Heurs et malheurs du zoo de Vincennes
Dans le cadre de la rénovation du parc zoologique du bois de Vincennes, est soumise au vote, lors du Conseil de Paris des 11, 12, 13 juillet 2011, une délibération portant sur l’autorisation d’exploiter, par le Muséum d’Histoire Naturelle, un parc zoologique présentant des animaux sauvages.
Le Conseil a choisi d’exprimer un avis réservé à l’encontre de cette autorisation d’exploitation souhaitant, ainsi, par des recommandations, impulser un projet portant une attention plus grande à l’environnement et à l’écosystème de ce territoire. Le Conseil recommande, en ce sens, de proscrire les espèces invasives, les pesticides, herbicides et fertilisants chimiques, de veiller à une maîtrise des consommations d’énergie, de prendre de meilleures dispositions dans le traitement des eaux usées afin d’éviter la pollution des sols.
Cette attention se doit d’être soutenue, et ce, d’autant plus que cet aménagement s’inscrit dans le cadre du plan biodiversité qui est en cours d’élaboration par la Ville de Paris, mais aussi parce que le bois de Vincennes représente le plus grand espace vert de Paris avec une superficie de 995 hectares, et que celui-ci a un rôle central dans l’écosystème francilien avec une faune et une flore très riches : 500 espèces de plantes sauvages. J’ai donc déposé un vœu demandant qu’il soit mis à l’étude la possibilité d’étendre, au-delà des seuls dimanches et jours fériés, la fermeture à la circulation automobile de la portion Est de la route de ceinture du lac Daumesnil afin que soient préservés la biodiversité et l’équilibre écologique de ce véritable poumon vert parisien et francilien. Ci-dessous mon intervention au conseil d'arrondissement du 12e et au conseil de Paris.
Conseil de Paris des 11, 12 et 13 juillet 2011
Le parc zoologique de Paris, communément appelé zoo de Vincennes, créé en 1934, auquel tous les parisiens et au-delà sont très attachés, est fermé depuis l’automne 2008.
Après l’échec d’un premier appel d’offres, sa rénovation a été confiée à l’entreprise Bouygues dans le cadre d’un Partenariat Public Privé (PPP), pour un montant total de 133 millions €.
L’entreprise Bouygues règlera l’essentiel de l’investissement (100 millions €), puis gèrera la maintenance. Le Muséum National d’Histoire Naturelle, autrement dit l’Etat, c’est-à-dire les contribuables, lui paiera des redevances à hauteur de 12 millions € par an, ceci pendant 25 ans.
Le Partenariat Public Privé, une belle affaire pour le privé
On le voit, au total un PPP coûte pour l’Etat entre une fois et demie et deux fois et demie plus cher !
Et la direction du zoo envisage sans complexe un ticket d’entrée entre 15et 20 € !
Dès lors, il n’est pas étonnant de constater les nombreux tiraillements entre les scientifiques du MNHN et Bouygues, les premiers insistant sur la dimension scientifique, les seconds sur la dimension parc d’attractions…
En février 2011, l’architecte des bâtiments de France a rendu un avis accablant sur le projet en commission départementale des sites, dénonçant la « pauvreté architecturale » d’un aménagement bas de gamme.
La commission a pourtant donné un avis favorable avec de nombreuses réserves.
De l’aménagement actuel, seul le grand rocher, rénové pendant les années quatre-vingt-dix, sera préservé, ce qui suscite bien des critiques puisque l’histoire et la magie des lieux disparaîtra.
L’Enquête Publique a lieu jusqu’au 8 juillet et se tient à la Mairie du 12e arrondissement
Même si une Enquête d’Utilité Publique est une procédure insuffisamment démocratique, nous invitons cependant tous les habitants du 12e à y participer.
Cette Enquête ne porte officiellement que sur l’autorisation de présenter des animaux sauvages et la protection de l’environnement.
Il ne faut cependant pas hésiter à donner son avis sur tous les aspects de ce dossier.
Car son indigence est directement liée au refus idéologique d’une gestion publique, contre l’avis du conseil de Paris, et du vœu que j’avais déposé en septembre 2004 et qui avait été adopté, pour un financement public de la restauration du zoo de Vincennes.
Quelle façon de présenter les animaux ?
On pourrait aussi s’interroger sur la façon dont on présente les animaux et même si on ne présente plus toutes les espèces animales sur un même site avec un espace réduit, comme c’était le cas au siècle dernier, il n’en demeure pas moins que dans le meilleur des cas, l’espace disponible pour les animaux est 50 à 100 fois inférieur à ce qu’il est dans leur milieu naturel.
Un gouffre énergétique
Par ailleurs, je voudrais évoquer les aspects énergétiques du projet. Le dossier met en évidence une forte hausse des consommations par rapport à la situation antérieure : consommation d’électricité triplée, consommation de gaz doublée et hausse de la consommation de carburants.
Il n’y a pas de mention de recours aux Meilleures Techniques Disponibles, ni même de raccordement au réseau de chaleur CPCU. Et le dossier n’apporte aucun élément probant sur l’utilisation rationnelle de l’énergie.
Bref, c’est à se demander si les promoteurs du projet, gouvernement et partenaires privés, ont entendu parler du Grenelle de l’environnement et du Plan Climat de la Ville de Paris !
Pour la biodiversité et la reconquête du bois : fermer une partie de la route de ceinture du lac, développer l’accès en transports en commun
Enfin, je voudrais évoquer un aspect connexe à ce projet, qui est néanmoins important.
