Le golf de la Sommerau : 18 trous sans fonds !
Tribune publiée sur Rue89 Strasbourg le 31 octobre 2014
Les premiers travaux du golf public de la Sommerau sont prévus pour la fin d’année 2014. Dans un tribune co-signée, Jean-Michel Louche, conseiller municipal écologiste à Saverne et conseiller communautaire de la communauté de communes de la région de Saverne, et les élus régionaux écologistes du groupe Europe Ecologie Alsace expliquent leur opposition au projet qu’ils jugent coûteux et voué à l’échec. Ils demandent une consultation pour discuter de l’avenir de ce territoire.
Il n’est pas possible, en ces temps de crise profonde, de continuer à faire miroiter des lendemains meilleurs à grands coups de projets dévastateurs. Définitivement, non, le Golf de la Sommerau n’est pas une solution économique viable de projet structurant pour la région de Saverne. C’est un gouffre financier (tel que la « majorité alsacienne » sait si bien en engendrer…), une gabegie d’argent public et un échec programmé, au détriment de nos impôts, de la qualité de vie des riverains et de l’environnement. Regardons les choses sous ses différents aspects.
Un projet financier désastreux.
En ce qui concerne le budget d’investissement, il a été annoncé, lors de la réunion du syndicat mixte du 11 septembre 2014, que plus de 1,25 millions d’euros de fonds supplémentaires sont escomptés des collectivités, dont 500 000 euros de la Région. Or celle-ci a déjà acté 1,37 millions d’euros pour ce projet. En tout, c’est plus de 5,5 millions d’euros, presque entièrement publics, qui sont nécessaires à la mise en œuvre initiale de ce projet, qui concerne les loisirs d’un petit millier d’individus (estimation du tribunal administratif, avril 2013).
C’est sans compter les frais de fonctionnement, dont on sait qu’ils vont engendrer un déficit chronique : les collectivités membres devront injecter des fonds publics, à raison de 20% pour la Région, le Département et la Ville de Saverne et 40% pour la communauté de communes. Le plan de financement annuel prévoit en effet 650 usagers réguliers payant 1 149 euros et de nombreux usagers occasionnels, ce qui est irréaliste au regard de ce qui se passe dans le autre structures existantes en Alsace et au regard du passage de la ligne haute tension qui traverse le golf et réduit considérablement son attractivité, du fait des risques sur la santé engendrés…
Un projet largement contesté
Si ce golf est rêvé par quelques-uns depuis 20 ou 30 ans pour être un soi-disant équipement structurant pour le territoire, il rencontre de nombreuses et fortes oppositions dans la société civile :
- Avis défavorable du CESER (Conseil économique social et environnemental régional) Alsace, une assemblée régionale qui représente la société civile, en 2008
- Avis réservé du monde agricole (Chambre d’agriculture et agriculteurs avec 28 expulsions) qui y perd des terres fertiles
- Actions en justice menées par Alsace Nature, qui défend la préservation de la qualité de l’environnement et de la biodiversité sur cet espace de près de 79 hectares (dont 30 concernent les équipements du golf et dont 13 sont des zones humides précieuses écologiquement)
- Opposition de riverains, soit avec Alsace Nature, soit sous forme d’actions citoyennes (pétitions, manifestations…)
Quels bénéfices réels pour la population ? Treize emplois sont prévus, plus des salariés saisonniers. Les seuls partenariats concernent les hôtels hauts de gamme (3 et 4 étoiles). Pour combien de temps, au regard des difficultés pressenties ?
Se tourner vers un projet d’avenir par la gouvernance
Afin de limiter les pertes d’argent public et plutôt que de tenter de faire passer en force un vieux projet inadéquat et voué à l’échec, ne serait-il pas plus intelligent, plus constructif de mener une large consultation qui permettrait de discuter des perspectives d’avenir du territoire ? Il s’agirait de mener ainsi une démarche innovante qui permettrait de créer un projet structurant, peut-être novateur, qui remporterait réellement l’adhésion du plus grand nombre tout en respectant au mieux les spécificités de ce territoire.
Jean-Michel Louche, conseiller municipal et communautaire écologiste à Saverne, et les élus régionaux du groupe Europe Écologie Alsace