Parité, Ultimatum climatique, SRADDT : les interventions d'Agnès Mollon, au nom des élus Verts
Par nicole rouaire le jeudi 19 novembre 2009, 11:26 - Actu - Lien permanent
Pour faire suite au billet relatant la dernière Session du Conseil régional, voici les deux interventions faites par Agnès Mollon au moment des voeux et l'avis formulé par les Verts sur le Schéma régional pour l'aménagement et le développement durable du territoire
Intervention d'Agnès Mollon pour défendre le voeu sur l'ultimatum
climatique =
Augmentation des tempêtes, des inondations, des canicules, épidémies de
maladies infectieuses, réfugiés chassés des pays les plus durement touchés,
pour l’Organisation Mondiale de la Santé le changement climatique est déjà
responsable d’au moins 150.000 décès par an et ce chiffre devrait doubler d’ici
à 2030. Le rapport Stern estime que les coûts du changement climatique
pourraient représenter de 5 à 20% du PIB mondial en 2050, alors que 3%
seulement du même PIB suffirait. Pour tenter d’endiguer ce cercle infernal,
nous avons un rendez vous à ne pas manquer: la conférence des Nations unies en
décembre à Copenhague. Afin d'encourager les décideurs à prendre à cette
occasion des mesures exceptionnelles, la Région Auvergne souhaite s'associer à
l'appel "Ultimatum Climatique", afficher le drapeau Climate sur son fronton et
appeler largement à la signature de cet appel.
Intervention d'Agnès Mollon pour défendre le voeu sur la parité
=
Si le projet de loi sur l'élection des conseillers territoriaux était adopté
en l'état, les femmes, qui verraient leur effectif diminuer de 57,6% seraient
les grandes perdantes. Certes, il y aurait quelques avancées, bien légitimes.
Car enfin, au nom de quels principes les communes de moins de 3 500 hab
étaient-elles exemptées de l'obligation de parité ? Et pourquoi sont-elles
maintenant capables d'y souscrire ? Nous voyons bien dans les Conseils
Généraux actuels que l'élection au scrutin uninominal ne conduit pas à la
parité par la seule "bonne volonté" (si tant est qu'elle existe!) des partis.
Dans les communautés de communes, même les communes que leur taille oblige à
élire des femmes ne les envoie pas à égalité à l'assemblée communautaire,
encore moins au bureau de celle-ci. Ce n'est un secret pour personne, il y a
moins de mairesses que de maires, de présidentes que de présidents, dans les
collectivités, les associations et les entreprises.
Personne ici n'en conclura que les femmes sont moins capables que l'autre
moitié de l'humanité, et qu'elles n'ont de place qu'aux échelons les plus
proches de la base. Il est donc regrettable que cette avancée parfaitement
normale soit hélas accompagnée d'un recul scandaleux, qui renvoie les femmes
élues aux fourneaux, et qui n'est pas digne d'une société moderne.
C'est pourquoi nous souhaitons que la loi, quelle qu'en soit la teneur,
respecte la Constitution en maintenant le principe d'un scrutin de liste avec
obligation de parité, seul système électoral qui garantit l'égale
représentation des 2 sexes.
Intervention d'Agnès Mollon pour sur le SRADDT =
Ce SRADDT est bien évidemment l'objet d'un consensus large. Il a beaucoup
évolué au cours de son élaboration et nous en partageons les orientations
principales. Ainsi, il est important de renforcer la solidarité sociale et les
services à la population, ainsi que la solidarité intergénérationnelle (p21).
Pour celle-ci, il faut reconnaitre qu'elle se fait surtout grâce aux femmes,
que ce soit par leur travail gratuit lorsque cette aide se fait au sein de la
famille, ou par leur travail bien souvent précaire, à temps partiel et
sous-payé lorsque cela passe par les associations. Oui, il faut développer les
éco-activités et la filière-bois, laquelle au-delà du bois-énergie peut créer
des produits à haute valeur ajoutée. Oui, il faut aider les exploitations
agricoles à devenir autonomes et performantes, soutenir l'agribio, aider les
AMAP à se développer…
La Région prend l'engagement de lutter contre le changement climatique. Ça
passera par la limitation de la mobilité individuelle, par la densification de
l'habitat, par la réorganisation des circuits logistiques et la promotion des
circuits courts.
L'affirmation est forte concernant les énergies renouvelables; les lignes sont
tracées : nous inciterons les autres collectivités à développer des
politiques énergétiques territoriales, et nous avons les outils pour
cela : les Contrats Auvergne+; nous renforcerons notre appui aux EnR, que
ce soit sur l'investissement, la sensibilisation ou la formation.
Nous nous sommes même engagés dans la mutation de l'économie, puisque nous
avons pris p56 l'engagement d’une réflexion plus large sur l'économie du futur,
économe en énergie, ses conséquences sur les activités économiques régionales
et les efforts d’innovation que cela appelle. Les pratiques agricoles et la
situation des ressources en eau seront analysées à l'aune des changements
climatiques, qui impliqueront des mutations de la faune et de la flore. Les
trames vertes et bleues favoriseront la biodiversité, et les OGM dans nos
champs sont considérés comme persona non grata.
Nous nous interrogeons par contre quant à l'avantage comparatif par rapport aux
autres régions européennes (p28), qui n'est que le faux-nez de la compétition
entre les territoires, alors que nous appelons de nos vœux la solidarité entre
ceux-ci.
Les technocrates ont encore frappé… Qu'est-ce que le tourisme d'alicaments
(p36), et en quoi les alicaments peuvent-ils induire du tourisme ?
Et que dire de cette phrase magnifique, je cite : " Pour les filières
de grande culture, l’image de production de céréales de haute qualité,
permettant des transformations rémunératrices doit être cultivée en mettant en
valeur les aspects technologiques de la gestion du vivant, dans le souci
permanent du respect des écosystèmes de Limagne" ! Elle a dû être
écrite par le générateur de langue de bois … Je serais curieuse de savoir
comment la gestion technologique du vivant peut respecter les écosystèmes (dont
je crains qu'en Limagne l'agriculture productiviste les ait réduits à leur plus
simple expression…) ? Et ne serait-ce pas en contradiction avec le Plan
Biodiversité que nous allons voter aujourd’hui ?)
Ce SRADDT a-t-il pris la mesure des efforts que nous devrons fournir face à
l'enjeu des changements climatiques ? Bien que rappelant l'objectif
"Facteur 4", préconisé par le GIEC et le club de Rome, et repris par le
Grenelle de l'environnement, avec ses corollaires la réduction des déplacements
et l'organisation territoriale, notre Schéma préconise encore la
"performance du réseau routier". Un réseau routier performant a pour
objectif, ou au moins pour effet secondaire, de développer le transport routier
individuel et de marchandises, alors que le SRADDT préconise de le réduire.
Cherchez l'erreur. Sans doute notre société n'est-elle pas encore prête à
entendre qu'il lui faut changer ses modes de pensée anciens.