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La production de plutonium et de MOX
Rédacteur : jean-Pierre MORICHAUD
Dernière mise à jour : février 2002
État des lieux :
Rappel : Le retraitement pratiqué à La Hague et en Angleterre (Sellafield) conduit à trois lots de matières qui restent la propriété du client :
1% de plutonium purifié,
4% de déchets vitrifiés ,
95 % d’uranium non transformé (il y en 38000 t en stock à Pierrelatte, en attente d’utilisation).
Les deux usines de La Hague produisent chacune 8 tonnes de Pu par an, l’une pour EDF, l’autre pour l’étranger, principalement l’Allemagne et le Japon. En décembre 2000, les contrats de retraitement signés (18500 t de combustible usé (CU) dont 8156 t pour EDF) sont réalisés à 88%. Un nouveau " protocole d’accord " a été signé le 3 septembre 2001 entre EDF et Cogema pour retraiter 850 t/an jusqu’en 2007.
Le MOX (Mélange d’Oxydes) est composé de Pu dans de l’uranium appauvri venant de l’usine d’uranium Eurodif à Pierrelatte . Il peut servir dans les surgénérateurs comme Phénix et maintenant dans les réacteurs à eau légère (REL).
Les usines de MOX actuellement en activité sont à Dessel en Belgique (35t/an), à Cadarache (BdeR) (35 t/an pour l’Allemagne), et Marcoule (Gard) (115t/an pour EDF). Il y a 20 réacteurs à eau légère moxés en France sur 58 et 7/21 en Allemagne. Le Japon a suspendu l’emploi du MOX et arrêté son surgénérateur de Monju. Phénix à Marcoule est aussi arrêté depuis nov. 98. Donc les débouchés du Pu se raréfient.
Il y a cependant 78 tonnes de Pu en stock à La Hague. Elles seront difficiles à écouler sous forme de MOX, car ce Pu est trop vieux pour en faire du MOX (< 3 ans) et il ne sera pas repris par ses propriétaires sous sa forme actuelle, car c’est un cadeau empoisonnant. La fourniture de MOX est le moyen actuel de transformer le Pu pour pouvoir le restituer.
Les déchets vitrifiés commencent à repartir vers l’étranger. Ceux d’EDF attendent un lieu d’enfouissement.
L’uranium de retraitement (URT) attend la construction décidée par Cogema d’un usine de réenrichissement par centrifugation pour remplacer Eurodif.
Des éléments d’analyse et de discussion :
Sous la pression du complexe militaro-industriel du nucléaire et de nombreux groupes de pression industriels, intellectuels, sectaires et syndicaux, le Pouvoir a laissé la Cogema développer une source de profit devenue aujourd’hui sans issue productive. Elle ne se maintient que par le refus des populations européennes et japonaises de voir revenir les déchets de La Hague et la pression des travailleurs pour conserver leur emploi.
La solution évoquée par D.Voynet dans sa tribune du 19 décembre dans Politis de « reconvertir La Hague en une usine de conditionnement des déchets bruts » tient compte de ses éléments. Cogema a d’ailleurs déposé une demande d’extension de sa capacité de stockage de combustible usé au delà des 14000 tonnes actuelles.
Même si la quasi-totalité de la classe politique est pour le maintien d’un taux élevé d’électricité nucléaire, beaucoup de personnalités y penchent pour un arrêt de l’emploi du plutonium comme combustible. Beaucoup de travailleurs d’EDF aussi, à tous les niveaux. Le rapport Charpin-Dessus-Pellat, sur les coûts, et le soutien de généticiens comme JacquesTestard et Albert Jacquard sont en train de rallier l’opinion publique.
Cogema, qui tient à réserver le terme « retraitement » à l’extraction du Pu, cherche peut-être une issue du coté de l’emploi de l’URT à la place du MOX, décidément cher et rejeté par l’opinion internationale. Il faut tenir compte du contrôle récent de Cogema sur toute la filière française de l’uranium, y compris l’enrichissement en 235 par Eurodif.
Le Japon vient de dénoncer son contrat de MOX avec Cogema, le principal électricien anglais British Energy renonce au retraitement . Il ne reste plus que les sept REL allemands, deux en Belgique et un en Suisse, pour utiliser du MOX en Europe, hors de France. Les débouchés commerciaux du Pu se réduisent.
Reste posé le problème de la destruction du Pu existant. Peu de techniciens croient dans une application industrielle de la transmutation, ...pas même le président de l’Andra.
Le problème se pose aussi à l’échelle mondiale, puisque les accords USA-URSS sur la diminution de leurs stocks atomiques a libéré environ 180 tonnes de plutonium, 130 en Russie et 50 aux USA.
En réduisant progressivement la part de l’électronucléaire pour s’en passer en 2025, comme le souhaitent les Verts, c’est 15000 tonnes de combustible usé qu’il faudra entreposer d’ici là. La capacité actuelle des piscines de La Hague y suffirait (14000 tonnes).
La position des Verts sur le Pu et le MOX :
Elle reste celle du CNIR du 30 août 98 : :
Arrêt immédiat de l’extraction du Pu à La Hague,
arrêt immédiat de la production de MOX « combustible » à Melox comme à Cadarache,
résiliation des contrats de MOX avec EDF et les clients allemands, comme avec le Japon,
fermeture de l’ATPu de Cadarache, comme prévu, et reconversion éventuelle de Melox en production d’un MOX « déchet » confinant le Pu pour pouvoir le restituer,
entreposage du combustible usé en l’état, sans retraitement, jusqu’à 2025.
Personnes et associations ressources :
WISE -Paris, Xavier Coeytaux, 31-33 rue de la Colonie, 75013 Paris, tél : 0145654793.
le CRILAN, Didier Anger, 10 rte de l’Etang Val, 50340 Les Pieux, tél : 0233524559.
le Forum Plutonium, Jean-Pierre Morichaud, les Oliviers, 26110 Venterol, tél : 0475279767.
l’ACRO, David Boilley, 138 rue de l’Eglise,14200 Hérouville St Clair, tél :0231943534.
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