50M€ HT par minute gagnée : les vrais comptes de la deuxième phase de la LGV Rhin-Rhône !

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Europe-Écologie-Les Verts veut donner la priorité aux transports quotidiens utiles et accessibles à tous. A l’inverse, l’investissement supplémentaire de 1,160 Md€ sur les deux extrémités de la branche Est nous paraît totalement démesuré au regard d’un  gain de temps de 22 minutes. D’autant que ce lourd investissement va provoquer une augmentation du prix du billet, et une baisse de qualité de service pour les territoires.

Les présidents des Conseil régionaux d’Alsace, de Bourgogne et de Franche-Comté ont signé un protocole d’intention pour la réalisation et le financement de la seconde phase de la Branche-Est de la Ligne à Grande Vitesse Rhin-Rhône. Cette seconde phase de travaux est constituée d’une section Est entre Petit-Croix et Lutterbach (35km pour 850M€ HT), et d’une section Ouest entre Genlis et Villers-les-Pots (15km pour 310M€ HT). Ce protocole d’intention, dont la répartition entre les différents partenaires n’est pas chiffrée, est le préalable à une convention définitive dont la signature est envisagée à la fin de l’année 2012, voire au premier semestre 2013.

La seconde phase de la LGV Rhin-Rhône : une impasse financière

Les conseillers régionaux Europe Écologie – Les Verts d’Alsace, de Bourgogne et de Franche-Comté, ainsi que les élus municipaux EELV des villes de Strasbourg, Mulhouse, Belfort, Montbéliard, Lons-le-Saunier, Besançon, Dole, Dijon (etc.) ont souhaité une nouvelle fois unir leurs voix pour mettre en garde contre cette fuite en avant.

Nous appelons unanimement les collectivités locales à prendre en considération la situation dans laquelle se trouve désormais le projet de Branche Est seconde phase de la LGV Rhin Rhône : à savoir le désengagement de partenaires financiers (État, RFF, Suisse, Europe) et les dégradations parallèles du service des TER et grandes lignes corail. La seconde phase de la Branche Est s’affirme aujourd’hui comme une impasse financière (1,3 Milliard d’). 

La réalisation de la seconde phase de la branche Est, n’est pas nécessaire : les sections projetées correspondent à des zones courtes aux extrémités de cette branche, soit des voies vouées à la décélération et à l’accélération de la plupart des trains. Ainsi le dimensionnement en gabarit TGV de l’infrastructure n’est que très peu utile tandis que l’aménagement des voies existantes serait suffisant pour un coût beaucoup moins important.

« Investir là où le report des transports de la route vers le rail est le plus important »

Il faut assurément investir dans les transports collectifs, mais pas n’importe comment. On constate trop souvent que l’arrivée du TGV coïncide avec une baisse de la qualité de l’ensemble de l’offre pour les déplacements quotidiens et notamment les déplacements domicile-travail. Ainsi, l’usager  qui n’a pas toujours les moyens et pas souvent le besoin de voyager en TGV subit aussi une réduction de l’offre TER.

Ce sur quoi nous avons mis en garde depuis des années se vérifie malheureusement aujourd’hui. Les transports ferroviaires régionaux, que les collectivités locales ne cessent pourtant de soutenir financièrement dans le cadre de la multimodalité, subissent de plein fouet la stratégie du tout TGV. Dans une période de raréfaction de l’argent public, il faut choisir. Que souhaitons-nous développer prioritairement ? Un TGV qui dessert moins fréquemment nos gares et dont le prix du billet – de plus en plus dissuasif – réserve ses fauteuils à certains voyageurs pouvant se permettre le luxe de la grande vitesse ?  Ou une desserte quotidienne de qualité pour des usagers qui, pour 80% d’entre eux, effectuent des trajets de moins de 50km depuis leur domicile ?

Il faut investir là où le report des transports de la route vers le rail est le plus efficace, il faut investir pour les millions de déplacements du domicile au lieu de travail ou d’études, pour le fret ferroviaire et pour un meilleur maillage des territoires.

Ces objectifs passent par :

  •  le renforcement des voies actuelles pour permettre aux trains, par exemple, de rouler à 220km/h sur une voie actuellement à 160km/h, afin de mieux desservir et irriguer les territoires.
  • le maintien des lignes existantes et la réouverture de certaines lignes anciennes aux voyageurs ; le développement des lignes périurbaines,
  • la modernisation des gares et  des trains avec une offre de service cadencée, fréquente concourant  à une plus forte attractivité du transport collectif.
  • l’intégration et la mise en perspective de toute la chaine de la mobilité et ce en cohérence avec les territoires concernés.

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