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  1. Mobilisons-nous massivement pour éradiquer enfin les violences de genre

    La carte des rassemblements

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    7 ans après #MeToo : les violences sexistes et sexuelles sont toujours omniprésentes

    7 ans après #MeToo et de nombreux hashtags plus tard (#MeTooHôpital, #MeTooThéâtre, #MeTooCinéma, #MeTooSport, #MeTooÉglise, #MeTooArmée…), si une prise de conscience sociétale a commencé à émerger et que certaines initiatives méritent d’être saluées, le constat reste accablant. Les vies et les corps des femmes sont toujours soumis aux violences patriarcales :

    • 271 000 victimes de violences conjugales recensées en 2023, marquant une hausse de 10 % par rapport à 2022,
    • 113 féminicides au 31 octobre 2024 dont au moins deux concernent des femmes transgenres – une femme est ainsi assassinée tous les deux jours en moyenne,
    • + de 140 000 femmes victimes de viol ou de tentatives de viol chaque année,
    • 86 % des femmes sont confrontées à des actes sexistes au moins une fois dans leur vie,
    • 97,3% des auteurs sont des hommes,
    • 86 % de classements sans suite dans les affaires de violences sexuelles, 94 % pour les viols.

    Cette année, au-delà des statistiques, des affaires médiatisées illustrent le caractère systémique de ces violences : les révélations des agressions commises par l’abbé Pierre, l’emprise dénoncée par Judith Godrèche, le harcèlement raciste et transphobe subi par la boxeuse Imane Khelif, les propos obscènes de Gérard Depardieu, et enfin le procès historique des 51 “monsieurs tout le monde” accusés de viols sur Gisèle Pélicot. Cette liste non exhaustive démontre, comme l’a dit Adèle Haenel, que « les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères« .

    Contre les récupérations de l’extrême droite

    Si la société progresse, l’intérêt de l’extrême droite concernant les violences de genre est à géométrie variable. Il ne dépend que de l’origine ethnique, de la nationalité ou de la religion réelle ou supposée des agresseurs, alors que 57% des viols sont conjugaux et qu’une majorité des violences sont intrafamiliales. Nous dénonçons les récupérations politiques opportunistes qui ignorent volontairement le caractère systémique des violences. Nous appelons à la vigilance collective face à cette stratégie qui détourne le combat feministe au profit d’une idéologie d’exclusion et de stigmatisation inefficace.

    Au contraire, nous, Écologistes, croyons que des politiques structurelles et courageuses sont nécessaires et réaffirmons notre engagement pour une société égalitaire où être femme n’est plus un risque physique, ni un facteur de discrimination.

    Une politique structurelle courageuse nécessaire

    Nous défendons conformément aux demandes des associations féministes et des organisations syndicales, une politique réellement ambitieuse, par la voie réglementaire et la voie législative, accompagnée de moyens humains et financiers dédiés, à hauteur de 2,6 milliards d’euros pour :

    1. Prévenir les violences, par l’éducation et la sensibilisation :
      • Appliquer pleinement la loi de 2001, qui rend obligatoire des cours d’éducation affective et sexuelle tout au long de la scolarité, ainsi que sur l’égalité des genres, et étendre ces formations au tissu associatif.
      • Mettre en œuvre des campagnes de communication publique pour lutter contre le sexisme et promouvoir l’égalité.
      • Rendre effective et obligatoire la formation de tout le personnel de la fonction publique.
      • Soutenir les associations.
    2. Protéger les victimes :
      • Créer davantage d’hébergements d’urgence et instaurer des congés spécifiques pour les victimes, faciliter la mobilité géographique professionnelle.
      • Renforcer le dispositif « téléphone grave danger » (TGD), qui permet aux victimes de violences conjugales d’alerter rapidement les forces de l’ordre en cas de menace.
      • Simplifier et accélérer l’accès à l’aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales.
      • Assurer des aides à la prise en charge judiciaire, sociale et psychologique.
    3. Mettre fin à l’impunité :
      • Intensifier la formation des enquêteurs, enquêtrices, magistrats, magistrates et de tous les acteurs du système judiciaire aux spécificités des violences sexistes et sexuelles.
      • Donner plus de moyens à la justice qui ne peut faire face à l’augmentation des plaintes accompagnant la libération de la parole.
      • Redéfinir pénalement le viol pour prendre en compte la notion de consentement.
    4. Protéger TOUTES les femmes :
      • Mettre en place des protections renforcées pour les femmes précarisées, migrantes, travailleuses du sexe, en situation de handicap, lesbiennes, trans, qui cumulent trop souvent de multiples vulnérabilités.

