Accueil Au Conseil de Paris Familles monoparentales : une priorité de l’action publique

Familles monoparentales : une priorité de l’action publique

140143313

Aujourd’hui a eu lieu, suite à la remise du rapport de la Mission d’Information et d’Evaluation sur les familles monoparentales à Paris, un débat au Conseil de Paris. Ce rapport est le fruit du travail d’une quinzaine d’élus de tout bord politique qui, de novembre 2010 à avril 2011, a mené des auditions et des observations auprès des différents acteurs pour établir un diagnostic de la situation de ces familles afin de proposer des pistes d’action.

En tant qu’adjoint du Maire de Paris en charge de la petite enfance, et ayant conscience du caractère primordial de l'accueil des enfants pour ces foyers dans la perspective de leur insertion ou de leur maintien dans l’emploi, j’ai été attentif à ce que cette question soit saisie et développée. Ainsi, la situation de monoparentalité sera davantage prise en compte parmi les critères d’attribution des places en crèches. Une réflexion et un soutien pour des modes d'accueil sur des horaires atypiques seront également étudiés et approfondis.

Dans ce contexte de crise et où un ministre se permet de s’attaquer aux allocataires de minima sociaux, il convient de s’y opposer et de renforcer les mesures promouvant le lien social. Les familles monoparentales ne peuvent être le parent pauvre de l’action publique, mais doivent en être le cœur.

Voici mon intervention lors de ce débat.

"De novembre 2010 à avril 2011, une mission d’information et d’évaluation (MIE), composée de 15 élus du conseil représentant tous les groupes politiques de notre assemblée, s’est réunie à un rythme hebdomadaire pour appréhender la situation des familles monoparentales à Paris.

La mission a pu auditionner de nombreuses personnes, organisations et institutions, acteurs du secteur social et de la famille.

La question des familles monoparentales est devenue une question centrale dans nos sociétés, en particulier à Paris.

Alors que les familles monoparentales représentent 20% des familles en France, ce chiffre monte à 28% à Paris, ce qui représente 70 000 foyers monoparentaux.

Dans certains quartiers de la capitale, en particulier les quartiers classés en politique de la ville, ce chiffre avoisine les 45 %, à la porte de Vanves, à la porte de Montreuil ou dans le quartier Danube-Solidarité.

Dans 85% des cas, c’est la mère qui vit seule avec son ou ses enfants.

La situation de monoparentalité est porteuse de fragilité, même s’il faut reconnaître qu’elle ne signifie pas nécessairement difficulté.

Il n’en demeure pas moins que la séparation d’un couple est source de difficultés, car comme le cite le rapport : « la mutualisation des coûts fixes de logement, d’entretien, de transports des membres de la famille n’est alors plus effectuée entre deux adultes ».

La monoparentalité est aussi porteuse d’isolement, dimension hélas très présente pour les personnes concernées, en particulier des femmes.

Aussi, il est apparu important d’examiner la situation de ces familles au regard des questions touchant au logement, à l’emploi, ou bien encore à la garde des enfants, et de faire des propositions pour améliorer la vie de ces familles, particulièrement fragilisées en ces temps de crise.

La situation des familles monoparentales est aujourd’hui préoccupante, car nous observons un accroissement du nombre de familles monoparentales en situation de fragilité financière. Les ménages monoparentaux, qui ne constituent que 7% des ménages, représentent 20% des ménages pauvres. Et 52% des familles monoparentales ont de bas revenus.

La CAF constate ainsi que les familles monoparentales sont plus pauvres que les autres, le restent plus longtemps, et glissent plus souvent d’une forme de pauvreté à l’autre, ou d’un minimum social à l’autre. 39% des familles monoparentales vivent sous le seuil de bas revenus, soit 903 euros par unité de consommation, contre 13% des couples, et la moitié des familles monoparentales sont non imposables à Paris.

