Soixante ans après le lancement de la construction européenne, il est temps de renouer avec le progrès. L’Europe va mal. Ses dirigeants l’ont enfermée dans le néolibéralisme, l’austérité et la technocratie. Son projet de paix et de prospérité partagée se résume désormais à un grand marché, à l’addition cynique d’égoïsmes nationaux, à la mise en concurrence des salariés au sein de l’Union et avec le reste du monde.
Dans certains pays le chômage atteint des niveaux catastrophiques, particulièrement chez les jeunes, les menaçant de dislocation politique.
Mais l’Europe n’est pas conservatrice et brutale par essence. Elle est ce que les majorités politiques en font !
Face au dumping social qui réduit à néant toute possibilité d’alignement sur les meilleurs standards sociaux, nous devons imposer un nouveau contrat social européen.
Pour un salaire minimum européen
L’Europe a besoin d’un groupe écologiste fort au Parlement européen pour lancer un grand plan d’investissement dans la transition énergétique, car d’elle dépend la création de millions d’emplois et l’amélioration de notre pouvoir d’achat. Elle doit surtout fonder la compétitivité de son économie non sur l’écrasement des salaires mais sur l’innovation, la qualité, la formation et la participation des salariés, la sobriété en ressources naturelles et en carbone.
Mais la promesse de prospérité partagée suppose une coopération pour faire converger rapidement les salaires, les conditions et le temps de travail, et à termes la couverture sociale. Alors que 21 des 28 pays européens ont un salaire minimum, l’écart entre eux varie de 1 à 12.C’est pourquoi Europe écologie propose l’adoption d’un salaire minimum européen basé sur un ratio du pouvoir d’achat qui garantisse un niveau de vie décent.
Pour un fonds européen d’indemnisation chômage
De même, les écarts de salariés sont encore trop grands entre hommes et femmes : luttons contre les discriminations qui les séparent encore hélas. Tous les Européens ne sont pas égaux face à l’assurance-chômage : Europe écologie appelle à la création d’un fonds européen d’indemnisation chômage qui garantira à tous les salariés une indemnisation minimale, que les États-membres pourront compléter selon leur degré d’inclinaison sociale.Enfin, le dumping social se construit autant sur les salaires que sur les conditions de travail : lançons un grand chantier d’harmonisation par le haut fondé sur un dialogue social européen.
Protéger les salariés
Nous sommes lucides mais déterminés. L’Europe est pour nous l’espace indispensable à conquérir pour sortir des crises. Elle doit privilégier le pouvoir des citoyens sur les grandes firmes, la relance sur l’austérité, la solidarité sur les égoïsmes nationaux. Encore faut-il que l’Europe se protège. Nous proposons que l’UE conditionne ses échanges au respect de notre modèle social et environnemental : d’ici 2020, plus aucun produit issu d’un pays qui ne respecte pas les libertés syndicales ne doit entrer sur le marché européen.De cette manière, ce sont tous les salariés que l’on protège, en Europe comme chez nos partenaires commerciaux. Et stoppons le projet de traité libre-échange transatlantique qui veut donner aux multinationales des droits supérieurs à ceux des salariés.
Les écologistes porteront dans cette campagne un projet pour reprendre la main sur l’économie, donner sens et donc nous réconcilier avec le travail. Un projet solidaire qui ne dresse pas les Européens les uns contre les autres, un projet qui garantisse l’épanouissement de chacun grâce à un emploi stable et un revenu décent. Le 25 mai prochain, reprenons le pouvoir sur nos vies.
Signataires :
Yannick Jadot, candidat aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans l’Ouest, porte parole de la campagne
Karima Delli, candidate aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans le Nord Ouest, porte parole de la campagne
Michèle Rivasi, candidate aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans le Sud-Est
José Bové, candidat aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans le Sud Ouest,
Sandrine Bélier, candidate aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans l’Est
Clarisse Heusquin, candidate aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie dans le Grand Centre
Pascal Durand, candidat aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie en Ile-de-France
Eva Joly, candidate aux élections européennes, numéro 2 en Ile-de-France
Yvette Duchemann, candidate aux élections européennes, tête de liste Europe Ecologie en Outre Mer
Tribune publiée sur Le Nouvel Observateur : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1198773-europe-ecologie-un-projet-solidaire-pour-prendre-la-main-sur-l-economie.html