Signée par plus de 35 000 personnes, cette pétition a été remise à la Direction du groupe Michelin, le 16 janvier, à Clermont Ferrand, par le syndicat CGT Michelin et l’association Henri Pézerat. Dans la foulée, Madhumita Dutta, porte parole de la lutte engagée depuis 2007 par les Intouchables du village de Thervoy Kandigai, a apporté son témoignage au cours d’une conférence de presse et d’un débat public, auxquels une partie des élus du groupe écologiste ont assisté.

5000 Intouchables de la région de Chennai sont menacés par l’immense zone industrielle et la construction, d’ici fin 2012, de l’usine de pneus destinée à alimenter le marché indien des poids lourds et des bus. Acquise par la province du Tamil Nadu en 2007, cette zone industrielle de 1127 hectares pourrait accueillir bientôt d’autres usines, parmi lesquelles Bekaert India (production de câbles) et Harsha Glass (verre).

Pour les habitants de cette région, qui vivent de l’élevage, de cultures, et des ressources de la forêt, l’aménagement de cette zone industrielle représente une catastrophe sociale et environnementale. « Ils sont désormais contraints de marcher plusieurs kilomètres pour faire paître leurs troupeaux, sur des terres stériles », alerte Madhumita. Les rendements des cultures de riz, d’arachide et de piment sont fortement réduits, tandis que la confiscation et la destruction de la forêt risquent également de tarir les lacs approvisionnant les villages locaux en eau.

Opposées depuis le départ à ce projet d’aménagement industriel, les populations locales ont multiplié les grèves de la faim, les manifestations – entraînant violence des forces de l’ordre et multiples arrestations - et dernièrement, un recours juridique devant le tribunal environnemental de Dehli a même été déposé, en vue de faire reconnaître la dégradation de leurs conditions de vie et de jouir à nouveau de leurs terres.

En décidant de s’installer ici, Michelin ne pouvait ignorer le combat engagé par les villageois », estime Madhumita Dutta, qui dénonce "des cadeaux de l’État comme le classement de cette usine en projet d’utilité publique''. Des cadeaux qui, précise-t-elle, "se généralisent en Inde pour faire venir des investisseurs et dont Michelin profite".

michelin.JPG

Pour sa défense, le groupe Michelin s’est fendu d’un communiqué de presse mêlant politique de l’autruche, désinvolture, insolence et mépris des mouvements sociaux. En voici un extrait :

« Le Groupe a prouvé par le passé, lors de l’installation de précédentes usines en Europe, en Amérique ou en Asie par exemple, qu’il agissait de façon responsable envers les habitants et leur environnement. Il n’en est pas autrement en Inde. Michelin n’y a détruit aucune forêt, aucun pâturage. Au total, et bien que l’usine n’entre pas en production avant un an, Michelin aura investi en 2011 plus d’un million d’euros pour participer à l’amélioration des conditions de vie des villageois.

L’objectif de Michelin est de vivre en harmonie avec son environnement, partout où l’Entreprise est implantée. Dans le cas présent, alors que l’usine n’est pas encore sortie de terre, nos réalisations en cours, élaborées en allant au contact des villageois, consistent à : favoriser l’emploi des habitants de la région, former des adultes des 31 villages alentours à des disciplines aussi variées que les langues, la mécanique, l’informatique, la plomberie, la charpenterie, la boulangerie, la conduite, etc. afin d’améliorer leur employabilité, faire dispenser un soutien scolaire aux enfants ; organiser des soins et des opérations ophtalmologiques (plus de 2 000 personnes déjà suivies), des soins de médecine générale, de pédiatrie ou encore de gynécologie (plus de 1 000 personnes déjà suivies) ; ne rejeter aucun déchet et préserver l’environnement et les ressources en eau de la région, installer des unités de production de bio-gaz, désensabler des lacs et canaux d’irrigation de rizières.

Quelques dizaines de personnes s’opposent depuis le début du projet à la création d’une zone industrielle par le gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu dans la région. Ces réclamations doivent être adressées au gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu, propriétaire des terrains et seul décideur concernant cette zone industrielle »

De sacrés philanthropes !

Pour signer la pétition : cliquer ici