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L’UMP vend sa com contre la salle de shoot

Photo : Libération.fr

Photo : Libération.fr

Une seule urne dans un café de quartier et une convocation envoyée aux médias. La votation sur la salle de consommation à moindre risque organisée à l’initiative de Serge Federbusch, conseiller du Xème arrondissement (UMP), a intéressé dimanche près de 300 Parisiens venus, sans surprise, pour la plupart exprimer leur refus du projet. Une mobilisation finalement faible pour un arrondissement qui compte près de 100.000 habitants. Ne pourrait-on pas y voir qu'une sordide agitation alors que l’urgence sanitaire mérite bien plus qu’une opération de communication interne en vue des primaires UMP ?

"Êtes-vous favorable à l'ouverture d'une salle de shoot dans le quartier de la gare du Nord?". 280 contre, 16 pour. Aurait-il pu en être autrement ? L'orchestration est parfaite. Serge Federbusch exulte dans la presse après sa sortie médiatique d’hier dans le 10ème. Il qualifie la « votation populaire » qu’il a lui-même organisée dimanche de « grand succès ». Indéniablement, il place cette simili-consultation citoyenne, selon son blog et ses derniers tweets, sur le terrain des municipales : « Votation populaire sur la salle de shoot dans le 10ème : vilaine piqûre de rappel pour Hidalgo et Delanoë ! ». Jean-François Legaret, candidat à la primaire UMP pour l'échéance de 2014, avait lui-même invité quelques journalistes à un point-presse dimanche midi. Une dérive partisane et stérile, par le biais d’un simulacre de votation citoyenne qui, à défaut d’ouvrir le débat tend à susciter des réflexes de repli sur soi et d’intolérance. On reconnaît bien les rouages de la machine UMP qui sait agiter les peurs et raviver les vieux démons au moment opportun.

Image 10La lutte contre la toxicomanie passe par un meilleur accompagnement social et sanitaire des usagers. L’ouverture d’une salle de consommation à moindre risque s’inscrit dans cette démarche. Pilotée par l’association Gaïa, elle devrait accueillir près de 200 usagers par jour, 7j/7. La mission est de fournir du matériel stérile aux toxicomanes afin d’éviter les risques de contamination sous la surveillance de personnel médical et social qui agiront en outre dans une démarche de prévention.
Encourager la consommation dans des espaces insalubres et non surveillés c’est cautionner la politique de l’autruche, la précarisation et la marginalisation de ce public déjà en grande détresse. C’est aussi encourager sans le vouloir l’occupation de l’espace public par des usagers, ce qui exaspère et révolte les riverains. Ces salles de consommation, déjà implantées depuis bien longtemps dans de nombreux pays comme le Canada, la  Suisse, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne ou la Norvège ont prouvé leur indéniable efficacité. Ces espaces dédiés ont en effet contribué à y limiter les contaminations virales et les morts par overdose. Personne n’osera parler en soi de solution miracle mais bien d’une pièce complémentaire à un puzzle existant constitué d’une multitude de dispositifs de réduction des risques.

SOURCE IDPC/EMCDDA/Infographie : Le Monde.fr

SOURCE IDPC/EMCDDA/Infographie : Le Monde.fr

Lors du Conseil de Paris des 11 et 12 février derniers, l’adjointe chargée des personnes en situation de handicap, Véronique Dubarry, a interpellé le Maire, au nom du groupe écologiste, sur le calendrier qui allait être mis en place pour convaincre les riverains du bien-fondé de l’installation d’une salle de consommation dans leur quartier. Une concertation et une communication de terrain indispensables au succès d’une telle entreprise. Malheureusement, hier, le constat était amer. Certains habitants ont exprimé une crainte, compréhensible, mais infondée. La faute à des erreurs de communication, sans doute, mais aussi et surtout à certains responsables UMP comme le député Maire du 15ème et Président de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon, qui, dans un récent communiqué, estime qu’une telle salle «constituerait le premier pas vers la légalisation de la drogue alors que la priorité nationale doit être de prévenir et réduire la consommation, non de l’encadrer».

Mobilisés depuis 2004 sur le sujet, les éluEs écologistes n’ont cessé de saluer cette innovation sanitaire et sociale qui permettra de réduire les risques associés à la consommation de drogues. Ils émettent tout de même un doute quant au caractère exceptionnel et expérimental de cette salle et souhaitent aller encore plus loin : ouvrir plusieurs salles de consommation à moindre risque sur des sites métropolitains distincts, afin de prévenir tout risque d’engorgement et d’assurer la réussite du dispositif.Image 6

On ne peut plus ignorer l’urgence sociale propre à cette population exclue, marginalisée. Il est de la responsabilité des politiques de cesser d’alimenter de vieux spectres à des fins purement électoralistes et de prendre en considération la réelle souffrance des toxicomanes et les nuisances quotidiennes pour les riverains qui en découlent.

(Photo de Une : Libération.fr)

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