    En vue de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre prochain, nous n’oublions pas nos sœurs, en Irak, en Iran, en Afghanistan qui résistent courageusement à des régimes autoritaires qui les privent de leurs droits fondamentaux, aux États-Unis, où la réélection de Donald Trump, soutenue par des mouvements masculinistes, est un signal très inquiétant, et dans toutes les zones de conflits où les violences sexuelles continuent d’être utilisées comme des armes de guerre.

    Les Écologistes seront présent·es aux manifestations organisées partout en France les samedi 23 et lundi 25 novembre pour éradiquer les violences de genre.

    Exigeons toutes et tous de vrais moyens pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    La commission féminisme

  2. Retour sur les Journées d’Automne des Ecologistes Midi-Pyrénées

    C’est au coeur de l’Aveyron, à Mergieux, hameau de la belle commune de Najac que se sont déroulées les 16 et 17 novembre dernier les Journées d’Automne des Ecologistes Midi-Pyrénées. Une centaine de militant-es ont répondu présent-es pour participer à ce week-end de rencontre et de formation, une belle occasion de se rencontrer, se retrouver et discuter des prochains défis pour l’écologie politique.

    Le fil rouge de ces temps d’échange : la ruralité et les élections municipales à venir. Deux thématiques portées par les Ecologistes dont le projet d’amélioration de la qualité de vie apportant des solutions concrètes pour tous les territoires a vocation a être diffusé en dehors de nos cercles, pour convaincre. L’échange et la formation en interne comme réalisé lors des JDA est, dans ce cadre, cruciale.

    Les Journées d’Automne se sont ouvertes à 10h avec les deux premiers ateliers : un tour de parole sur la situation internationale au Proche-Orient et en Ukraine animé par Romain Ecoffard, délégué formation du Bureau Exécutif Régional Midi-Pyrénées, pendant que Nelly Escoudé, militante d’Aveyron, et Manuel Leick-Jonard, co porte-parole des Ecologistes Midi-Pyrénées, présentaient un atelier sur les actions militantes.

    Cette journée très ensoleillée, a permis à l’échange avec Christine Arrighi sur son travail parlementaire et ses combats, notamment l’A69, de se dérouler en extérieur. Pendant ce temps, Anne-Laure Azéma, membre associé du BER en charge de l’égalité femmes-hommes, et Marie Mandard, militante du groupe local 31 sud-ouest et membre du groupe de travail égalité, ont animé au coin de la cheminée un atelier sur la thématique féminisme et économie.

    Après une pause déjeuner bien méritée, place aux remerciements et au mot de bienvenue prononcé par le groupe local organisateur et les co-secrétaires régionales Alice Carret et Annabelle Fauvernier, avant de laisser la parole à Gilbert Blanc, Maire de Najac, puis à Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, qui nous a honoré-es de sa présence lors de ces JDA.

    La météo s’est donc montrée très favorable au déroulement de la balade ornithologique organisée par Manuel Leick-Jonard, ornithologue, pendant que d’autres assistaient à l’atelier sur les communs en ruralité présenté par Yves Abibou (co-fondateur et ancien directeur général de la SCIC Enercoa) et Dominique Fabre (sociétaire d’Enercoa et ancien responsable Terre de Liens), ou à l’atelier mobilités durables avec Claudine Bonhomme (co-secrétaire du groupe local Aveyron et membre du Collectif pour la Préservation des Terres Agricoles du Ruthénois et Elisabeth Matak, ancienne co-responsable de la Commission Transport des Ecologistes.

    Au tour de l’éco-anxiété d’être au coeur des dicussions, portées par Théo Ferroni, militant toulousain et éducateur en santé, pendant que Léon Thébault (porte-parole des Ecologistes en Aveyron), Edith Guccini (Association pour la Promotion de l’Agriculture Biologique en Aveyron et Sara Melki (Confédération Paysanne Aveyron) nous parlaient ruralité et agriculture bio.

    La journée de formation du samedi s’est achevée sur une plénière abordant le sujet de l’écologie politique au niveau national et européen face à la montée des droites, en présence de Christine Arrighi, Marine Tondelier et Nicolas Bonnet, député des Ecologistes en Auvergne.

