Discours de politique générale par Jérôme Bourlet

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Monsieur le Président, cher-e-s collègues,

 

Le Sommet de la Terre de Rio+20 est terminé, l’heure est venue d’aborder le bilan et les perspectives en matière de développement durable à l’échelle mondiale.

 

On attendait de ce 4ème Sommet de la Terre un nouveau souffle, qu’une nouvelle étape soit franchie et nous n’aurons obtenu qu’une réaffirmation des engagements pris il y a 20 ans et la simple reconnaissance de quelques nouveaux enjeux oubliés comme les océans. On ambitionnait l’adoption d’un programme d’actions et on ressort avec un simple programme de travail.

La déception est immense.

La responsabilité des Etats dont le seul objectif était de faire obstacle à toute avancée, Etats-Unis, Canada et Russie en tête est fortement engagée.

 

Si la dette financière au niveau planétaire, conséquence d’une  politique néolibérale, est une évidence pour  tous, on oublie encore la dette environnementale, avec pour conséquences :

– Une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre ;

– Une augmentation de la déforestation ;

– Une consommation alimentaire qui augmente plus vite que la population, avec en parallèle une pression foncière croissante ;

– Une raréfaction des métaux et des hydrocarbures…

 

En clair, l’espèce humaine vit, plus que jamais, à crédit et épuise les stocks. Car il faut aujourd’hui à la planète plus d’un an et trois mois pour reconstituer l’ensemble des ressources renouvelables consommées en un an.

Devant ces chiffres, on pourrait s’attendre à des changements de vision concernant le développement.

 

Mais l’actualité en France de la semaine dernière, avec l’autorisation pour Shell de commencer les travaux de forage au large de la Guyane nous laissent perplexes. Une nouvelle fois les lobbys pétroliers ont agité le spectre de l’indépendance énergétique française, basée sur des ressources fossiles, qui ne feront qu’augmenter les émissions de dioxyde de carbone…

 

Les Françaises et les Français attendent le changement, et au terme d’un an et demi de débat électoral soutenu, la part de la société qui croit encore à l’utilité du vote a écarté pour cinq ans la droite de l’exercice du pouvoir et de la possibilité de faire des lois.

Celle-ci a été sanctionnée pour la pierre apportée à l’implacable système de la finance, pour l’énorme creusement des inégalités, pour son mauvais style de gouvernement, pour son irrépressible propension à diviser toujours et encore le corps social. Pour ses mensonges permanents en matière d’environnement…

Sanctionnée enfin pour la dérive extrémiste d’une partie d’entre elle, qui a cru malin de courir derrière les thèses de l’extrême droite xénophobe et antieuropéenne.

L’état dans lequel dix ans de gouvernement de droite et cinq années de sarkozysme laissent la France est préoccupant : surendetté, mal outillé face à la crise globale, ayant négligé sa dimension écologique et peu préparé son appareil productif à l’inévitable transition énergétique, miné moralement par l’abandon de pans entiers de ses territoires et de ses populations, ainsi que par le délitement démocratique. Depuis dix ans, notre pays se trouve confronté à des défis immenses.

 

Il lui faut impérativement, dans les années qui s’ouvrent, retrouver les voies de la cohésion, reprendre le chemin de l’application du droit pour tous à l’habitat, à l’activité, au revenu, à l’éducation et à la nature, investir pour l’avenir, et notamment pour celui de la planète, alors même que le règlement des factures impayées du passé va peser lourd.

Pour cela, les électeurs ont clairement donné au parti socialiste et aux écologistes une large majorité.

Ils ont l’un dans l’autre approuvé un programme présidentiel marqué par un retour à la normalité démocratique, par un équilibre plus juste entre travail et capital, un dosage à priori plus équitable entre rigueur et solidarité, une stratégie tournée vers l’Europe et la décentralisation.

 

Et sur ce dernier point, les écologistes, avec Cécile Duflot comme ministre de l’Egalité des territoires – et non de l’aménagement du territoire, feront tout pour accompagner une réforme territoriale qui sera plus aboutie, plus concertée et qui aura pour objectifs :

– D’assurer une solidarité entre les territoires ;

– De rapprocher la décision des citoyens ;

– De renforcer le rôle des régions ;

– De revoir la fiscalité locale pour une autonomie responsable des collectivités ;

– Et permettre aux étrangers de voter aux élections locales.

 

Localement, la majorité présidentielle a marqué des points avec 4 députés socialistes en plus, sans oublier  l’excellent score au premier tour de Véronique Moinet, candidate écologiste d’union, résultat d’un travail partagé sur le terrain entre les militants socialistes et écologistes.

Par delà les résultats électoraux le changement est déjà visible. Que ce soit chez Sealynx, où Renault vient de s’engager pour le maintien de 500 emplois sur le site jusqu’en 2015, où l’intersyndicale fait la proposition de travailler sur le recyclage  des joints, car elle est consciente que la ressource en hydrocarbure va en diminuant.

Ou bien toujours dans la vallée de l’Andelle, le site M-Real d’Alizay qui va trouver un repreneur autour d’un projet industriel portant tous les éléments de la conversion écologique :

– Fabrication de pâte à papier à partir de papier recyclé ;

– Fabrication d’agro-carburant qui pourra alimenter Pétroplus pour le raffinage ;

– Fabrication d’électricité verte à partir d’une chaudière biomasse ;

– Fabrication de pellets (granulés de bois) avec transport fluvial jusqu’à Paris.

Et à terme la création de près de 500 emplois !

 

Vous l’aurez compris après cet exemple, l’indépendance énergétique de la France n’est pas dans l’uranium et encore moins dans le développement des gisements d’hydrocarbure qu’ils soient conventionnels ou pas. L’indépendance énergétique de la France est dans la transition énergétique comme le montre bien la politique de notre Région avec les chèques énergies et le soutien aux éoliennes offshores.

 

Je vous remercie…

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