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Le projet stratégique régional de santé

Le projet stratégique régional de Santé

Monsieur le Président,
Chers collègues,

Nous partageons tous plus ou moins le même diagnostic sur la santé des Franciliennes et des Franciliens et sur celui du système de santé : les Franciliens sont plutôt en bonne santé, même s’ils le sont de manière tout à fait inégale, ce qui doit être au centre de nos préoccupations. C’est bien à la dimension sociale du prendre-soin que nous devons porter notre attention.

Deux grands projets d’organisation des soins semblent s’opposer. Le premier fait prévaloir la rationalité économique sur l’humain et la qualité des soins et restant centré sur une réponse médicale. L’autre entend maintenir un véritable service public de santé, adapté aux grandes évolutions du monde d’aujourd’hui et des populations.  Elle nécessite le maintien d’une action collective forte et adaptées aux grands bouleversements contemporains. En ce sens, nous estimons que les principes d’action et les objectifs stratégiques présentés par l’ARS sont insuffisants et nous nous associons donc à l’avis défavorable proposé par madame la vice-présidente. Je souhaite également rappeler notre attachement à ce que l’on nomme la ‘démocratie sanitaire’, dans laquelle nous pensons notamment que les professionnels de santé, du prendre-soin ainsi que les associations de patients, d’aidants et d’accompagnants sont insuffisamment impliqués.

Sans répéter tout ce qui a été dit, et en rappelant notre volonté de réduire les inégalités territoriales et sociales d’accès au soin, de maintenir un service public de santé de qualité et donc de maintenir sur le territoire, notamment en dehors de Paris, des services reconnus, le groupe EELV entend a travers ce débat mettre l’accent sur deux points :

-    L’importance de prendre en compte les enjeux liés au vieillissement
-    L’importance de s’adapter aux évolutions du monde d’aujourd’hui, et donc de développer une politique de prévention et de santé environnementale

1/ Vieillissement et perte d’autonomie :

Est-il utile de le rappeler : le nombre de personnes en situation de perte d’autonomie devrait augmenter de 50% d’ici 2040 selon l’Insee. Dans le même temps, on compte depuis les années 2000 une forte diminution des capacités d’hébergement
, comme si le bien vieillir pouvait se résoudre simplement à coup de calmant et de médicament.

Or la vision du PSRS semble sur ce point largement limitée à une vision purement sanitaire. De la même façon qu’autour du débat sur l’assurance privée, il ya derrière ces réflexions la définition d’un véritable projet de société. Il y a bien une opposition entre deux visions, deux idéologies : la première met l’accent sur la notion de solidarité, de lien, de relations d’interdépendance ; la seconde magnifie l’autonomie, la compétition, le parcours individuel. Dans le premier cas, la solidarité répond à une logique collective, dans le second, elle s’inscrit dans une démarche individuelle.

Le terme de « dépendance », une nouvelle fois utilisé dans ce PSRS, résume parfaitement ces représentations négatives qui sont à l’œuvre dans l’imaginaire du vieillissement. La phase de concertation nationale qui vient de s’achever, pour la « prise en charge de la dépendance », s'inscrit dans cette idéologie de la victimisation et de la peur.

Je vous invite par exemple à voter la niche du groupe EELV sur les jardins solidaires, qui, en se proposant d’aider à la création d’espace d’échange (et donc de partage inter générationnel) et de bien être, tout en améliorant l’accès à une nourriture de qualité, est parti prenante d’une politique globale d’amélioration de la qualité de vie et de santé environnementale….

2/ Prévention  et santé environnementale :

Le deuxième grand enjeu qui n’est pas suffisamment pris en compte dans le PSRS est celui des maladies dites de civilisations, ou maladies chroniques. Celles qui sont liées pour une grande part à nos modes de vie, et qui nécessitent donc la redéfinition d’un projet global de société à travers une ambitieuse politique de prévention, qui concerne aussi la santé au travail ou l’habitat, et une politique transversale de santé environnementale.

En Ile-de-France l’obésité et le surpoids touchent plus nos enfants qu’en province. On y boit plus de soda, la fameuse campagne du PNNS : « manger 5 fruits et légumes par jour » y est moins efficace... En Seine-Saint-Denis, le nombre de diabétiques est supérieur de 30% à la moyenne nationale !

Autre exemple : nous avons également des taux d’infection au VIH plus importants qu’ailleurs. Il ne faut pas laisser de côté ces combats.

Au niveau des cancers, la mortalité a pu reculer grâce a la prévention, aux dépistages…. Mais il reste beaucoup à faire, notamment pour les femmes, qui sont en situation de sur-mortalité par rapport aux hommes, tous types de cancers confondus. Cette réalité est à mettre en relation avec l’augmentation du nombre de produits cancérigènes dans notre environnement, que nous absorbons des quantités croissantes dans l'air, dans l'eau ou dans l'alimentation.

Prenons un autre sujet d’actualité. Le débat sur le cannabis, qui illustre bien la vision pragmatique des écologistes en matière de santé publique. La légalisation du cannabis ne serait-elle pas une mesure de santé publique ? Il y a aujourd’hui 4 millions de personnes en France qui prennent les risques liés à la consommation  de cannabis. Or, aucune politique d’accompagnement et de prévention ne leur est destinée ! Plutôt qu’une politique de l’autruche qui réduit délibérément le débat autour de vieux reflexes sécuritaires et conservateurs, légaliser permettrait non seulement de réduire les trafics, mais aussi de dégager des fonds permettant de mettre en place une véritable politique de prévention et de santé vis à vis de l’ensemble des consommateurs.

On pourrait rajouter tous les problèmes liés au stress, aux nuisances liées au bruit, aux problèmes respiratoires liés à la pollution de l’air, etc…

Dans de nombreux secteurs, comme le logement avec la lutte contre le saturnisme ou la rénovation thermique, le soutien à l’agriculture biologique, l’éducation à la santé et à l’environnement, ou encore le sport et les loisirs, la Région s’est engagée de façon volontaire, ce qui devrait la placer au centre du projet de politique de santé de l’ARS. Or ce n’est pas le cas. Si l’ARS semble reconnaître ces enjeux, elle ne paraît pas se donner les moyens de les prendre à bras le corps, s’enfermant une nouvelle fois dans une logique strictement sanitaire, tristement doublée de l’obsession de la rationalité économique.

Les écologistes en sont convaincus, plus que des traitements thérapeutiques, c’est bien un changement de société que nous devons, ensemble, prescrire. Ce PSRS ne représente pas pour nous la bonne ordonnance.

Je vous remercie.