Wilfrid Séjeau
Président de la commission Culture et Tourisme
Depuis deux ans je préside la commission culture du Conseil régional. C’est un travail passionnant qui m’a permis de rencontrer de très nombreux acteurs, créateurs, artistes ; toutes les semaines je reçois à Dijon ou Nevers des porteurs de projets qui donnent à voir toute la richesse de la vie culturelle régionale. Depuis le début du mandat nous avons accompli, avec les services et les élu/es de la commission, un important travail pour redéfinir les critères d’intervention du Conseil régional.
Nécessité faisait loi : pour garder des marges de manœuvre dans un budget de plus en plus contraint, il était nécessaire de mettre fin au saupoudrage comme à des reconductions automatiques de subventions qui tenaient parfois à des coutumes « exotiques et historiques ». Cet exercice a permis de réaffirmer nos priorités et de donner un coup de pouces aux actions innovantes, aux festivals émergents ou aux nouvelles manifestations.
Soutien aux lieux de diffusion
C’est notamment dans le domaine du spectacle vivant que nous avons le plus agi. Il ne suffit pas d’aider les compagnies à créer, il faut leur permettre de jouer leurs créations, de « tourner » en bourgogne et hors de la région. Pour cela il est nécessaire de pouvoir compter sur un solide réseau de lieux, théâtres, festivals. C’est la garantie d’une vie culturelle riche, répartie de façon équilibrée sur le territoire, attentive à tous les publics, y compris celles et ceux qui ne vont jamais au théâtre.
Durant l’année 2012, nous avons donc travaillé à un nouveau dispositif de soutien aux lieux de diffusions ; il ne s’agit pas là des grandes scènes, des théâtres conventionnés – que nous aidons déjà – mais de tout un réseau dit « secondaire ». Ce sont des salles de plus petites taille mais qui réalisent un véritable travail de programmation et de médiation avec le public. Nous avons insisté sur des critères : l’importance du budget artistique et la présence sur place d’une équipe professionnelle dédiée à la programmation, actions de médiation à destination de publics ciblés. Ce nouveau dispositif devait entrer en application en début d’année.
La politique du rabot
Une question se pose néanmoins : le Conseil régional aura-t-il les moyens de son ambition culturelle ? Car notre collectivité s’endette. Ses finances ne sont pas florissantes et le budget Culture ne devrait pas être épargné par les coupes claires. En 2010 et 2011, les élu/es EELV avaient plaidé avec succès pour une « sanctuarisation » du budget Culture : c’est-à-dire la préservation des crédits au même niveau. Mais, le Président de Région entend désormais passer le rabot partout. Ce choix laisse perplexe quand, dans le même temps, le ministère de la culture annonce, lui aussi, une baisse inédite. Ce que la droite n’avait pas osé faire….
Faut-il encore rappeler que l’action culturelle n’est pas un supplément d’âme, qu’elle crée les conditions d’émancipation individuelle et collective, les bases de la vie citoyenne et du vivre-ensemble, qu’on ne saurait la réduire au simple divertissement ? La gauche aurait-elle oublié pourquoi la Culture figura naguère parmi ses priorités ? On sait pourtant trouver 1,12 millions d’euros de subvention pour accueillir Amazon en Bourgogne.
Question, sans doute, de priorité…