Après l’identification et le chiffrage des dépenses passées et actuelles, la Cour des Comptes a tenté de se livrer à un exercice à haut risque : prévoir le montant des investissements à venir. Autrement dit, renifler entre autres les coûts futurs du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets radioactifs ! Mission impossible ou presque, tant la nucléocratie française vit dans l’opacité.
Didier Migaud, le président de la Cour des Comptes, a d’ailleurs déclaré à la suite de la remise de ce rapport, que «La production d’électricité nucléaire a pour particularité qu’une partie de ses coûts est reportée après la période de production elle-même, pour des montants importants et sur une période de temps longue. Ainsi, l’ampleur et le calendrier des coûts qui y sont associés sont souvent mal connus et leur chiffrage repose sur de nombreuses hypothèses». Vous m’en direz tant !

Dans la douleur, la Cour des Comptes a ainsi tenté de sortir quelques chiffres, parmi lesquels :

- Le coût du démantèlement des centrales estimé à 18,4 milliards d’€, soit 317 millions d’euros par réacteur, un coût largement sous-estimé puisque les coûts du démantèlement de la centrale de Brennilis (Finistère) avoisinent déjà les 500 millions d’€ alors que l’opération n’est pas achevée…

- La gestion à long terme des déchets estimée à 28,4 milliards d’€, une « estimation fragile car le projet envisagé pour le stockage des déchets à vie longue, c’est à dire leur enfouissement en grande profondeur, n’est pas encore définitif » selon le communiqué de presse de la Cour des Comptes. Sic !

- L’augmentation à prévoir des investissements de maintenance : sur la période 2011 – 2025, ces dépenses devraient être doublées par rapport à 2010, passant ainsi à 55 milliards. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour l’illusoire sûreté des centrales !

- Et l’augmentation à venir du coût de production global de 10%.

Si le rapport de la Cour des Comptes reste incomplet, parfois discutable, il a le mérite d’ouvrir une brèche sur les coûts mirobolants de l’ensemble de la filière nucléaire, comme l’avait fait en 2000 le rapport Charpin-Dessus-Pelat : le mythe de l’électricité bon marché s’effondre. Au-delà des risques écologiques et sanitaires qu’il nous fait encourir, le nucléaire est un gouffre financier. Il le sera de plus en plus et il est temps d’en sortir !

Pour consulter le rapport et le communiqué de presse de la Cour des Comptes : cliquer ici