’amateurs restent confinées au «socio-culturel». Si le dialogue entre artistes et publics nous paraît primordial, nous savons qu’il n’incombe pas nécessairement à l’artiste-médiateur. De fait, les métiers de la médiation (dans les musées, médiathèques, cinémas, maisons de quartier, écoles, missions locales, prisons...) méritent des ressources dignes de ce nom et notre reconnaissance politique.
Avec sa diversité de professionnels comme de lieux de diffusion et de pratiques, il est possible dans notre métropole d’encourager l’attention, la connaissance, la découverte, l’exigence, auprès des spectateurs, auditeurs, lecteurs, amateurs.
Nous croyons autant au partage et aux pratiques collaboratives qu’à la dimension intime de la culture, comme un sentiment fort et nécessaire qui aide à affronter le monde.

Nos propositions

Lille Métropole...

  1. Assume pleinement sa compétence culture. Axe prioritairement son action sur les musées, les conservatoires, la lecture publique et le soutien à la mutualisation. Articule cette compétence avec les politiques culturelles municipales, négocie avec la Région et le Département pour rationaliser les soutiens aux grands équipements métropolitains, appuie enfin la création indépendante et associative.
  2. Consolide la mise en réseau des musées, médiathèques et conservatoires. Prend en charge une partie conséquente de leur fonctionnement et favorise l’accès à ces structures par un tarif unique métropolitain et un périmètre élargi de la C’art (pass actuel valable pour 5 musées). Cette prise en charge engagera les villes à développer davantage d’actions de proximité.
  3. Réfléchit avec les communes à la lisibilité de la programmation culturelle métropolitaine des festivals et grands événements culturels. Encourage la décentralisation de la programmation, et facilite les déplacements vers les festivals et lieux culturels (tarifs combinés, navettes, carte PASS pour les jeunes).
  4. Met en place un fonds d’appui aux initiatives culturelles indépendantes, en faveur notamment des occupations éphémères, des rencontres entre professionnels et amateurs, des transformations urbaines (installations, street art, jardins, fablabs...).
  5. Dialogue avec les réseaux professionnels et sectoriels de la culture pour consolider les métiers et le développement culturels. Mutualise la recherche de financement, encourage la porosité des financements culturels, organise la commande artistique publique.
  6. Organise le renforcement de l’éducation artistique et culturelle dans les écoles en accentuant leurs liens avec les professionnels des médiathèques et établissements culturels. Encourage le développement de parcours individuels ou familiaux pour les enfants et les jeunes.
  7. Réfléchit aux nouveaux usages du numérique et soutient la recherche-action en sciences humaines dans ce domaine (avec les universités, artistes, collectifs, Pôle Image, Euratechnologies): pratiques expérimentales, plates-formes contributives de partage des savoirs, de création artistique, de promotion des logiciels libres.
  8. Met en oeuvre des états généraux de la culture et réalise ’un agenda 21' de la culture basé sur les principes internationaux de droits de l’homme, durabilité, gouvernance, inclusion sociale, promotion de la diversité culturelle… qui devient le cadre de son action et de sa collaboration avec les autres institutions et partenaires.
  9. Porte avec la société civile le projet d’inscrire le bassin textile de l’Eurométropole au patrimoine mondial de l’humanité.