228 milliards d’euros pour le parc nucléaire : qui dit mieux ?!
Par nicole rouaire le jeudi 2 février 2012, 12:33 - Actu - Lien permanent
Le verdict de la Cour des Comptes est tombé ! Depuis les années
1950, la filière nucléaire dans son ensemble a coûté la bagatelle de 228
milliards d’euros ! A elles seules, la recherche et la construction des
installations nucléaires nécessaires à la production d’électricité (hors coût
Superphénix) affichent un prix astronomique de 55 et 121 milliards d’euros
!
Ajoutez-y un zeste de frais de maintenance et d’exploitation à 1,7
et 8,9 milliards d’€ / an, des dépenses publiques relatives «à la sûreté,
la sécurité et l’information des citoyens» à 280 millions / an, et vous y
trouvez le compte !
Après l’identification et le chiffrage des dépenses passées et actuelles, la
Cour des Comptes a tenté de se livrer à un exercice à haut risque :
prévoir le montant des investissements à venir. Autrement dit, renifler entre
autres les coûts futurs du démantèlement des centrales et de la gestion des
déchets radioactifs ! Mission impossible ou presque, tant la nucléocratie
française vit dans l’opacité.
Didier Migaud, le président de la Cour des Comptes, a d’ailleurs déclaré à la
suite de la remise de ce rapport, que «La production d’électricité
nucléaire a pour particularité qu’une partie de ses coûts est reportée après la
période de production elle-même, pour des montants importants et sur une
période de temps longue. Ainsi, l’ampleur et le calendrier des coûts qui y sont
associés sont souvent mal connus et leur chiffrage repose sur de nombreuses
hypothèses». Vous m’en direz tant !
Dans la douleur, la Cour des Comptes a ainsi tenté de sortir quelques chiffres,
parmi lesquels :
- Le coût du démantèlement des centrales estimé à 18,4
milliards d’€, soit 317 millions d’euros par réacteur, un coût largement
sous-estimé puisque les coûts du démantèlement de la centrale de Brennilis
(Finistère) avoisinent déjà les 500 millions d’€ alors que l’opération n’est
pas achevée…
- La gestion à long terme des déchets estimée à 28,4
milliards d’€, une « estimation fragile car le projet envisagé pour le
stockage des déchets à vie longue, c’est à dire leur enfouissement en grande
profondeur, n’est pas encore définitif » selon le communiqué de presse de
la Cour des Comptes. Sic !
- L’augmentation à prévoir des investissements de
maintenance : sur la période 2011 – 2025, ces dépenses devraient
être doublées par rapport à 2010, passant ainsi à 55 milliards. Qu’est-ce qu’on
ne ferait pas pour l’illusoire sûreté des centrales !
- Et l’augmentation à venir du coût de production global de
10%.
Si le rapport de la Cour des Comptes reste incomplet, parfois discutable, il
a le mérite d’ouvrir une brèche sur les coûts mirobolants de l’ensemble de la
filière nucléaire, comme l’avait fait en 2000 le rapport
Charpin-Dessus-Pelat : le mythe de l’électricité bon marché
s’effondre. Au-delà des risques écologiques et sanitaires qu’il nous fait
encourir, le nucléaire est un gouffre financier. Il le sera de plus en plus et
il est temps d’en sortir !
Pour consulter le rapport et le communiqué de presse de la Cour des
Comptes : cliquer ici