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« Nucléaire et démocratie », par Marie-Christine Blandin
paru le 19 juin 2008 sur le site Mediapart

Pour Marie-Christine Blandin, sénatrice Verte du Nord, l’incident de Tricastin révèle au grand public l’opacité et l’impunité dont bénéficie la filière nucléaire. En cause : les insuffisances de la loi sur la transparence du nucléaire. Elle nous a fait parvenir ce texte :

Le panier percé du nucléaire cache d’autres pertes de substances, celles de la démocratie. Les accidents de Tricastin, puis de Romans ne font que mettre en évidence les failles de la loi « sur la Transparence Nucléaire » dénoncée dès le débat au Parlement par les Verts.

Sous couvert d’indépendance, le Parlement a été dessaisi et le monopole a été donné à une Autorité administrative, chargée d’assurer seule « le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires et de contribuer à l’information des citoyens ».

Mais sous couvert d’efficacité, et sans aucune précaution d’indépendance, l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’appuie sur l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), établissement public industriel et commercial. Or l’IRSN est pour partie financé par le commissariat à l’énergie atomique (CEA), EDF, AREVA, c’est-à-dire précisément les acteurs que l’ASN, est censée contrôler ! Visiblement les leçons du CPA, comité de prévention de l’amiante financé par les industriels qui la fabriquaient, et acteur de l’omerta sur la toxicité du matériau, n’ont pas été tirées.

Aujourd’hui l’ASN crie bien fort et gronde les industriels pris en faute ; mais elle non plus n’a pas rempli sa mission, en laissant se poursuivre l’exploitation, alors que chacun savait que la cuve de débordements éventuels était percée, au point que des travaux y avaient lieu. L’Etat lui donne pourtant les moyens des inspections : 50 millions d’euros d’argent public en direct et 70 millions pour ses missions confiées à l’IRSN.

Parmi les commissaires qui la pilotent, on retrouve la culture des Mines, du CEA, de l’Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants (OPRI) qui remplace depuis 1994 le fameux Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI, de 1957 à 1994), dont le Directeur Pellerin déclara après Tchernobyl qu’il n’y avait pas lieu en France de prendre des mesures spécifiques pour la santé des populations. Ils se vantent de leur impartialité, de leur indépendance, et de leurs compétences pour nous rassurer... mais 75 kilogrammes d’uranium s’échappent et ils nous informent tardivement et de façon incomplète : les questions posées sur la nature des radionucléïdes qui se sont échappés, ou sur le taux de dépassement des plafonds admissibles restent sans réponse (le courrier que j’ai adressé à l’ASN le 10 juillet été suivi d’une réponse le 16 juillet, mais bien incomplète).

Mais au fond qui veut vraiment savoir ? Alors que les lois Transparence Sûreté Nucléaire et Déchets Radioactifs datent des 13 et 28 juin 2006, on ne peut que s’étonner d’entendre à l’audition par l’ Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques du 8 avril que quatre décrets n’ont toujours été promulgués :

-  la mise en œuvre de l’obligation d’information par les responsables d’activité nucléaire.

-  le rôle des salariés en matière de prévention des risques.

-  la nature des informations à transmettre par les responsables d’activités nucléaires pour la réalisation de l’inventaire national des déchets.

Et après on s’étonnera de l’information donnée par les associations militantes que leur alerte sur des déchets enterrés à Tricastin en toute illégalité ne soit pas suivie d’effets !

Quand fut votée, mais non suivie de décrets, la mesure qui limite le libre exercice des activités de vide-grenier, le Conseil d’Etat fut d’une vigilance rigoureuse pour interpeller l’Etat. Mais quand quatre décrets manquent à la sûreté nucléaire, on n’entend pas d’émotion.

L’accident de Tricastin est un véritable révélateur grand public de l’opacité et de l’impunité dont bénéficie la filière nucléaire : décrets non sortis dans les temps, faillite de la mission de ceux qui doivent contrôler, négligences de l’exploitant, soupçons sur des dépôts d’uranium militaire abandonnés, gestion au jour le jour selon les mesures des eaux analysées, y compris d’inquiétants résultats au robinet, et bien sûr toujours pas de registre des cancers sur tout le territoire français, malgré les promesses du Plan National Santé Environnement : qui a peur de la vérité ?

Marie-Christine Blandin est sénatrice (Verte) du Nord.

Article publié par Mediapart le 19 juin 2008


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