La Chambre d’agriculture de Seine-Maritime appelle les agriculteurs à la désobéissance!?

Réduction des pollutions de l’eau aux nitrates : La Chambre d’agriculture de Seine-Maritime appelle les agriculteurs à la désobéissance!?

 

Un courrier adressé par le président de la Chambre d’Agriculture de Seine-Maritime à tous les agriculteurs seino-marins, en date du 8 octobre, interroge quant au sens des responsabilités de cet organisme.

Chacun le sait, la pollution aux nitrates de la ressource en eau potable haut-normande flirte dangereusement avec des niveaux au delà desquels sa consommation menace la santé publique, tandis que la qualité des eaux de la Baie de Seine et de la mer du Nord est gravement atteinte.

L’agriculture, en Haute-Normandie comme ailleurs, ne produit pas toutes les pollutions par les nitrates, mais une part majoritaire, 66 %. C’est pourquoi l’Etat a décidé de renforcer la protection des zones vulnérables en prescrivant la réduction des doses d’azote employées, la limitation des périodes et des dates d’épandage, la couverture des sols destinée à limiter infiltrations et ruissellements.

Il faut souligner le caractère actuellement peu contraignant de ces prescriptions. Il suffit de se promener dans nos campagnes pour y constater, faute de contrôles, le retournement massif des sols laissés à nu. De même, les projets d’arrêté de délimitation des zones de captage Grenelle restent en souffrance.

Depuis l’adoption de la directive européenne nitrates… en 1991, sa mise en œuvre est, en France, sans cesse différée suite aux pressions des représentants officiels de la profession agricole, mettant notre pays sous menace permanente de contentieux.

Au regard de l’intérêt général et de l’urgence sanitaire, Il est inacceptable que le président de l’organisation financée par les pouvoirs publics pour accompagner la profession, conteste ouvertement « les nouvelles orientations définies aux niveaux national et régional » pour réduire les pollutions, qu’elle discrédite les mesures prises, et qu’elle appelle de fait les agriculteurs à la désobéissance.

Une proportion importante des exploitations agricoles sont aujourd’hui fragilisées par l’orientation libérale et productiviste de la PAC.

L’urgence est non pas de freiner mais de renforcer l’accompagnement de la transition des modes d’exploitation vers des systèmes à la fois plus respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs, plus créateurs d’emplois, plus rémunérateurs pour les paysans.

Il est regrettable que le président de la chambre de Seine-Maritime invite ainsi les paysans à foncer dans le mur en klaxonnant.

 

Claude TALEB et Perrine HERVE-GRUYER, conseillers régionaux de Haute-Normandie

 

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