Priorités régionales en environnement
Intervention sur les priorités régionales en matière d'environnement
Discution générale - politique régionale en matière d'environnement
Le mois de juin 2010 a tout simplement battu le record universel de chaleur sur la planète depuis que les relevés de températures existent selon l’agence océanographique et atmosphérique américaine. Et pourtant, le Président de la République a considéré, lors du salon de l’agriculture que l’environnement, « ça commence à bien faire ».
En fait, nous assistons à une contre offensive aussi brutale qu’elle l’est dans le domaine social, comme on le voit sur les retraites, vis à vis des enjeux écologiques et de la nécessité de modifier nos modes de vie, de production et de consommation.
Les lobbys s’activent pour nous démobiliser, et continuer leur offensive sur les OGM, les pesticides, l’eau, l’énergie, etc. beaucoup de nos concitoyens ne savent plus qui croire.
Mais rien n’y fait, cet été une enquête indépendante a mis hors de cause les experts en climatologie rassemblés dans le GIEC malmenés par les climato-sceptiques et une étude de l’institut national de la santé et de la recherche médicale confirme qu’au moins 1/3 des cancers sont d’origine environnemental et que le risque de contracter la maladie de parkinson est deux fois plus élevé lorsque l’on est en contact avec les pesticides. Ces travaux donnent ainsi raison au Professeur Belpomme, lui aussi malmené ces temps ci.
Il reste que pour notre majorité, il y a besoin d’une forte volonté et détermination politique pour réaliser de grandes ambitions d’autant qu’on attend aujourd’hui beaucoup plus de nous. Les élections régionales l’ont montré, l’évolution des comportements de nos concitoyens aussi ainsi que les pratiques des collectivités locales.
Notre groupe est, vous vous en doutez, satisfait par les grandes orientations définies par la communication présentée par la vice présidente Hélène Gassin, en charge de l’environnement, car elles ont pris la mesure des défis environnementaux auxquels nous faisons face, et fortement souligné le lien indissociable entre ces enjeux et les préoccupations sociales.
Sur ces deux points nous avons le devoir d’apporter des réponses fortes et cohérentes. Les crises sociales et environnementales touchent en premier lieu les plus fragiles : c’est le cas au niveau de notre région, où la précarité énergétique touche 10% des franciliens, mais aussi au niveau national et de façon encore plus criante au niveau international (les premières victimes des dérèglements climatiques sont toujours les plus pauvres des pays pauvres, les inondations au Pakistan nous l’ont rappelé récemment).
Il n’est pas inutile de rappeler quelques chiffres pour bien avoir en tête l’urgence à laquelle nous faisons face. Le Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émissions a mis en évidence une augmentation de 25 à 90% des émissions mondiales de GES entre 2000 et 2030, ayant pour effet une augmentation des températures dans une fourchette de +1,1°C à +6,4°C en fonction des six scénarios de référence. Conséquences ? Sécheresses, inondations, tempêtes, incendies à travers le monde, impactant directement la santé, l’alimentation, le cadre de vie de millions d’individus à travers le monde.
Je le répète, il n’est plus possible d’ignorer le lien entre urgence climatique et justice sociale, ni de reporter à demain les décisions, parfois difficiles, a prendre pour lutter contre la dégradation de notre planète, pays, région.
Quand le gouvernement va-t-il comprendre que la crise que nous traversons n’est pas uniquement économique, mais qu’il s’agit bel et bien d’une crise de civilisation dans laquelle tout notre modèle de développement est ébranlé, et qui se traduit de façon extrêmement violente sur le plan économique certes, mais aussi social et environnemental. Et quand va-t-il comprendre que les réponses à ces crises doivent prendre en compte leur complexité, et permettre d’engager un changement de notre modèle de production et de consommation ?
Les espoirs mis dans le Grenelle, qui devait nous ouvrir le chemin vers « le monde d’après » ont été déçu. Le Grenelle 2 n’engage pas vraiment la France vers la fameuse révolution écologique. Qu’il s’agisse de la biodiversité, de la décroissance des activités nuisibles, de la consommation énergétique, de l’émergence d’un nouveau modèle agricole enfin soutenable, les résultats demeurent très fragiles et sujets à la volonté d’un exécutif tout-puissant.
En tous les cas, cela ne nous dispense pas d’agir au niveau régional. C’est d’ailleurs l’un des messages fort que nous devons retenir des dernières élections.
Deux mots sur notre l’évolution du dispositif d’aide aux particuliers et aux maîtres d’ouvrage débordés par le succès et l’ampleur des demandes. Comme élu, jusqu’à présent j’ai été malheureusement plus habitué à être débordé par des demandes d’urgence sociale telles que le RSA et l’APA non compensés en totalité par l’Etat.
