Je me souviens, il y a dix ans
Je me souviens de ce dimanche 18 mars 2001, lorsque Paris a basculé à gauche.
Au soir du 11 mars, avec 31% des voix, les listes PS-PC sont devant celles menées par Philippe Séguin. Les Verts obtiennent 12% à Paris. Pour l’emporter, il faut notamment que les 12e et 14e arrondissements basculent.
Dans le 12e, la liste menée par Michèle Blumenthal obtient près de 33% des voix. Celle que je mène près de 14%. Jamais la gauche n’avait été majoritaire dans le 12e. Nous sommes si proches de la majorité, mais pas encore. Nous avons l’occasion historique de faire basculer l’arrondissement et Paris. Entre les deux tours, nous fusionnons nos listes et sommes emplis d’espoir, mais aussi de crainte que le conservatisme ne l’emporte finalement.
Le 12e est l’arrondissement clé. Celui qui va tout décider.
Je me souviens, au soir du 18 mars, nous sommes dans le local du Parti Socialiste du 12e, et nous récoltons les chiffres transmis par les militants dans chacun des bureaux de vote, un par un.
Pendant longtemps les résultats sont indécis. Au milieu de la soirée nous sommes à 50-50.
Mais les bureaux qui restent à dépouiller sont ceux des quartiers d’Aligre et de Bercy, favorables à la gauche et aux écologistes. Le score se redresse, 50,5% pour notre liste, pour au final terminer avec 1000 voix d’avance sur près de 45 000, et 51% des voix.
Je me souviens, en ce soir du 18 mars, où nous nous dirigeons à pied, d’un pas alerte et léger, vers la mairie du 12e.
Nous nous retrouvons dans la salle des Fêtes, et on entend une vibrante Internationale résonner, suivie de la Marseillaise.
Je me souviens, lorsque nous allons vers l’Hôtel de Ville de Paris, nous avons le cœur rempli de joie et d’espoir.
Je me souviens lorsque ma co-listière dit « maison » en pointant du doigt l’Hôtel de Ville, lorsque celui-ci apparaît enfin sous nos regards.
Je me souviens de ces milliers de femmes et d’hommes, qui agitent leurs clés sur la place de l’Hôtel de Ville, comme pour nous dire que cette maison, qui leur avait été confisquée, c’est la leur, la nôtre, celle de toutes et tous.
Je me souviens de ce 18 mars, de cette cohue indescriptible sur la place de l’Hôtel de Ville, de cette immense joie de voir enfin la gauche en responsabilité à Paris, après 100 ans de règne sans partage de la droite.
Je me souviens de l’impossibilité de rejoindre Bertrand Delanoë et les autres membres des listes de rassemblement de la gauche et des Verts, hissés sur ce podium et cette scène montés au tout dernier moment.
Je me souviens de ce moment où Bertrand Delanoë vient saluer les parisiens, et où je me retrouve face à lui, mais de l’autre côté de la barrière, infranchissable. Curieux moment…
Je me souviens de ce 18 mars où une militante me dit « tu as pensé à la présidence du groupe ? », alors que non, vraiment, cela ne m’avait pas effleuré l’esprit.
Quelques jours plus tard, une majorité des 23 nouveaux élus du groupe Vert m’élisait président du groupe au conseil de Paris.
Je me souviens que je fus le premier président d’un groupe d’élus Verts au conseil de Paris. Une immense responsabilité, une fierté, sans doute aussi, un peu.
Je me souviens que ce 18 mars 2001, nous avons ouvert une nouvelle page pour Paris, et je suis particulièrement heureux d’y contribuer encore aujourd’hui.
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