Une éducation coopérative


François COQ 2017 - une éducation coopérativeL’éducation, l’école, sont des sujets très débattus dans cette campagne. Il y est souvent question de concentrer les efforts en primaire, sur les « fondamentaux ». La lecture, l’écriture, le calcul sont bien sûr incontournables, mais ils ne sauraient à eux seuls constituer le socle d’une éducation. Savoir vivre bien ensemble et comprendre ce qui nous entoure dans une large vision de l’humanité au sein de la biosphère est indispensable. De même, les compétences d’autonomie et de coopération ne doivent pas attendre.

Depuis les années 1920, la pédagogie Freinet permet aux enfants de progresser à leur rythme, matière par matière. Elle propose de les autonomiser et de les responsabiliser, tant dans leur parcours pédagogique que dans leur vie de classe. Elle favorise l’expression orale, l’ouverture aux autres, la curiosité, la pratique de travaux manuels, comme en Finlande. Les disciplines sont enseignées de façon transversales, beaucoup par l’exemple, et le professeur intervient surtout comme médiateur. Lors d’une projection du documentaire « désir d’école » le Collectif Transitions du Périgord Noir avait animé un débat sur cette pédagogie. Les professeurs des écoles présents étaient soit déjà acquis, soit séduits par cette pédagogie bienveillante et efficace, mais nécessitant de leur part une formation complémentaire, actuellement à leurs frais et prise sur leurs congés. Nous proposons qu’elle soit intégrée dans leur formation initiale, et proposée en formation continue.

En secondaire, la transversalité de l’enseignement reste essentielle, avec une ouverture au monde encore accrue auxquelles toutes les disciplines doivent participer. C’est ainsi que l’on peut donner du sens à l’enseignement, en fonction de la maturité des élèves. Reste à trouver dans les programmes l’équilibre entre cette richesse et le rythme scolaire : il n’est pas normal que certains élèves travaillent plus que des adultes ! Mais peut-être que la notion de programme est à revoir, avec un tronc commun, et des variations à la discrétion de l’équipe pédagogique.

L’enseignement technique doit être revalorisé, d’abord grâce à son introduction à l’école primaire : manipuler des matériaux, cultiver un jardin, observer des phénomènes physiques et chimiques, cuisiner… C’est l’image même des métiers « techniques » qu’il faut revaloriser, comme en Allemagne, en améliorant les conditions de travail et les salaires de ces professions. Notre proposition de transfert d’une partie des cotisations sociales vers une taxe sur la consommation va dans ce sens. Mais il faut aussi mettre l’enseignement technique au centre de l’enseignement secondaire, toujours dans le cadre de la transversalités des enseignements (pourquoi un élève de filière littéraire ou scientifique ne devrait rien connaître de l’électro-mécanique ou de la menuiserie ?). Le lycée technique doit aussi, comme déjà amorcé, devenir le pivot de la formation continue, grâce à des enseignants et des équipements de haut niveau. Enfin, la formation en alternance doit être maintenue, sans oublier qu’un enseignement théorique de qualité est incontournable et doit rester dominant pour permettre une autonomie et une capacité d’évolution à l’élève. De la maternelle au lycée, il faudra donner les moyens aux zones d’éducation prioritaires, et maintenir les écoles en milieux rural pour faire vivre tous les territoires en améliorant leur attractivité.

L’enseignement supérieur, en s’appuyant sur la recherche fondamentale et appliquée, devra préparer notre avenir. Les étudiants, et plus particulièrement ceux issus des territoires ruraux, devront être matériellement aidés. Devant la complexité de ces sujets, nous resterons à l’écoute des enseignants, des parents d’élèves, … et des élèves, dans le cadre de la maison des citoyens.

Culture générale, culture scientifique, culture technique. L’école doit aussi ouvrir à…la Culture, qui émancipe et élève chacun, l’ouvre à l’autre et l’enrichit. A ce titre, l’enseignement des cultures et des langues régionales donnent la compréhension d’où l’on vient et où l’on va. Certains voient en la Culture une dépense, un luxe que ne pourrait se payer notre société mercantile et endettée. C’est en réalité une solution : l’heure n’est plus au productivisme acharné, à l’utilitarisme étroit, au « toujours plus pour toujours moins », mais à la créativité sous toutes ses facettes. Les vraies richesses, dans un monde saturé d’objets, sont celles essentielles au corps (se nourrir, se vêtir, habiter, se soigner…) et à l’esprit. Si la Culture devait se réduire à sa dimension économique, elle resterait encore incontournable.

Les villes petites et moyennes pourraient-elles survivre sans une vie culturelle tout au long de l’année et par de grands évènements ? L’industrie du cinéma, des jeux, de la mode est-elle négligeable ? Le rayonnement d’un pays ne passe-t-il pas par sa littérature, son théâtre, son architecture, sa musique, ses chorégraphes, ses plasticiens ? Une médiathèque, un festival audiovisuel, un festival des jeux du théâtre sont non seulement essentiels, mais, accessoirement, utiles. Avant tout la Culture doit être soutenue et accessible à tous parce qu’elle crée du lien, une histoire commune dans la diversité, et nous permet de vivre bien, ensemble.

Enregistrer