Ecologie industrielle : Rhône-Médian, future vitrine de l’industrie écologique du XXIe siècle

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Gérard Leras (EELV) encourage la reconversion d’un territoire entier à une écologie industielle, tournée vers le transport fluvial et ferroviaire.

Au départ, il y a un port. A cheval sur les communes de Salaise-sur-Sanne (Isère) et Sablons, au bord du canal, il permet de faire passer les marchandises du Rhône vers le rail, et inversement. Deux modes de transport qui évitent bien des nuisances routières. Problème : il est sous-utilisé. Pour le promouvoir, la Région et les collectivités y financent de nouveaux quais.

Elles y consacrent aussi 60 M€ pour renforcer les infrastructures ferroviaires et améliorer l’offre de transport de marchandises. Le but : que de nouvelles entreprises préfèrent le fleuve et le rail à la route comme moyen d’expédition de leurs produits. En plus de préserver l’environnement, cela doit leur permettre de réduire leurs coûts.

Cette zone industrialo-portuaire constitue la base de Rhône-Médian, un « grand projet Rhône-Alpes » destiné à développer tout un territoire, 152 communes situées entre Vienne et Saint-Vallier, touché par le déclin industriel. Ce projet part du principe que l’écologie n’est pas l’ennemie de l’industrie. En effet, la reconversion doit se faire sur la base du transport propre de marchandises d’une part, et de l’écologie industrielle d’autre part. Gérard Leras, conseiller régional écologiste en charge de ce projet pour la Région, souhaite y faire la démonstration qu’une autre industrie est possible : « Ce projet doit être une vitrine de ce que peut être l’industrie du XXIe siècle : créatrice d’emplois, respectueuse de l’environnement et moins nocive pour la santé des employés. » Objectif : la création de 2 000 emplois sur la zone.

Ainsi, l’entreprise Delmonico Dorel, qui produit des matières premières pour le bâtiment, s’oriente de plus en plus vers le recyclage de matériaux de démolition. Elle concasse et recuit les gravats pour créer de nouveaux matériaux performants pour le bâtiment. Pour les convoyer, elle est devenue opérateur de transport fluvial.

Dans les projets d’écologie industrielle, les déchets d’une usine sont la ressource d’une autre. C’est ce que Rhône-Médian cherche à promouvoir. Ainsi, à Salaise-sur-Sanne, Séché-Trédi, entreprise spécialisée dans la destruction des déchets ultimes de l’industrie, fait-elle partie du groupement de la plateforme chimique de Roussillon. Elle vend la vapeur produite par ses fours à d’autres entreprises de la plateforme en échange de services de sécurité. Rhône-Médian va encourager ces synergies et contribuer financièrement à leur renforcement. « En faisant collaborer les entreprises, on décloisonne les activités pour gagner en sobriété et efficacité : les déchets de l’un deviennent les ressources de l’autre », explique Alain Chabrolle. C’est souvent grâce à la mobilisation de la société que les entreprises améliorent ainsi leurs pratiques. En effet, c’est le même Séché-Trédi qui a envisagé un temps de traiter des déchets hautement toxiques venus d’Australie, avant d’y renoncer.

Un peu plus au Sud, à Laveyron (Drôme), la société de cartonnages recyclés Emin-Leydier est fragilisée par le coût de l’énergie. A tel point qu’à la moindre bourrasque économique, le maintien des 300 emplois qu’elle représente serait compromis. C’est pourquoi Région et Département ont financé une étude afin d’évaluer si les déchets ménagers pourraient être utilisés pour produire de l’énergie à moindre coût.
« Il s’agit de valoriser le potentiel d’un territoire pour que les entreprises puissent mieux s’y ancrer, conclut Michel Wilson, chef de projet. Une vallée comme celle du Rhône doit être vue comme un écosystème où les collectivités ou les entreprises coopèrent entre elles plutôt que de se faire concurrence. »

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