Accueil Société Entretien avec le JDD : « Remettre la nature dans la ville »

Entretien avec le JDD : « Remettre la nature dans la ville »

21 septembre 2013 - entretien à retrouver en ligne sur le site du JDD

21 septembre 2013 - entretien à retrouver en ligne sur le site du JDD

Entretien à retrouver en ligne sur le site du JDD

INTERVIEW - Le chef de file des Verts à Paris présente ses idées pour les municipales et se démarque des autres candidat(e)s : "Je ne suis pas un écologiste Canada Dry"

Le candidat d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) à la mairie de Paris dévoile au JDD ses propositions pour verdir Paris. Christophe Najdovski (44 ans), fils d'un ouvrier de Renault et d'une concierge, ancien professeur de sciences économiques et sociales, est aujourd'hui adjoint au maire de Paris en charge de la petite enfance. Il se présente comme le seul écologiste authentique de cette élection parisienne.

Les priorités des différents candidats se dessinent dans la campagne des municipales parisiennes : la sécurité pour NKM, le logement pour Anne Hidalgo ou Marielle de Sarnez… Quelle est votre priorité?

Ma priorité, c'est la vie quotidienne des Parisiens. Paris est une des capitales les plus denses au monde, qui a besoin d'espaces de respiration. Le ratio des espaces verts à Paris est de 2,5 m² par habitant, alors que l'Unesco préconise 10 m² par habitant. Il est donc indispensable de remettre de la nature dans la ville. La végétalisation est créateur de bien-être. Elle joue un rôle déterminant en matière de santé, d'économies d'énergie, de continuité écologique. Elle réduit les îlots de chaleur et capte les polluants atmosphériques. Mon objectif est clair : d'ici à 2020, pas un seul Parisien ne doit habiter à moins de cinq minutes d'un espace vert.

«L'écologie, ce n'est pas une image ni un coup de peinture verte»

Comment faites-vous pour verdir Paris? Vous détruisez des immeubles ?

La nature doit trouver sa place sur les toitures, sur la voirie, sur les berges de Seine. Autant d'espaces à reconquérir. Je propose que Paris vu du ciel ressemble à une forêt. Le potentiel de végétalisation des toits est de 80 ha au-dessus de bâtiments publics ou privés, bureaux ou logements. On peut y planter des arbres, toutes sortes de plantes et développer une agriculture urbaine.

Que proposez-vous encore?

Je veux faire des bois de Boulogne et de Vincennes les deux Central Park de la métropole parisienne. Il faut y réduire très fortement la circulation automobile – avec à plus long terme l'objectif de la supprimer totalement –, grâce à des navettes électriques. On peut aussi réserver des parcelles des bois au maraîchage ou à la plantation de vergers. Je souhaite, par ailleurs, créer un maillage de continuités vertes dans Paris, c'est-à-dire une promenade verte ininterrompue le long de la Seine – avec la reconquête intégrale des quais bas de la rive droite à horizon 2020 –, qui reliera les deux bois parisiens et sera connectée aux canaux, aux grands parcs et à la petite ceinture. Celle-ci sera aménagée en coulée verte, avec des jardins partagés, des espaces d'expression artistique et des promenades à vélo-rail, par exemple.

Vous voulez aussi planter des arbres fruitiers sur l'espace public…

À Seattle [dans le nord-ouest des États-Unis], une forêt comestible a été implantée dans la ville. Pourquoi ne pas le faire à Paris, avec des arbres adaptés à nos latitudes? Des pommiers, des poiriers, des pêchers ou des cerisiers, c'est à étudier. La symbolique de l'arbre est très forte. L'arbre incarne la nature et la vie. Il serait bon de resensibiliser les Parisiens au rythme des saisons. On peut aussi imaginer des séances de dégustation de fruits ou des animations pédagogiques pour les enfants.

«NKM a été la ministre du diesel.»

Anne Hidalgo et NKM bénéficient d'une image "écolo". Ne craignez-vous pas d'être marginalisé?

L'écologie, ce n'est pas une image ni un coup de peinture verte. Moi, je ne fais pas du marketing, je ne suis pas un écologiste Canada Dry. On pourra comparer les programmes. Quand Anne Hidalgo fait une toiture végétale sur le centre commercial de Beaugrenelle, ce n'est pas de l'écologie. Quand elle décide la construction d'une tour de bureaux gigantesque, la tour Triangle, ou l'extension de Roland-Garros sur les serres d'Auteuil, ce n'est pas de l'écologie. Même remarque pour la grande tour du futur tribunal de grande instance aux Batignolles, voulue conjointement par Nicolas Sarkozy et Bertrand Delanoë : une aberration environnementale! Quant à NKM, elle a été la ministre du diesel : entre 2007 et 2012, le parc diesel français est passé de 45% à 60%. Début 2012, 80% des véhicules neufs immatriculés roulaient au diesel. Or le diesel est reconnu par l'OMS comme un cancérigène certain et un facteur de maladies pulmonaires. On me dit que NKM a fait le Grenelle de l'Environnement : c'est une méthode de travail qui avait un intérêt, mais qui a débouché sur une immense déception. Par exemple, la filière photovoltaïque a été tuée dans l'œuf; 10.000 emplois y ont été supprimés entre 2011 et 2012.

Vous semblez mettre Anne Hidalgo et NKM sur le même plan…

Sur l’image "écolo", oui. Mais notre projet est compatible avec celui d’Anne Hidalgo. L’objectif reste évidemment de nous rassembler au second tout pour battre la droite… surtout quand elle est menée par la porte-parole de Nicolas Sarkozy.

Combien d’élus espérez-vous au conseil de Paris?

Nous en avons neuf aujourd’hui, nous en espérons évidemment beaucoup plus. Mon ambition est de montrer qu’Europe-Ecologie Les Verts a acquis le sérieux et la compétence, qui nous mettent en capacité de diriger une grande ville comme Paris. Paris pourrait être la première capitale écologiste du monde.

«Certains, dans ma famille politique, sont un peu aigris.»

Etes-vous assuré de garder une mairie d’arrondissement?

Il est trop tôt pour discuter boutique. Mais je ne doute pas que mon ami Jacques Boutault [le seul maire EELV de Paris] sera reconduit par les électeurs du 2e arrondissement; il a un excellent bilan.

Dans notre sondage Ifop-Fiducial-JDD du 1er septembre, vous passez de 6% à 5% d’intention de vote. Comment faites-vous pour inverser la courbe?

En allant à la rencontre des Parisiens, en faisant une campagne de proximité, sur le terrain. Je ne suis pas inquiet. Je suis, au contraire, très déterminé. Je vous rappelle que Cécile Duflot avait obtenu 20% aux régionales de 2010 à Paris. Il y a un potentiel important.

Certains de vos "amis" vous reprochent d’avoir une personnalité trop effacée…

Je ne suis pas du tout effacé! Être fort en gueule et dire des choses à tort et à travers, ce n’est pas mon caractère, ni ma façon de faire de la politique. Quand je parle, je le fais à bon escient. Certains, dans ma famille politique, sont un peu aigris, mais ils sont très minoritaires. L’immense majorité des écologistes est derrière moi.

Bertrand Gréco - Le Journal du Dimanche - samedi 21 septembre 2013

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