contribution du groupe citoyen « partageons la rue » à l’enquête publique du contournement de la D642

Aménagement de la RD 642 entre l’autoroute A25 et Hazebrouck

Avis adressé au président de la commission d’enquête d’utilité publique

Les citoyens habitants du pays Cœur de Flandre soussignés constatent que l’aménagement de la RD642, donne la priorité aux modes de déplacements automobiles, au détriment des modes doux et actifs (marche, vélo… ) et aux transports en commun.

La ligne TGV et les contournements d’Hazebrouck et de Strazeele ont déjà fortement morcelé notre territoire.

Ces infrastructures ont en effet coupé de nombreuses voies secondaires et chemins, obligeant piétons et cyclistes à des détours qui, de plus, empruntent les ponts le plus souvent dangereux pour eux car prévus pour les automobiles mais le plus souvent sans aménagement piétons ni cyclistes. Ces nuisances ne semblent pas avoir été prises en compte.

Ainsi le Directeur de l’Environnement (DRÉAL), dans son « Avis de l’autorité environnementale », souligne que «l’appréciation des impacts globaux et cumulés aurait pu être davantage détaillée. Ainsi, celle-ci ne prend pas en compte l’état initial des différentes études d’impact ni les analyses des impacts des deux contournements déjà réalisés, à savoir Hazebrouck et Strazeele[1]».

contournement

Cette politique du « tout automobile » provoque de nombreux désagréments et dissuade les usagers de la pratique de mode de déplacements alternatifs que nous tentons de promouvoir conformément aux préconisations de nombreux documents officiels :

  • charte de développement durable du pays Cœur de Flandre
    (page 11 : « faiblesse du réseau et des infrastructures deux roues. Faiblesse de la promotion de ce mode de transport »)
  • SCOT
    (page 138 : « La pratique du « tout automobile » crée une forte augmentation du trafic routier » ; page 147 : « Faciliter le développement des modes doux »).

Nous demandons donc la prise en compte des remarques très pertinentes qui figurent dans cet « Avis de l’autorité environnementale » joint au dossier disponible dans les mairies. Ce document indique en particulier :

  • « ce projet est susceptible d’engendrer un phénomène d’augmentation globale du trafic [...] Ces effets du projet ne sont pas évoqués, mais devraient, sur le moyen terme, être abordés. » (page 4).
  • « A cet égard, des éléments en terme de cohérence avec le réseau ferré seront à apporter : ainsi, à l’heure actuelle le train présente un avantage en terme de gain de temps sur le trajet [...] qui pourrait être remis en cause avec la mise en service du contournement routier. »

Le projet d’aménagement de la RD642 annonce, pour la portion entre Hazebrouck et A25, des prévisions d’augmentation de 71% du trafic routier entre 2008 et 2030 !

(15 035 véhicules en 2008, 21 500 en 2015 et 25 750 en 2030, page 63, pièce F). Peut-on encore espérer un «développement durable» sur notre territoire ?

Ce projet provoquera une augmentation de la consommation de carburants fossiles et des émissions accrues de gaz à effets de serre (GES). Il nous semble donc contraire à la fois :

  • au développement durable de notre territoire préconisé par la charte du pays et le SCOT.
  • aux engagements des pays de l’Union européenne puisque le Plan climat prévoit de réduire de 20% nos émissions de GES d’ici à 2020 par rapport à 1990 et de porter les énergies vertes à 20% de notre consommation d’énergie en 2020.

En ce qui concerne l’aspect « biodiversité », l’avis de la DRÉAL précise

« Il aurait été utile que le dossier évoque la perte possible d’habitat local alors que les retours d’expériences réalisés sur ce type d’infrastructure tendent à démontrer une perte de biodiversité importante sur environ 300m de part et d’autre des ouvrages routiers due entre autres à la pollution et aux nuisances sonores. Des propositions de reconstitution des milieux bocagers auraient été bienvenues pour compenser les effets fractionnants du projet routier » (page 2).

Cette perte de biodiversité est contraire à la mesure 19, orientation 4 de la charte de développement durable du pays. «Améliorer, valoriser et faire connaître la qualité des patrimoines comme vecteur de développement … en développant et en protégeant la biodiversité.»

La note de la DREAL contient également des demandes d’éléments complémentaires qu’il serait important d’apporter rapidement étant donné leur impact très probable sur la situation des habitants proches et ceux des environs : en particulier sur l’eau (bassin versant et de surface), le paysage (répercussion sur cette zone touristique) et la santé (en particulier au regard du développement urbanistique que le projet devrait engendrer). Nous soutenons également ces demandes.

Nous regrettons que les politiques publiques et les comportements de chacun en matière de transport des personnes et des marchandises ne soient pas à la hauteur des enjeux écologiques, climatiques, sociaux et de santé publique, ce qui oblige à construire encore davantage d’infrastructures routières.

Nous demandons instamment de :

- fournir les études d’impact des contournements d’Hazebrouck et Strazeele

- étudier la réduction cet aménagement à 2 fois une voie

- rétablir la plupart des petites routes et chemins piétons coupés par la nouvelle route

- donner la priorité aux déplacements doux sur la RD642 actuelle : installer des aménagements de qualité satisfaisante en faveur de ces déplacements doux d’Hazebrouck à Bailleul (RD642 puis RD944) afin de créer une continuité cyclable entre ces deux villes.

  • prévoir un bilan de l’impact économique, social, écologique de ce nouvel aménagement en particulier pour déterminer s’il atteint réellement l’objectif annoncé : « favoriser le développement économique local »
  • informer la population et organiser des débats publics à partir de ces bilans et études d’impacts avant de poursuivre les aménagements de la RD642 prévus jusque Saint-Omer en particulier
  • proposer des mesures de réduction du trafic routier sur notre territoire, mener des politiques de sensibilisation pour réduire les déplacements inutiles
  • donner réellement la priorité aux transports publics ferroviaires et fluviaux, aux déplacements doux et aux usages collectifs de la voiture (covoiturage, autopartage…),
  • favoriser un développement économique de proximité réellement respectueux des humains et de la nature

Premiers signataires : René Fauvergue & Erick Roussel