    Après ces riches ateliers, place à la convivialité ! A la journée succède une soirée marquée par des performances artistiques et des moments d’échanges plus informels, l’occasion de discuter et de se rencontrer avant d’enchaîner sur la deuxième journée des JDA.

    Le dimanche s’ouvre sur une session réveil musculaire et yoga pour les personnes les plus matinales, avant d’enchaîner sur deux ateliers. Pendant qu’Aurélien Ribes, chercheur à météo France, Christian Couturier de l’association négaWatt et Nicolas Bonnet abordaient les solutions pour contenir le dérèglement climatique et s’y adapter, Annabelle Fauvernier (élue d’opposition à St-Gaudens) et Christian Lammens (1er adjoint à Biert) faisaient un focus sur le foncier agricole de leur point de vue d’élu-es municipal-es écologistes dans la ruralité.

    Une nouvelle plénière occupe la deuxième partie de la matinée. Au programme : gagner et faire vivre les villes écologistes, avec Harmonie Lecerf-Meunier (adjointe en charge de l’accès aux droits, des solidarités et des seniors à Bordeaux), Clément Rossignol Puech (maire de Bègles),  Jean-Claude Pons (maire de Luc-sur-Aude) et Xavier Normand (maire de Castanet-Tolosan).

    Succédant à la pause déjeuner bien nourrie par les équipes du tiers-lieu d’accueil, la journée s’achève sur un atelier de mediatraining avec Sarah Bonvalet-Younes en parallèle d’un atelier lutte contre l’extrême-droite avec Raphaëlle Rémy-Leleu (bureau de la commission lutte contre l’extrême-droite) et Franck Bousquet (élu d’opposition à Moissac.

    Et c’est un clap de fin pour les JDA Midi-Pyrénées 2024 ! Nous remercions vivement tou-tes les participant-es et les intervenant-es d’avoir répondu présent-es et d’avoir construit toute la richesse de l’événement, qui n’aurait pas été possible sans l’accueil chaleureux du groupe local de l’Aveyron.

    Nous espérons pouvoir organiser d’autres événements similaires les années à venir, et vous y voir nombreux-ses !

  3. 2024 : des droits de l’enfant mis à rude épreuve

    En ce 20 novembre, nous célébrons la journée internationale des Droits de l’enfant. Ceux-ci, consacrés par la Convention des droits de l’enfant, recouvrent une grande diversité de droits. Ils sont aujourd’hui mis à mal dans le monde comme en Europe.

    Un des droits de l’enfant est le droit à la santé et à une alimentation saine et équilibrée. Pourtant, 200 millions d’enfants de moins de 5 ans sont touchés par la pauvreté alimentaire dans le monde. C’est un problème qui touche aussi les enfants en France : 1 mineur sur 5 mange moins de 3 repas par jour.

    Toujours en France, à la rentrée 2024, plus de 2000 enfants dormaient dans la rue. C’est une augmentation de 120% par rapport à 2020. J’ai une pensée spéciale pour eux en cette journée : le gouvernement échoue à faire respecter leurs droits consacrés dans la convention à laquelle la France est partie.

    J’ai également une pensée pour les enfants qui vivent en zone de conflits. À Gaza, plus de 11 000 enfants ont été tués par l’armée israélienne en l’espace d’une année. D’autres calculs pointent qu’en moyenne, sur un an, 40 enfants ont été tués par jour à Gaza. Israël les massacre sans distinction dans l’enclave palestinienne comme au Liban. C’est une véritable guerre contre les enfants à laquelle nous assistons. Rappelons que le ministre de la Défense israélien avait déclaré « qu’il n’y a aucun innocent à Gaza ».

    En Ukraine, les enfants sont enlevés de force par les forces russes : près de 20 000 d’entre eux ont été déportés en Russie pour effacer tout lien avec leur pays d’origine. Cette pratique ignoble témoigne la volonté de V. Poutine d’effacer l’Ukraine, aussi bien de la carte que des mentalités.

    Enfin, il ne nous faut pas oublier les enfants victimes dans les conflits trop souvent ignorés. Je pense notamment au Soudan, au Mozambique, en Haïti, en Syrie… et aussi en République démocratique du Congo (RDC). De nombreux enfants-soldats y sont utilisés par les groupes armés et les filles subissent des violences sexuelles systématiques. Dans l’est de la RDC, le viol est utilisé comme une véritable arme de guerre et dans certaines régions, 30% des accouchements concernent des mineures, parfois de seulement 12 ans !

