Les quartiers populaires
Question d'actualité : les quartiers populaires
CONSEIL REGIONAL DES 18 ET 19 NOVEMBRE 2010
Monsieur Le Président,
Mes Cher-e-s collègues,
Il y a cinq ans, suite à la mort de Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois, en octobre 2005, les jeunes de nos quartiers populaires se révoltaient et nous faisaient savoir que leur situation ne pouvait plus durer. Pendant un mois, ces révoltes ont agi comme un révélateur de la fracture territoriale, mettant à jour les inégalités sociales, économiques, éducatives ou encore les inégalités de logement, de transports, d’emploi... Elles ont montré aussi à quel point les villes de banlieues ne trouvaient plus de moyen d’expression et se sentaient délaissées par un système qui ne les entendait plus.
Aujourd’hui, les inégalités, tant individuelles que collectives, n’ont jamais été aussi fortes dans la métropole parisienne. La politique de stigmatisation du gouvernement Sarkozy se poursuit : chasse au faciès, recherche de boucs émissaires, répression… Depuis cinq ans, malgré cette explosion de colère, rien n'a vraiment changé. La mise au ban d’une partie de la population et notamment de la jeunesse demeure et s’est amplifiée. La précarisation, le chômage, l’exclusion se sont renforcés. Les associations manquent de moyens et ne peuvent combler à elles seules le désengagement du gouvernement actuel qui pousse toujours plus à l’enclavement et à la marginalisation. Jusque là, la politique de la ville a été un échec et les soi disant plans Marshall successifs n’ont été que des annonces non suivies d’effet ; les politiques de saupoudrage n’ont pas donné de résultats tangibles pour les populations de ces quartiers. La situation, même, se dégrade : manque de moyens dans les services publics et suppression d’une partie d’entre eux, restrictions sur les personnels, disparition progressive de la politique de prévention, renforcement de l’enclavement et des inégalités fiscales. Le désengagement de l’Etat touche aujourd’hui de plein fouet les collectivités locales.
Cette crise, nous le savons, affecte des zones entières, et tout particulièrement la Région Île-de-France.
Pourtant, toutes les personnes, jeunes ou moins jeunes, pauvres ou moins pauvres, français ou immigrés, devraient avoir droit à la même reconnaissance, au même respect, au même traitement dans les services publics (Poste, Pôle Emploi, commissariats… ) et au même accès à l’emploi... Les projets portés par les habitants existent et ils sont nombreux, réalisables, concrets. A l'image des militants de l'association d’AC Le Feu, qui, un an après les révoltes, avaient déposé leurs cahiers de doléances… Les hommes et les femmes de nos quartiers, citoyens à part entière, riches de leur diversité, de leur créativité, de leurs valeurs, ne peuvent plus accepter de rester des invisibles de l’espace public et sont prêts à s’impliquer dans la définition des politiques publiques qui les concernent.
Les choix relatifs aux quartiers populaires sont toujours des choix de société ; ils reflètent et annoncent l'avenir que nous voulons collectivement construire. Nous voulons mettre la périphérie au centre et donner des moyens supplémentaires à celles et ceux qui sont les plus victimes des injustices de ce système, en matière d’éducation, de conversion écologique, de logement, de culture, de transports, de lutte contre les discriminations… D’ailleurs, nous sommes inquiets des menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. Nous pensons que, loin de limiter son fonctionnement, il faut lui redonner un sens qui allie l’urbain au social et lui donner les moyens qui lui permettent de poursuivre une véritable politique de rénovation urbaine. Face à l’état d’urgence sociale, il est du devoir des collectivités locales de prendre conscience de la gravité de la situation et de prendre la mesure de ce qu’il nous faut mettre en place à l’échelle de la région, pour contrer les inégalités territoriales actuelles, dans tous les domaines, et pour lutter contre cette fragmentation de la société française. Il est nécessaire aujourd’hui que la politique envers ces quartiers change d’ampleur.
Dans ces quartiers populaires, notre Président de Région disait au cours de la campagne régionale, que l’enjeu des élections, « était la vie quotidienne, l’avenir des enfants, un logement décent, des transports efficaces et surtout une Île-de-France où chacun peut avoir sa chance ». Qu’en est-il aujourd’hui ? La politique de la Région a-t-elle produit une vraie différence ?
Face à cette question, et face à l’urgente nécessité de pallier les inégalités territoriales, nous demandons à ce que le Conseil Régional fasse le bilan de sa politique en faveur des quartiers populaires de la région Île-de-France, depuis 2005, dans les domaines de l’emploi pour les jeunes, de la lutte contre les discriminations, du logement social, du désenclavement, de l’éducation et de la lutte contre l’illettrisme, des politiques de sécurité ou encore de l’accès au droit. Enfin, conséquemment à ce bilan, nous souhaitons, le plus rapidement possible, la mise en place d’un plan d’action concret et réalisable, à la mesure de ces enjeux, et l’adaptation des dispositifs existants.