LNPN: un nouveau scénario pour un projet moins irréaliste, mais de nouvelles inquiétudes

 

Aujourd’hui, la Commission Particulière du Débat Public (CPDP) sur la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) rend publics les résultats d’une étude alternative aux scénarios élaborés par le maître d’ouvrage Réseau Ferré de France (RFF).

Cette étude a été demandée par les groupes des élu-e-s régionaux EELV des trois régions concernées par le tracé de la LNPN : Basse-Normandie, Haute-Normandie et Ile-de-France. La réalisation a été confiée par la CPDP à des cabinets spécialisés dans les questions ferroviaires, les cabinets suisses BG et SMA.

 

La ligne directrice du cahier des charges, proposée par les écologistes, était d’élaborer une solution technique qui réalise le meilleur compromis entre les délais de réalisation, les temps de parcours, le coût pour les contribuables et les impacts sur l’environnement.

La priorité est accordée à la fiabilité du réseau et la qualité de service rendu aux usagers en recourant à chaque fois que possible à l’amélioration de l’existant plutôt qu’à la réalisation d’infrastructures nouvelles, toujours coûteuses et impactantes pour l’environnement.

 

L’autre priorité est le maintien des dessertes des gares régionales privilégié par rapport au gain de temps. Ainsi, les villes de Louviers, Val-de-Reuil, Dieppe et Lisieux se verront confortées par des dessertes urbaines là où elles étaient contournées ou desservies par des gares dites de « champs de betteraves » dans les scénarios LNPN.

 

En matière d’infrastructures, le nouveau scénario  prévoit sur les différents axes de la LNPN :

 

– La mise en œuvre du doublement de Paris-Mantes via La Défense, infrastructure inscrite dans les grands projets de l’Ile-de-France,  indispensable au traitement de l’engorgement chronique de cet axe handicapant toutes les liaisons avec la Normandie ;

– La réalisation d’un tronçon de ligne nouvelle pour contourner le « Mantois », la réalisation de la nouvelle gare de Rouen sur la rive gauche, un raccordement à la ligne Rouen-Le Havre avant Malaunay pour préserver la desserte de Dieppe ;

– La réouverture de la ligne Rouen-Evreux sur le tracé d’origine permettant de desservir par des gares urbaines Evreux, Louviers et Val-de-Reuil ;

– La réalisation de deux des shunts Bussereau en direction de Caen permettant de préserver la desserte de Lisieux tout en améliorant la performance de la ligne.

 

La circulation étant assurée par des trains à deux niveaux circulant à 200 km/h sur les axes Paris-Le Havre et Paris-Caen et 160 km/h entre Rouen-Evreux, cela permettrait d’améliorer significativement les temps de parcours actuels en gagnant vingt minutes environ sur les Paris-Le Havre (1h40) et Paris-Caen (1h30), et ce en préservant les dessertes locales.

 

Le coût global de ce scénario est estimé à 7,9 milliards d’euros, dont 3,4 milliards d’euros sur la partie qui fait l’objet de variantes. Les élu-e-s écologistes des trois régions se félicitent d’avoir pu contribuer à imaginer un nouveau scénario qui coûte 3 à 6 milliards de moins que ceux proposés par RFF dans le débat public.

 

C’est un premier pas vers une solution plus réaliste car un peu moins éloignée des capacités financières des acteurs du projet, d’autant que RFF a annoncé des surcoûts qui devraient être pris en charge par la puissance publique…

 

Pour les écologistes, il y a urgence à se mobiliser pour rendre les phases indispensables de la LNPN réalisables (Mantois, Gare de Rouen, …). Nous avons en effet appris ce vendredi que Nathalie Kosciusko-Morizet demandait à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) de faire un tri dans les projets inscrits au Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT) dans lequel la LNPN est classée…16ème ! Si l’on rapproche cela de l’absence de l’Etat dans ce débat, de l’absence remarquée de solutions de financement concrètes, ceux qui veulent améliorer, tout simplement, le train ont de quoi être inquiets.

 

Pour les écologistes, qui sont depuis le début du débat prudents sur le réalisme du projet, il y a urgence à définir un plan de financement réaliste qui écarte un Partenariat Public Privé (PPP) et une hausse généralisée du prix du billet. Largement déçus de l’absence d’avancées lors du débat public consacré au financement mardi 17 janvier à Paris, les élu-e-s écologistes demandent des annonces concrètes notamment de la part de l’Etat,  avant la réunion de clôture à Caen le 30 janvier.

 

Sans cela, nous basculerions brutalement d’un rêve à 15 milliards d’euros à l’absence pure et simple de toute amélioration sur les lignes normandes qui en ont pourtant tant besoin. Le projet que nous défendons c’est l’amélioration du train quotidien pour tous, cela va de pair avec la nécessaire sobriété des investissements.

 

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