    La souffrance des enfants ne doit pas être oubliée. L’UE doit faire en sorte de protéger les droits de TOUS les enfants dans sa politique extérieure. Durant tout mon mandat, je veillerai à surveiller les prises de position de la Commission sur ce sujet.

    Mounir Satouri

  4. Accord UE-Mercosur : La France est-elle la grande perdante ?

    Marine Tondelier était l’invitée du débat du 7/10 du mercredi 20 novembre aux cotés de Jean-Marc Daniel, professeur à l’ESCP Business School.

  5. Mobilisons nous pour la Journée du souvenir trans

    Publié en vue de la Journée du souvenir trans [1], le recensement mondial des meurtres de personnes trans nous apprenait qu’au moins 350 personnes trans avaient été tuées entre octobre 2023 et septembre 2024 [2]. En France, nous pensons particulièrement à Géraldine, tuée parce que travailleuse du sexe trans, et à Angélina, tuée par son compagnon parce que femme trans. Nous pensons également à l’un·e d’entre nous, Sasha, dont le décès a récemment endeuillé notre parti.

    Ce 20 novembre nous nous mobiliserons après une des années les plus meurtrières depuis 15 ans. Ces chiffres montrent une constante, à savoir que ce sont d’abord les personnes trans qui connaissent une intersection de discriminations qui sont les plus touchées : la majorité étaient des femmes trans ou personnes transféminines, noires, non-blanches, travailleur·euses du sexe. Ces chiffres symbolisent également la montée de la vague réactionnaire transphobe d’ampleur internationale. La victoire de Donald Trump et l’absence de contrepouvoir parlementaire aux Etats-Unis d’Amérique, mais également la percée médiatique d’un « lobby transphobe » en France sont le signe que celle-ci est loin d’être finie.La riposte doit continuer et s’amplifier, tant en France qu’aux niveaux européen et international. Les travaux parlementaires en cours pour la déjudiciarisation de la mention de sexe à l’état civil, que nous portons, sont une étape importante dans l’amélioration des conditions d’existence des personnes trans. Cela va de pair avec la demande d’abrogation du fichier de police sur les personnes trans et immigrées ayant changé d’état civil et l’opposition au projet de durcissement des conditions de modification. Nous devons également combattre les inégalités socio-spatiales de santé dans l’accès aux soins liés à la transition. Cela passera par la lutte contre la transphobie médicale et le mauvais remboursement des soins. Ici, nous pensons particulièrement aux travailleur·euses du sexe qui subissent la répression policière, en particulier depuis l’instauration de la loi de 2016, qui les pousse dans la précarité et les met de plus en plus en danger.

    Nous souhaitons également voir la France retrouver sa place de force motrice dans la lutte internationale contre la transphobie et pour les progrès des droits trans. Place qu’elle avait en 2009, en étant la première à porter la dépsychiatrisation de la transidentité. Ce mercredi 20 novembre est aussi l’occasion de nous rassembler en pensant aux mort·es de cette année, Géraldine, Angélina, Sasha et tous·tes les autres. Nous appelons à se joindre aux rassemblements, à Paris, place Paul Eluard à 18h30, et à tous les rassemblements qui auront lieu en France et ailleurs.
    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    Les commissions LGBT et féminisme

    [1] La Journée du souvenir trans, déclinaison française du Transgender Day of Remembrance (TDoR), a lieu le 20 novembre dans le monde entier, afin de commémorer les personnes trans assassinées pour motif transphobe, et pour mobiliser contre les violences.[2] https://tgeu.org/will-the-cycle-of-violence-ever-end-tgeus-trans-murder-monitoring-project-crosses-5000-cases/

  6. Accord UE Mercosur : Pourquoi faut-il s’y opposer ?

    Les faits

    L’Union européenne et les pays du Mercosur échangent déjà des milliers de tonnes de biens et de services. On achète déjà 250 000 tonnes de boeuf et 314 000 tonnes de volaille chaque année.

    La Commission européenne négocie depuis des années un accord commercial avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Un accord de principe a été adopté le 28 juin 2019 mais pour l’instant le traité n’est pas ratifié par les 27 Etats-membres. L’élection de Lula contre son Bolsonaro a relancé le processus en 2022 auquel le gouvernement français s’oppose pour le moment.

