Le 11 et 18 juin prochain, lors des élections législatives, la ville de Ploemeur utilisera les machines à voter. C’est bien dommageable pour différentes raisons :
Le 20ème siècle nous a appris que les progrès techniques ne sont pas sans risques et que l’on ne peut accepter une nouvelle technologie simplement parce qu’elle est un progrès technique. Nous devons d’abord analyser, mesurer, débattre, arbitrer et appliquer un principe de précaution. Encore une fois, aucune méthode de ce type n’a été choisie avant d’imposer les machines à voter.
Pas de méprise : je considère que les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication peuvent constituer un apport à la démocratie participative lorsqu’elles favorisent l’expression des citoyens et leur consultation sur des thématiques diverses, permettant ainsi de mieux les associer aux prises de décision dont les élus ont la mission.
Pourtant, je devrais en tant qu’écologiste être sensibles aux arguments mis en avant par les promoteurs de cette technique : ils nous vantent les avantages écologiques du procédé. Certes, du papier sera économisé grâce à cette technologie, est-ce suffisant pour passer d’un processus transparent à un processus opaque quand il s’agit du cœur même de notre démocratie à savoir le procédé même de désignation de nos représentants. Notre société par ailleurs dispendieuse en matières premières ne se donne-t-elle pas bonne conscience en économisant quelques papiers lors des élections ? Ne serait-ce pas plus utile et plus efficace de s’attaquer par exemple au gavage systématique de nos boites aux lettres par des prospectus publicitaires à longueur d’année ? Autre argument avancé : le vote électronique coûterait moins cher : certes nous savons tous que les caisses sont vides mais de là à faire des économies sur le processus du vote ! De plus, une étude réalisée en Belgique conclut au contraire à un surcoût du vote électronique par rapport au vote papier (trois fois plus cher).
Il faut savoir qu’en France le vote électronique a été imposé à un million et demi d’électeurs lors des scrutins de 2007 sans aucun débat démocratique préalable. Pourtant, en Europe, différents pays reviennent aux votes papiers : en Irlande, par exemple, après 52 millions d’euros de dépenses, le vote électronique a été abandonné. Aux Pays Bas à la fin de l’année 2007 la secrétaire d’État Ank Blijevled décide de ne plus employer les machines à voter tant qu’il n’existera pas de système électronique qui soit véritablement fiable et contrôlable.
Il faut savoir également que le suffrage s’est démocratisé au fil du temps, permettant aux citoyens de contrôler de plus en plus précisément la régularité du vote : ce n’est que depuis 1991 que les urnes sont transparentes en France. L’intrusion des machines à voter tend à rendre opaque ce qui était visible. Car les votes par ordinateur sont entachés de risques : pannes, bugs, piratages, fraudes indétectables. Les exemples de ces dysfonctionnements à travers le monde sont nombreux : Belgique, Italie, États Unis…. Contrairement aux votes par bulletin papier, dépouillés publiquement, personne ne peut affirmer que les résultats issus des machines correspondent réellement aux votes effectués. Elle met fin à une « communion citoyenne ». Elle prive le corps électoral de la surveillance collective des opérations dans lesquelles s’incarne le suffrage universel. Le vote électronique exclut les citoyens du contrôle des urnes.
En introduisant le vote par des ordinateurs de vote opaques et invérifiables par les citoyens, on introduit la notion de doute dans le déroulement des élections.
Élu, je m’engagerai pour l’abandon des machines à voter et pour le retour aux urnes transparentes, gage d’un suffrage transparent et démocratique permettant à chacun de nos concitoyens de participer aux dépouillements et ainsi contrôler la régularité des résultats.