C’est donc plutôt une bonne nouvelle pour l’écologie que d’avoir traité autant de dossiers : 5 974 particuliers aidés et 995 projets de maitres d’ouvrages (collectivités, SEM, copropriétés etc). Reconnaissez que c’est complètement l’inverse des décisions gouvernementales qui suppriment les crédits d’impôt pour les énergies renouvelables tandis que ces riches qui détruisent la planète selon Hervé Kempf sont exonérés de leur dû.
Nous sommes satisfaits que dans le cadre de la redistribution des aides pour l’élaboration d’Agenda 21 locaux, l’accent soit mis pour soutenir les collectivités dont le potentiel financier par habitant est inférieur à la moyenne régionale. Cela montre une fois de plus la nécessité de réfléchir « social et écologie » ensemble. Nous sommes également satisfaits de voir que l'adaptation de la politique énergétique et notamment du soutien aux d’installations d’énergies renouvelables par les maitres d’ouvrages fasse des diagnostics énergétiques préalables de vrais outils d’aide à la décision. Cela va dans le sens de l’augmentation de la performance énergétique, condition nécessaire pour atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés.
En adoptant un objectif de division par 4 de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (dans le SDRIF), la région a pris un engagement à la hauteur des enjeux. Le GIEC estime en effet qu’il est nécessaire de diminuer les émissions entre -50% à -85% en 2050 par rapport à l'an 2000.
Pour atteindre ces objectifs, l’élaboration et l’adoption d’un plan régional pour le climat ambitieux doit nous mobiliser très fortement dans les mois qui viennent. L’engagement du « facteur 4 » en 2030 passera nécessairement par :
-   une forte diminution de notre consommation d’énergies fossiles de même que les consommations de produits à très fortes émissions de gaz à effet de serre.
-   L’amélioration de l'efficience des modes de production
-   Le développement des énergies renouvelables
Plus encore, l’élaboration du plan climat devra tenir compte de la complexité des crises dont je parlais. Et permettre d’engager la conversion écologique et sociale de la région. En cela, il devra se faire en lien étroit avec les Etats généraux. Pour atteindre nos objectifs, nous devrons également nous doter d’outils nouveaux.
Nous avons pris l’engagement de créer une structure publique pour les énergies renouvelables. Et vous le savez, notre groupe y tient beaucoup. D’abord parce que c’est un engagement devant les électeurs. Et la politique souffre tellement de promesses non tenues qu’il y a un véritable enjeu à tenir parole.
Ensuite, parce les enjeux dont nous parlons sont des enjeux d’intérêt général et de santé publique, sur lesquels les intérêts privés particuliers ne doivent jamais primer et faire dévier les objectifs. C’est un bon principe de démocratie et de précaution.
Cette structure devrait permettre d’initier un véritable cercle vertueux en mettant l’accent sur l’isolation des bâtiments pour réaliser des économies d’énergie, et réinvestir ces économies d’énergie dans l’isolation des bâtiments. Mais, cette structure pourrait aussi développer de façon dynamique les énergies renouvelables, encore trop peu présentes en région parisienne. Il faut que la puissance publique donne le ton et le rythme. Et comme vous l’avez dit ce matin, Monsieur le Président, le marché est rarement capable de penser les temps longs.
On le voit dans le domaine de l’eau, beaucoup de collectivités peut-être et sûrement échaudées par la gestion déléguée aux géants, comme à Paris et dans bien d’autres villes souhaitent reprendre la main. Effectivement, ces enjeux ont besoin de transparence, de citoyenneté et de désintéressement.
La géothermie dispose par exemple d’un potentiel de développement exceptionnel dans la région parisienne. Ainsi dans le Val-de-Marne, 16 puits chauffent 70 000 équivalents logements. Les études montrent que nous pourrions en chauffer 140 000 permettant ainsi d’économiser le rejet de 400 000 tonnes de CO2 l’air par an. Mais cette énergie renouvelable n’est pas par magie à l’abri des appétits exorbitants des marchés et de la spéculation. Et s’il n’y a pas en la matière de pôle (/contrôle ?) public, les prix monteront au fur et à mesure que les réserves de pétrole diminueront.
Nous avons besoin de garantir tout à la fois un bouclier social et un bouclier écologique. Et si nous ne fournissons pas le bouclier social permettant de limiter la facture énergétique notamment des plus démunis, il y a fort à parier que le bouclier écologique en sera freiné car trop dépendant des intérêts privés.
Une structure de type SEM ou SPL serait d’une très grande utilité et ce n’est pas difficile d’envisager au niveau des collectivités et d’autres maîtres d’ouvrage une mutualisation des moyens et des ressources permettant à la région d’Ile-de-France d’être une région innovante et exemplaire en matière d’énergie renouvelable.
Je veux finir en disant que Hélène Gassin peut être assurée de notre soutien sans faille. Notre groupe espère que les moyens dont elle disposera dans le budget 2011 seront au niveau des ambitions qu’elle a défendu.