    Ce serait le plus gros traité d’échange signé pour 40-45 Md€ de biens annuels. Il porterait d’un côté sur des importations agricoles et de l’autre sur des exportations de produits manufacturés. On importerait des pays du Mercosur :

    •  1 000 000 de tonnes de maïs ;
    • 180 000 tonnes de volailles sans taxe ;
    • 180 000 tonnes de sucres (notamment pour produire du bioéthanol);
    • 99 000 tonnes de bœuf taxées à 7,5% ;
    • 60 000 tonnes de riz ;
    • 25 000 tonnes de porc ;
    • 35 000 tonnes de fromage ;
    • 45 000 tonnes de miel ;
    • d’autres produits agricoles comme le soja.

    L’accord prévoit cependant une reconnaissance des appellations d’origine contrôlée européennes. On exporterait d’Europe :

    • des voitures ;
    • des pièces détachées ;
    • des produits chimiques (au profit principal de BASF et Bayer-Monsanto) ;
    • du textile principalement du luxe (au profit de LVMH) ;
    • du vin (français et italien) ;
    • un accès facilité aux marchés publics pour des multinationales (Veolia, Suez…) ;
    • des produits pharmacologiques…

    Une fois signé, le processus de ratification impose que chaque Parlement national soutienne l’accord ce qui laisse à Paris un droit de veto sauf si la Commission laisse tomber la partie sur la coopération et ne garde que le volet commercial. Dans ce cas, il faut un vote à la majorité qualifiée (quinze pays, représentant 65 % de la population européenne) qui peut être obtenu sans la France. L’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et l’Italie soutiennent la signature du traité. Seule l’Autriche semble encore soutenir l’opposition française.

    Les conséquences économiques

    Les défenseurs de l’accord mettent en avant la nécessité de nouveaux débouchés commerciaux pour l’Europe afin de relancer sa croissance et son taux d’emploi. Ils évoquent l’ouverture limité aux marchés agricoles (2% de la consommation européenne pour le boeuf). Cet accord favoriserait aussi l’ancrage de l’Amérique latine dans des échanges avec l’Europe plutôt qu’avec la Chine. Cela pourrait permettre de diversifier les sources d’approvisionnements en minerais stratégiques (cobalt, graphite, lithium).

    Les entreprises qui profiteront d’un accord d’un côté comme de l’autre sont des multinationales qui fonctionnent de manière déterritorialisées sans ancrage sur un territoire. Leurs profits ne serviront donc pas au développement des territoires ni en Europe, ni en Amérique latine.

    Mais cela se fait au prix d’un sacrifice de l’agriculture française et notamment l’élevage. Les importations entreront pour une part en concurrence directe avec les productions agricoles françaises et polonaises qui sont produites avec des normes environnementales et sociales plus précises d’où une montée de bouclier des agriculteurs.

    Les conséquences environnementales

    Un rapport commandité par le Gouvernement de Jean Castex sur les effets potentiels du traité montre que cet accord pourrait augmenter la déforestation de 5% par an pendant 6 ans [rapport].

     L’Union européenne interdit le boeuf aux hormones de croissance depuis 1988. Mais quelle est sa capacité de contrôle ? Un rapport commandé par l’Union européenne conclut que le Brésil ne peut pas garantir que la viande bovine ne sera pas dopée à l’œstradiol 17-β, une hormone de croissance interdite en Europe.

    L’Institut de l’élevage estime lui que la déforestation liée à l’augmentation des exportations de bœuf peut s’avérer comprise entre un minimum de 620 000 hectares et 1,35 million d’hectares dans le pire des cas sur une période de 5 ans [rapport].

     Le Brésil est le plus grand consommateur de pesticides au monde, dont un tiers des substances utilisées sont interdites dans l’UE (150 sur 500). Dans les fermes usines aux conditions abominables, les animaux sont engraissés aux antibiotiques activateurs de croissance. Ils sont nourris avec des céréales interdites dans l’UE qui provoquent des maladies digestives. L’ensemble du marché d’exportation est contrôlé par des multinationales comme JBS.

     Pour faciliter les négociations, les Européens ont décidé le 2 octobre 2024 de reporter l’application du règlement contre la déforestation qui interdit d’importer des produits – comme le café, le cacao ou le bœuf – en provenance de terres déforestées. Il devait s’appliquer au 31 décembre de cette année.

    Le positionnement des différents acteurs

    La position officielle d’Emmanuel Macron et du gouvernement Barnier est plutôt réticente mais il reste ouvert à un traité remanié intégrant des clauses miroirs et l’intégration d’une conformité avec l’accord de Paris

    La FNSEA a lancé un préavis de grève lundi jusqu’à mi-décembre suivi par la Coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs mais pas par la Confédération paysanne qui souhaite garder son autonomie d’action contre le traité.

