Intervention de Maryvonne BOILEAU sur le pass contraception-prévention
De nombreux rapports réalisés chaque année, tant par l’IGAS que par les grandes mutuelles de santé, alertent sur l’augmentation des comportements à risques et d’un nombre trop important d’IVG chez les jeunes, et ce, malgré toutes les campagnes d’informations. Les IST diagnostiquées au-delà de 25 ans, comme l’infection à chlamydia ou le cytomégalovirus, sont en augmentation constante et sont l’une des causes de stérilité.
La délibération qui nous est proposée s’inscrit dans la poursuite du travail engagé en 2005 par la région Rhône-Alpes pour apporter un accompagnement de qualité aux jeunes rhônalpins qu’ils soient lycéens, apprentis, étudiants ou jeunes travailleurs, sur les questions d’éducation ou de prévention pour une santé durable. C’est aussi l’une des réalisations du programme proposé au choix des rhônalpins en 2008. Nous rejoignons ainsi, 2 autres régions qui ont déjà mis ce dispositif en œuvre.
La démarche engagée pour aboutir à cette délibération mérite d’être saluée, puisque de nombreux partenaires ont été consultés pour nous permettre d’entendre leur point de vue et recueillir leurs remarques.
Un des aspects de la consultation présente un intérêt tout particulier, à savoir les temps de concertation avec les jeunes, tant à la région, que dans les départements et sur le net, ce qui a ainsi permis à plus de 500 jeunes d’assister à un spectacle de qualité et de recueillir leur avis après cette présentation. 3000 jeunes ont également répondu au questionnaire sur le net. On peut considérer que cette délibération a fait l’objet d’un réel débat citoyen et que la décision est prise à partir des avis d’un échantillon significatif des 15/25 ans. Ils sont tous concernés par les questions de contraception, de prévention des grossesses non désirées, et de la prévention santé plus globalement.
Le pass contraception-prévention, tel qu’il est proposé et pour lequel la carte M’ra servira de support, permettra aux jeunes filles et jeunes garçons un accès à l’information par des professionnels, une analyse médicale, la délivrance d’un mode contraceptif et d’une méthode de prévention des risques contre le VIH et les IST. Et ceci de façon anonyme et gratuite.
Nous pouvons considérer que ce dispositif n’est pas un simple avantage supplémentaire du dispositif M‘ra, qui se confondrait avec les places de cinéma, mais bien une ouverture vers les professionnels de la santé dans une démarche d’autonomie et de responsabilisation des jeunes.
En outre, la délibération répond à une préoccupation de formation et d’éducation à la sexualité en milieu scolaire et hors milieu scolaire et vient s’ajouter à tous les autres dispositifs existants.
Ainsi elle permet :
– L’éducation à la prise en charge de la sexualité pour chaque fille et chaque garçon,
– L’élaboration d’un dispositif de promotion et de prévention pour le maintien d’une santé durable,
– Le développement de relations filles/garçons basées sur le respect de chacune et chacun.
– Le renforcement des partenariats avec les organismes existants en matière d’éducation à la sexualité
Sur ce dernier point, nous tenons à rappeler les rôles de certains de ces partenaires :
1) Le premier acteur est l’Education Nationale pour les jeunes scolarisés. Chaque collège ou lycée, doit avoir un comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté, lequel doit être actif sur toutes les questions de prévention et de respect de la citoyenneté. Le temps de présence des infirmières ou infirmiers devrait être nettement augmenté.
2) L’autre institution majeure définie par le législateur est le Conseil Général. Selon les lois de décentralisation de 1989 et les articles du Code de la Santé publique du 5 novembre 1992, les départements ont la responsabilité de développer des services et actions de protection sanitaire de la famille et de l’enfance et doivent en assurer le financement. Ce texte définit les activités de planification et d’éducation familiale, par la mise en place de centres de planification et d’éducation en indiquant le nombre de demi-journées de consultation pour 100 000 habitants de 15 à 50 ans. Ces activités sont gérées directement par le service public ou en délégation de service public. Notre région a 4 types d’acteurs gérant des centres de planification : hôpitaux, conseils généraux, communes, associations locales, ou le Mouvement Français du Planning Familial pour 2 départements seulement en Rhône-Alpes.
3) Les derniers acteurs cités sont les associations. Celles-ci sont à même d’assurer la mission d’information sur le pass contraception, néanmoins la seconde étape d’accompagnement est plus complexe et doit s’inscrire dans la durée, dès lors ce rôle devra réellement faire l’objet de conventions de partenariat clairement définies.
Il reste toutefois, quelques interrogations notamment en ce qui concerne le budget ce cette opération, et la faisabilité des divers partenariats.
En effet,
– Les personnels de l’Education Nationale, des centres d’apprentissage, des missions locales ou d’hébergement, etc., sont ils en nombre suffisant et assez formés dans ce domaine, pour offrir l’écoute et le temps d’explication nécessaire à l’utilisation du pass contraception ?
– Les départements ont-ils un nombre suffisant de centres de planification, et sinon comment les amener à répondre aux obligations légales de leur création ?
– Les médecins généralistes ou les pharmaciens sont ils suffisamment sensibilisés et disponibles pour répondre favorablement à toute demande, y compris dans les situations d’urgence, très fréquentes ? Sinon, comment les amener à s’inscrire massivement dans cette démarche ?
Enfin notre dernière interrogation porte sur la coordination des acteurs : Quel service administratif de la Région va coordonner l’ensemble du dispositif et veiller au suivi régulier de l’efficacité de la démarche, ainsi que l’évaluation pour tous les réajustements nécessaires ?
En conclusion : ce pass contraception ne règlera pas tout car le désir de grossesse est infiniment plus complexe que la raison qui doit prévaloir à faire naître et grandir un enfant mais. Mais grâce à l’action déterminée des 2 délégations de la jeunesse et santé environnement, la région Rhône Alpes est véritablement novatrice et précurseur de l’évolution des dispositifs de promotion et de prévention de la santé sur le territoire. Avec les services de l’Etat, des départements, la Région peut apporter un soutien à l’offre équitable de services, pour un accès au droit commun de prévention santé des jeunes de 15 à 25 ans sur l’ensemble du territoire.