Accueil Assemblée interventions discours de Marc Horvat, séance plénière du 20 mars 2015

discours de Marc Horvat, séance plénière du 20 mars 2015

Mesdames et Messieurs, le groupe Europe Écologie Les Verts a demandé une interruption de séance pour attirer votre attention sur le fait que, dans les médias, on ne voit plus le monde ouvrier [l'interruption de séance a permis de recevoir des délégués syndicaux qui manifestaient dans l'assemblée], alors que je rappelle quand même qu’il y a toujours autant d’ouvriers aujourd’hui que dans les années 60. Je rappelle que, pour les départementales qui ont lieu ce dimanche, il y a 4 représentants ouvriers parmi les listes du Parti Socialiste sur toute la France.

Je voudrais rendre hommage à Monsieur le Président de Région sur le travail qui a été accompli pour récupérer plus d’argent sur le CPER et surtout financer enfin la rénovation du POLT.

L’autre bonne nouvelle que je voulais partager avec vous, c'est le vote hier à l'Assemblée nationale de l'interdiction au 1er janvier 2016 des néonicotinoïdes dans le domaine de l'agriculture sur 61 cultures. Quand on parle de pesticides, on ne peut qu'évoquer le problème de l'agriculture biologique. Je vous remercie d’ailleurs Monsieur le Président d'avoir pris le temps de répondre tout à l'heure, même si je ne partage pas ce que vous avez dit. La note démontre qu’effectivement, depuis le début du PLAAB, et depuis surtout la faillite du GABLIM, les aides régionales sont en baisse.

Vous avez évoqué, Monsieur le Président, le fait qu'il y ait un salaire pour les agriculteurs biologiques. Je rappelle qu'en France, la moyenne des aides à l'agriculture s'élève à 150 % des revenus individuels des agriculteurs. Quand on parle de salaire, c'est toute l'agriculture qui est en question, et pas spécifiquement l’agriculture biologique. A l'inverse, c’est l'agriculture biologique qui en France reçoit le moins d’aides, proportionnellement.

On a une élection dimanche, et je ne ferai pas comme le Premier ministre, car personnellement, le Front National ne me fait pas peur, puisque, de toute façon, c'est le choix du peuple de voter pour lui. En démocratie, on ne peut pas avoir peur du choix des électeurs. Ce qui m'inquiète beaucoup plus - et je m'adresse à tous les groupes, le mien y compris - c'est qu'on arrive aujourd'hui à une situation assez paradoxale, où, depuis ce fameux funeste premier tour des élections présidentielles et des européennes où le Front National était arrivé en premier, nous puissions dans l'imaginaire collectif être jugés de manière moindre que les élus du Front National.

On voit aujourd'hui que ce ne sont pas des gens sérieux, autour notamment de cette espèce de névrose de la guerre d'Algérie qui fait débaptiser des noms de rues. Ce qui est beaucoup plus inquiétant, c'est que la réponse politique qu’on donne aujourd'hui n'est pas la bonne, et nous avons perdu le lien avec les citoyens. La déconnexion entre les partis politiques et la nation devient de plus en plus inquiétante. J'ai entendu le Premier ministre et le Président de la République s'inquiéter de l'absence des intellectuels : je ne crois pas qu’ils sont absents. Je crois surtout qu'on a oublié de les écouter.

Quand on évoquait ce matin l’histoire de la LGV, on citait la commission Duron. Mais quand cela ne nous arrange pas, on considère que la commission Duron n’a évidemment plus rien à dire. La Présidente du Conseil général de la Haute-Vienne s'interrogeait sur sa validité : il y a une expertise citoyenne, mais si on ne l’écoute pas, cela ne sert à rien de s’inquiéter de la disparition des intellectuels. C'est exactement ce qui s'est passé pour SIVENS : il a fallu le décès d'un jeune homme pour qu'enfin, le ministère de l'Environnement s'intéresse au sujet et dénonce une étude bâclée qui ne correspond pas à la réalité. C'est exactement ce qui a été dit par le ministère de l'Environnement, et il se trouve que, quelques jours avant une élection départementale, le Conseil général du Tarn décide encore de faire le barrage... Si ce sont vraiment des décisions qui répondent à la demande collective et à l'intelligence collective, c'est à ne pas y comprendre.

On a eu ces derniers jours des prises de parole assez étranges concernant le terrorisme : c’est assez machiavélique et surtout pervers de coincer les citoyens d'un côté entre le Front National et, de l'autre, Daech. C'est une manière de dire notre incapacité de gérer les conflits. Malheureusement, c’est ce qui a fait l'arrivée du fascisme en Europe. Nous reprenons exactement le même chemin, et c'est cette inquiétude que je voulais partager avec vous. Je vous rappelle qu’il y a une loi sur le renseignement, faisant actuellement l'unanimité des uns et des autres, qui est juste une atteinte aux libertés individuelles. Je vous cite l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et des citoyens en France : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminés, n'a point de Constitution ». Pour mémoire, cette nouvelle loi se positionne sur une commission d'enquête, sur la technique d'écoute, et non pas sur le suivi du judiciaire. C'est une inquiétude importante. La CNIL s'est positionnée, ainsi que les juges et les avocats : malgré tout, l'Assemblée nationale décide de voter cette loi.

Il y a eu beaucoup de débats depuis le 11 janvier dernier, et encore récemment les attentats en Tunisie qui, d’ailleurs, est la seule Constitution du monde arabe qui se déclare laïque. Cette laïcité dont tout le monde se targue, qui devient une sorte de laïcité patrimoniale. On est en train de remplacer l'étoile jaune par la tranche de jambon, si on écoute les propos de Nicolas SARKOZY sur le fait que certains n'auraient pas accès à un repas autre que celui constitué par du porc. Je rappelle que ce ne sont pas que les musulmans, mais aussi les juifs qui sont touchés, et d'autres religions dans le monde qui ne consomment pas de porc.

[Intervention du Président rappelant à Monsieur HORVAT que son temps de discours imparti est largement dépassé]
Je souhaiterais juste rappeler l'article 1 de la Constitution de la loi 1905 : « La République assure la liberté de conscience et elle garantit le libre exercice des cultes dans la limite des seules restrictions édictées dans l'intérêt de l'ordre public. » Que cela puisse nourrir ce débat de manière un peu plus ouverte.

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