Réponse des écologistes à Jean-Jack Queyranne
Par nicole rouaire le vendredi 22 mai 2015, 08:00 - Actu - Lien permanent
Cher Jean-Jacques Queyranne,
Nous avons pris connaissance de votre courrier reçu le 11 mai 2015 en soirée et que vous avez communiqué à la presse dès le 12 mai au matin.
Tout d’abord, nous ne partageons pas votre analyse des élections départementales :
- Nous ne nous satisfaisons pas d’un taux d’abstention de près de 50% au 1er tour et ne saurions le considérer comme inéluctable ; l’abstention a été forte, en particulier, dans l’électorat qui avait voté en 2012 pour le changement et c’est cette abstention, liée à la déception et au sentiment d’abandon de toute une population au regard des promesses qui lui ont été faites, qui nous préoccupe au plus haut point.
- Affirmer que la gauche a perdu à cause de la multiplicité des candidatures est une mauvaise analyse des élections, au niveau politique comme au niveau électoral. Il y a eu un recul fort des voix qui se portaient traditionnellement sur les candidats socialistes, qui n’a profité ni aux écologistes ni aux autres forces de gauche. Ce recul est la conséquence de la politique gouvernementale qui sur la plupart des sujets, économiques, écologiques, démocratiques… ne réalise pas les engagements pris devant les électeurs en 2012 et met en péril l’efficacité des politiques des collectivités locales en imposant une baisse des dotations publiques insupportable et trop rapide. Au plan électoral, lorsque la gauche et les écologistes ont été éliminés au 1er tour, parfois d’ailleurs avec un seul candidat, nous n’étions pas en mesure de toute façon de l’emporter au second tour. L’addition, purement théorique, de nos voix au 1er tour, aurait permis d’atteindre et de gagner le second tour seulement sur une poignée de circonscriptions dans toute la région, et à chaque fois du fait de la présence du Front National.
- Nous partageons votre analyse et votre regret sur la nationalisation du scrutin, orchestrée par le premier ministre, en mettant volontairement le Front National au centre du scrutin. Comme toujours, nous aurions préféré que les débats portent sur les bilans des collectivités et les projets de chacun.
De toute façon, quelles que soient nos analyses respectives de ces élections départementales, ces dernières ne sont pas comparables aux élections régionales, dont le mode de scrutin diffère totalement. Le mode de scrutin binominal des élections départementales, mis en place par le gouvernement Ayrault, peu compréhensible, imposait d’être dans les 2 candidats en tête ou de faire 12,5% des voix des inscrits (soit environ 25% des voix exprimées lorsque l’abstention est de 50%) pour être présent au second tour. Dans le mode de scrutin proportionnel des élections régionales, il suffit de faire 10 % des voix exprimées pour être qualifié au second tour. Il n’y a donc aucun risque d’élimination de la gauche et des écologistes au premier tour.
De même, il n’y a aucun risque que l’extrême droite emporte la région même si nous pouvons craindre, malheureusement, qu’elle fasse un résultat élevé et obtienne plus d’élus qu’en 2010. Notre adversaire principal et commun est donc la liste UMP conduite par Monsieur Wauquiez, dont la victoire, fortement possible aujourd’hui, provoquerait un recul désastreux dans les politiques publiques que nous avons menées ensemble en Auvergne et en Rhône Alpes.
Comme vous le saviez avant de nous écrire, nous avons déjà pris notre décision pour ces élections régionales. Autour d’un projet innovant et ambitieux pour la région défendant les solidarités et la transition écologique, en s’appuyant sur nos réussites et nos expériences, nous construisons un large rassemblement de 1er tour avec tous les citoyens et toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans les valeurs de l’écologie politique : celles et ceux qui pensent qu’il ne faut pas attendre un hypothétique retour de la croissance pour proposer des solutions aux crises économique, sociale, écologique et démocratique. La transition écologique que nous souhaitons mettre en oeuvre ne peut pas se contenter d’une approche sectorielle des politiques publiques, elle a besoin d’une approche globale où chaque action du Conseil Régional doit s’inscrire dans une démarche de développement soutenable, en cohérence les unes avec les autres. Nous travaillerons notamment à :
- changer nos modes de déplacement en proposant une offre de transport en commun pour les déplacements du quotidien qui soit accessible à tous,
- changer notre modèle agricole stimulant la production en bio et le rapprochement producteur – consommateur,
- changer la façon de dépenser l’argent public dans l’économie en conditionnant les aides à des critères sociaux et environnementaux, en prenant en compte la durabilité de l’activité et des emplois créés, en aidant uniquement les entreprises qui en ont besoin.
Comme en 2004 en Rhône-Alpes et en 2010 dans toutes les régions françaises, nous porterons donc chacun de notre côté, au 1er tour, nos projets respectifs. Nous vous rappelons que la réunion des listes de gauche et écologistes, entre les deux tours, avaient permis nos victoires dans la quasi-totalité des régions. Nous souhaitons que le débat du 1er tour se fasse sur nos bilans communs en Auvergne et en Rhône-Alpes, sur nos projets respectifs, en toute responsabilité, dans le respect de chacun, en évitant les petites phrases et procès d’intention qui n’apportent rien au débat public et laissent des traces inutiles.
Nous avons décidé, sans ambiguïté, de chercher à réunir, entre les deux tours, toutes les listes de gauche pour créer une majorité favorable à la mutation écologique et solidaire au service des habitants de notre nouvelle région et pour empêcher l’arrivée d’une droite dure à sa tête.
Dès maintenant, nous sommes prêts à vous rencontrer pour en discuter.
Veuillez agréer, l’expression de nos salutations cordiales,
Pour EELV
Bruno BERNARD, secrétaire régional Rhône-Alpes
Nicolas BONNET, secrétaire régional Auvergne
Olivier MAROUZÉ, secrétaire régional Savoie