Au conseil de Paris : une autre ambition pour le bois de Vincennes
Chaque année, j'interpelle le maire de Paris, Bertrand Delanoë, sur l'incohérence du dispositif de navettes de bus (2005) et de parkings de rabattement à Bercy (2006) mis en place pour inciter les usagers de la Foire du Trône à emprunter les transports en commun alors que, dans le même temps, la municipalité ouvre les voies, habituellement piétonnes, du bois de Vincennes aux automobilistes et aux stationnements.
Or, une autre ambition qui concilie la fête et la préservation du cadre magnifique, véritable poumon vert, du bois de Vincennes est possible. Cette intervention en Conseil de Paris, lors du vote de la délibération renouvelant la convention de la ville avec la RATP, le rappelle et la soutient.
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Monsieur le Maire,
Chronique d’un échec annoncé, tel pourrait être le titre de mon intervention au sujet de cette délibération.
Comme vous le savez, la question de l'accès en transports à la Foire du Trône est problématique.
C'est pour cette raison que les élus de la majorité municipale ont travaillé ensemble pour que la ville de Paris incite les clients de cette fête populaire à davantage utiliser les transports en commun. C’est ainsi qu’ont été mis en place un service de navettes bus à partir de 2005, en lien avec la RATP, et à partir de 2006 des parkings de rabattement à Bercy.
Aujourd’hui, c’est un constat d’échec qui prévaut.
En effet, nous avons pu constater que la fréquentation des navettes et des parkings de rabattement était d’année en année de plus en plus faible, même si le système était apprécié des visiteurs de la Foire du Trône,
Depuis plusieurs années, je vous alerte à chaque fois que cette délibération est présentée au conseil de Paris de l’incohérence d’un dispositif qui depuis le début était voué à l’échec.
La principale raison de l’échec du dispositif de navettes et des parkings de rabattement vient du fait que vous ouvrez des voies, habituellement piétonnes, en plein bois de Vincennes, aux automobilistes, qui ont dès lors la possibilité de stationner gratuitement à proximité immédiate de la pelouse de Reuilly.
Dans ces conditions, comment vouliez-vous que les visiteurs de la foire du Trône aillent stationner dans des parcs de rabattement et prendre une navette alors que dans le même temps vous ouvrez des routes dans le bois et permettez ainsi de stationner au plus près de la pelouse ?
Cette incohérence, les visiteurs de la Foire du Trône l’ont perçue, et les navettes et parkings de rabattement ont été désertés.
Il est vrai par ailleurs que les travaux du tramway ont rendu l’accès à la pelouse de Reuilly plus difficile ces deux dernières années, mais l’inefficacité du dispositif était déjà patente avant le début de ceux-ci.
Pour 2011, il est donc proposé un simple renforcement de l’offre de bus PC2 et 87.
Permettez-moi de noter au passage que parmi les visiteurs de la Foire du Trône qui viennent en transports en commun, environ 2% utilisent la ligne de bus 87 ; le renforcement de l’offre sur cette ligne ne servira donc pas à grand-chose, si ce n’est qu’elle bénéficiera aux autres usagers de la ligne 87. Je constate au passage que lorsqu’il s’agit d’obtenir un renforcement de l’offre de transports pour les clients de la Foire du Trône, c’est possible, alors que depuis des années les habitants du 12e demandent, sans succès, que la ligne de bus 87 fonctionne le dimanche au-delà de la place de la Bastille.
Moralité : les clients de la Foire du Trône obtiennent plus rapidement ce que les habitants du 12e réclament en vain depuis des années.
Par ailleurs, et nous ne cessons de le répéter chaque année, avec l’ouverture des routes, les piétons et autres usagers du bois doivent céder la place aux automobiles et se concentrer sur les berges du lac Daumesnil, où de nombreux conflits d’usage naissent de la sur-fréquentation des lieux : piétons, parents avec poussettes, personnes âgées, cyclistes, joggeurs, etc. doivent cohabiter et se bousculer sur un espace réduit.
L’opération Paris Respire sur la route de ceinture du lac Daumesnil est partiellement suspendue, à partir de 13h, les dimanches et jours fériés. Là aussi, il s’agit de faire place nette pour la circulation et le stationnement automobiles.
On est bien loin de la promotion d’une mobilité durable, et chaque année c’est le même constat : au lieu de respirer, c’est une opération Paris Asphyxie au bois de Vincennes.
Monsieur le Maire, vous connaissez la position constante des élus du groupe Europe Ecologie Les Verts et Apparentés sur ce dossier : c’est aux manifestations de s’adapter au bois de Vincennes, conformément à la Charte d’aménagement durable du bois que vous avez initiée et signée avec les communes riveraines du bois en 2003, et non l’inverse.
Cela suppose donc de garder les voies piétonnes du bois dans leur statut habituel et, conformément à la Charte, de maîtriser l’impact des manifestations sur leur environnement.
C’est l’objet du vœu que je dépose. Mais ce vœu est chaque année rejeté, ce qui montre que nous n’avons pas la même approche sur ce dossier.
Nous attendons également avec impatience que soit réalisé l’aménagement de la route de la Croix-Rouge et de la route du Bac en voies forestières.
Les élus Verts ont, par le biais d’un amendement, fait inscrire cet investissement dès le budget 2007. Il s’agit, conformément à la charte d’aménagement durable du bois, de transformer des voies piétonnes en véritables allées forestières, et d’offrir un parcours sécurisé pour piétons et cyclistes depuis Paris, vers le cœur du bois.
Nous souhaitons fermement que cet aménagement soit réalisé en 2011.
Monsieur le Maire, vous avez annoncé récemment vouloir ouvrir le lac Daumesnil à la baignade.
Cette ambition est louable, même si elle mérite d’être accompagnée de manière à ce que les nouveaux usages viennent correctement s’intégrer dans leur environnement.
Il convient dès lors de réfléchir globalement à l’aménagement du lac Daumesnil et de ses abords.
Cela cadre d’ailleurs avec l’ambition des élus de la majorité municipale du 12e, qui ont inscrits dans leur programme de l’entre deux tours de 2008 la création d’un espace libéré de la voiture sur plusieurs dizaines d’hectares dans cette partie du bois de Vincennes, autour du lac Daumesnil.
Il est par ailleurs indispensable de renforcer de manière pérenne l’offre de transports en commun les week-ends et jours fériés dans le bois de Vincennes. A ce jour, nous ne voyons toujours aucune avancée dans ce domaine.
Là encore, nous nous interrogeons sur les priorités de la municipalité : faut-il dépenser l’argent de la collectivité pour renforcer ponctuellement une offre de transports pour les visiteurs de la Foire du Trône, alors que parallèlement cette action peut être réduite à néant par l’ouverture concomitante de routes du bois à la circulation et au stationnement, ou bien vaut-il mieux utiliser cet argent public pour renforcer l’offre de bus dans les bois le week-end ?
Monsieur le Maire, sous la pression des forains, vous semblez avoir renoncé à la volonté de garder les voies piétonnes du bois toute l’année.
Nous souhaitons vivement que se concrétise une autre ambition pour le bois de Vincennes, poumon vert au cœur de la zone dense de l’agglomération, et nous nous abstiendrons sur cette délibération.
Je vous remercie,
Christophe Najdovski
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