Il faut noter aussi que ce sont majoritairement des pré-adolescents et des adolescents qui vivent dans une famille monoparentale : 34% sont situés dans la tranche 11-17 ans, et 27% dans la tranche 18-24 ans, soit un total de 61% pour les 11-24 ans.

Les familles monoparentales cumulent les facteurs de vulnérabilité : faible niveau de formation et de qualification, faible revenu, mauvaises conditions de logement, chômage et précarité de l’emploi.

Dès lors, il est légitime de voir comment la collectivité parisienne peut mieux aider les familles monoparentales, dans le contexte de crise actuelle qui exacerbe les difficultés et dans un contexte où les inégalités se creusent depuis 10 ans entre familles monoparentales et familles biparentales.

Des auditions que la mission a pu mener, il ressort que les questions de l’emploi, du logement et de la garde des enfants constituent les principales difficultés pour les familles monoparentales.

La politique de l’emploi et les aides sociales versées dépendent largement des choix opérés au niveau national par le gouvernement.

Il n’en demeure pas moins que la collectivité parisienne dispose de leviers d’action pour favoriser l’insertion des familles monoparentales en difficulté.

Alors que les allocations familiales versées par la CAF ne le sont qu’à compter du 2e enfant, il est primordial pour la collectivité parisienne de pouvoir aider les familles dès le 1er enfant, et en particulier les familles monoparentales avec un enfant, qui représentent environ 65% des familles monoparentales.

Et c’est dans le domaine du logement que la priorité de l’effort de notre collectivité doit porter.

Aussi, nous soutenons la recommandation de la mission d’une extension et de la réévaluation de l’allocation Paris Logement Familles Monoparentales (PLFM), avec l’augmentation du plafond d’éligibilité à 1800 euros par mois, soit le revenu médian à Paris pour une personne seule, et la majoration de 23% du montant de l’aide, qui passerait de 122 euros à 150 euros par mois pour les familles dont les ressources sont inférieures à 1100 euros par mois.

Un autre aspect important concerne l’accueil des enfants. Pour ce qui est du domaine de la petite enfance, je peux d’ores et déjà affirmer que l’exécutif municipal, en concertation avec les mairies d’arrondissement, travaille à la refonte du règlement intérieur des établissements d’accueil de la petite enfance, afin que la situation de monoparentalité soit encore davantage prise en compte parmi les critères d’attribution des places en établissement.

Il convient également de renforcer l’action de la Ville de Paris sur tous les temps hors scolaires pour les enfants scolarisés.

Aussi, les initiatives comme celles de l’association Mom’artre, qui mène un formidable travail d’accueil des enfants en dehors des heures scolaires dans les 18e et 20e arrondissements, doivent être encouragées, et nous soutenons les projets de nouvelles antennes dans les 12e et 14e arrondissements, comme nous approuvons bien entendu les préconisations faites par la mission de renforcer l’accompagnement à la scolarité dans les quartiers politique de la ville par le doublement du taux d’encadrement par des animateurs formés.

L’aide à la parentalité constitue un autre volet des priorités à porter, tant il est difficile pour le parent, en très grande majorité la mère, de se retrouver en face à face, seule avec son ou ses enfants.

Aussi, les propositions de création de nouvelles ludothèques sur l’ensemble du territoire parisien, de généralisation des Relais Information Familles, de partenariat avec des associations proposant une solidarité de voisinage, le développement du parrainage de proximité, toutes ces mesures vont dans le sens du renforcement du lien social, qui peut être mis à mal pour les foyers monoparentaux.

En conclusion, face aux difficultés que connaissent de nombreuses familles monoparentales, dont je n’oublie pas au passage que beaucoup d’entre elles sont allocataires du RSA, scandaleusement attaqué par M. Wauquiez, notre collectivité s’honore de considérer que les familles monoparentales constituent une priorité de l’action publique.

Nous souhaitons désormais que les préconisations de la mission soient rapidement mises en œuvre. Nous savons que nous pouvons compter sur le volontarisme de l’exécutif municipal pour y arriver."

Laisser un commentaire

*