Etude Séralini : notre système d’évaluation est à revoir
Par les élus EELV membres de la commission agriculture
L’étude sur la nocivité des OGM conduite par le professeur Gilles-Eric Séralini a déclenché une importante controverse scientifique et publique. Les scientifiques débattent de la validité de l’étude, du nombre d’échantillons étudiés… Ce débat appartient aux scientifiques, et nous ne sommes pas qualifiés pour nous exprimer sur le fond.
Cependant, nous saluons le courage du professeur Séralini qui fait face à de très puissants intérêts pour remplir son rôle de lanceur d’alerte.
Nous ne pouvons que constater, en creux, les multiples lacunes qu’a révélé cette étude. L’Agence de sécurité sanitaire elle-même relève le manque d’études indépendantes sur les effets à long terme des OGM associés aux pesticides. Malgré ses critiques, elle donne sur le fond raison à Gilles-Eric Séralini et à son équipe, en recommandant précisément ce que ces derniers voulaient : des études à long terme, non pas limitées à 90 jours, mais prolongées pendant deux ans.
Nous constatons aussi la faiblesse des études préalables aux autorisations de mise sur le marché qui n’obéissent vraisemblablement pas au principe de précaution.
Nous observons aussi à quel point il est compliqué, aujourd’hui de savoir qui parle au nom de qui dans ce genre de controverse. Dans le monde scientifique, et jusqu’aux grandes agences gouvernementales, les conflits d’intérêt sont légion. Les géants de l’agro-business aiment s’adjoindre les services de chercheurs de renom, et les liens de dépendance se créent parfois à leur insu même : humainement, il est difficile de mordre la main qui nous nourrit, ou de se déjuger quand on a contribué à autoriser la mise sur le marché d’un produit donné.
C’est pourquoi il nous est indispensable que les déclarations de conflits d’intérêt soient rendues obligatoires pour toute prise de parole publique d’un scientifique, y compris dans les médias. Les scientifiques participant aux commissions d’autorisation de mise sur le marché dépendant des agences publiques doivent être exempts de tout conflit d’intérêt et être rétribués pour cela.
Il est urgent, ensuite, de renforcer les études préalables à la mise sur le marché de tout produit phytosanitaire, pharmaceutique, nanotechnologique ou chimique. Au moindre doute sur ces produits, le principe de précaution doit s’appliquer, et avant de délivrer une autorisation, des études poussées doivent prouver leur innocuité, ou du moins un équilibre bénéfices-risques très nettement favorable. Ces études doivent être réalisées par des organismes officiels au niveau européen, financés par des cotisations obligatoires des industriels.