En 2005, lorsque les représentants du Muséum ont présenté le premier projet de rénovation à la Mairie de Paris, ce projet proposait de fermer à la circulation automobile la portion de route de ceinture du lac Daumesnil située entre le zoo et le lac.
Cette proposition va tout à fait dans le sens de la charte d’aménagement durable du bois de Vincennes, et cadre tout à fait avec l’exposé des motifs de la délibération, qui considère que « pour la Ville de Paris, le zoo de Vincennes ne peut constituer un îlot à part, mais devra contribuer au potentiel de biodiversité du bois et que les clôtures (…) devront permettre le passage des éléments végétaux et de la petite faune du bois ».
Cette proposition est également en accord avec la volonté exprimée par le Maire de Paris de donner un avis favorable à ce projet, notamment sous réserve de « renforcer les mesures pour contribuer au potentiel de biodiversité du bois ».
C’est le sens du vœu que je dépose au conseil de Paris, pour que la Ville de Paris étudie, en concertation avec les partenaires concernés, une fermeture à la circulation de la partie de la route de ceinture du lac Daumesnil située entre l’avenue Daumesnil et le carrefour de la Conservation.
Nous aurions là une mesure majeure qui contribuerait à ouvrir l’espace situé entre le zoo et le lac, aujourd’hui sacrifié à une circulation de transit infernale.
Cette fermeture à la circulation de cet axe routier devra bien sûr s’accompagner du renforcement de la desserte en transports en commun.
L’arrivée du tramway en 2012 y contribuera fortement. Je propose également le renforcement de l’offre de bus les week-ends et jours fériés, en particulier pour la ligne 46, et de prolonger la ligne 87 jusqu’au zoo de Vincennes (voire jusqu’au Château de Vincennes).
Conseil de Paris des 11, 12 et 13 juillet 2011
Projet de délibération DEVE 104 Autorisation d’exploiter un établissement de présentation au public d’animaux appartenant à la faune sauvage, par le Muséum National d’Histoire Naturel, au titre de la réglementation relative aux Installations Classées pour la Protection de l’Environnement
Vœu pour une étude relative à la fermeture à la circulation automobile de la portion de la route de ceinture du lac Daumesnil située entre l’avenue Daumesnil et le carrefour de la Conservation
Déposé par Christophe Najdovski et les élu/es du groupe Europe Ecologie-Les Verts et Apparentés
Considérant le projet de rénovation du parc zoologique de Paris, appelé communément zoo de Vincennes, situé dans le bois de Vincennes, sur le territoire de la Ville de Paris
Considérant que l’aménagement du parc zoologique s’inscrit non seulement dans le cadre réglementaire du PLU parisien, mais également dans le contexte du plan biodiversité, en cours d’élaboration par la Ville de Paris
Considérant l’exposé des motifs de la délibération DEVE 104, qui considère que « le zoo de Vincennes ne peut constituer un îlot à part, mais devra contribuer au potentiel de biodiversité de l’ensemble du bois » et que « les clôtures (…) devront permettre le passage des éléments végétaux et de la petite faune du bois »
Considérant que le parc zoologique est entouré de toutes parts de routes circulées
Considérant que la portion est de la route de ceinture du lac Daumesnil, située entre le lac Daumesnil et le parc zoologique, de par la forte circulation automobile de transit qui y passe, constitue une barrière majeure à la biodiversité
Considérant qu’un lien de biodiversité très fort pourrait être établi entre le lac Daumesnil et le parc zoologique, par la fermeture à la circulation automobile de cette portion de la route de ceinture du lac Daumesnil
Considérant que le Muséum d’Histoire Naturelle a présenté en 2005 à la Mairie de Paris un premier projet d’aménagement du parc zoologique comprenant la fermeture à la circulation automobile de la portion est de la route de ceinture du lac Daumesnil
Considérant la charte d’aménagement durable du bois de Vincennes, qui prescrit une « forte diminution » de la circulation automobile dans le bois
Considérant que depuis 2007 la portion de la route de ceinture du lac Daumesnil située entre l’avenue Daumesnil et le carrefour de la Conservation est fermée à la circulation automobile et ouverte à la promenade piétonne et cycliste les dimanches et jours fériés dans le cadre de « Paris Respire »
Considérant l’avis du Maire de Paris relatif au projet de délibération DEVE 104, d’autoriser les installations au parc zoologique « sous réserve de renforcer les mesures pour contribuer au potentiel de biodiversité du bois »
Considérant qu’une fermeture à la circulation automobile de cette portion de la route de ceinture du lac Daumesnil serait de nature non seulement à renforcer la biodiversité, mais contribuerait à la baisse du niveau de bruit ambiant, et pourrait s’inscrire également dans un schéma d’ensemble relatif à l’aménagement des abords du lac Daumesnil, lequel pourrait accueillir un lieu de baignade d’ici 2013, ouvrant de nouveaux espaces à la promenade et aux loisirs dans cette partie du bois de Vincennes
Vœu : sur proposition de Christophe Najdovski et des élu/es du groupe Europe Ecologie-Les Verts et Apparentés, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris, en concertation avec les partenaires concernés, mette à l’étude la fermeture à la circulation automobile de la portion de la route de ceinture du lac Daumesnil située entre l’avenue Daumesnil et le carrefour de la Conservation.
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