    La Confédération Européenne des Syndicats (CES) et la Coordination Syndicale des Centrales Syndicales du Cône Sud (CCSCS) ont aussi signé un communiqué commun pour s’opposer au projet d’accord le 7 novembre 2024A l’initiative de Yannick Jadot, 622 parlementaires ont signé une tribune appelant le Gouvernement à renoncer à signer le traité.

    La Commission européenne cherche à aller vite et à signer avant la fin de l’année. Elle cherche à apaiser la France par la création d’un fonds de compensation agricole (ce qui démontre l’impact négatif sur les agriculteurs européens).

    Le Gouvernement Scholtz également qui pourrait en faire un argument lors des élections législatives de février 2025.

    Les syndicats agricoles des autres pays européens s’opposent également à l’accord en Allemagne ou en Espagne.

    La moitié des chefs d’entreprise de 8 pays européens sont inquiets pour les conséquences environnementales de l’accord [article]

    Notre ligne politique

    Les Ecologistes ont toujours été au combat contre le Mercosur. Nous défendons en Europe comme en Amérique latine une souveraineté alimentaire face à la concurrence déloyale qui viserait à importer de l’alimentation produite sans respect ni des conditions de travail, ni de la protection de l’environnement. La droite fait semblant d’écouter le désespoir des agricultrices et des agriculteurs mais crée les conditions de ce désespoir en détruisant notre agriculture qui est déjà à l’agonie alors que nous importons plus de 30% de la viande que nous consommons.
    Nous pouvons soutenir des accords commerciaux à condition qu’ils permettent un développement équitable. On ne peut pas piller leurs ressources végétales et minérales en leur revendant des produits à forte valeur ajoutée (voitures, luxe…)

    Yannick Jadot dit que c’est accord “c’est la mondialisation de la malbouffe, des pesticides et de la souffrance animale”. Nous opposons à cette vision un monde où l’on pourrait coopérer pour maintenir l’habitabilité et la justice. Ce projet d’accord ne va pas aider les pays sud-américains à se développer. Cela va favoriser les grands propriétaires terriens et augmenter les inégalités plutôt que de soutenir une redistribution des terres et une agriculture paysanne. Cela va augmenter la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre et l’appauvrissement des sols (ex de la monoculture de la production de soja en Argentine qui a créé un désert vert). Nous avons besoin de coopération avec l’Amérique latine dans la protection de l’environnement, pas dans sa destruction.

    Ceux-ci doivent permettre une amélioration des normes environnementales et des conditions de travail ailleurs dans le monde. Par exemple, tout accord commercial devrait être conditionné aux accords de Paris, à la protection de la biodiversité, à l’amélioration des normes vétérinaires, à la limitation des pesticides, aux respects des normes minimum de travail (interdiction du travail des enfants et du travail forcé, libertés syndicales et droit de grève) et à une protection des peuples autochtones. Ce n’est pas le cas de ce traité qu’il faut abandonner.

    Pour aller plus loin

    Signez l’appel
    pour un référendum sur l’accord UE Mercosur

  7. Journée mondiale de l’enfance: garantissons aux enfants un futur viable !

    Cette année, la journée mondiale de l’enfance est aussi l’occasion de célébrer le 35e anniversaire de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CNUDC). Cette journée nous rappelle également l’urgence de protéger notre environnement et d’accélérer la transition écologique afin de garantir aux enfants d’aujourd’hui et de demain un avenir de justice sociale et climatique.

    Depuis son adoption par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1989, la CNUDC a été un pilier des droits des enfants, fournissant un cadre juridique pour la protection et le bien-être des enfants à travers le monde. Ce 35e anniversaire est l’occasion de réfléchir aux progrès réalisés, mais aussi aux défis persistants auxquels les enfants sont confrontés en France, en Europe et dans le monde.Les enfants sont parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique et des injustices sociales. Des conditions météorologiques extrêmes aux pénuries d’eau, en passant par l’impact sur leur santé, la crise environnementale menace leur droit à une vie saine et à un avenir prospère.

    Pourtant, chaque enfant, qu’il soit né ici ou ailleurs, a le droit de grandir dans un environnement sain et sans violence. La CNUDC nous rappelle ainsi l’importance d’écouter leurs voix et de les inclure dans les discussions sur l’environnement dans lequel ils vivent aussi.Dans le cadre de cet engagement, les Écologistes sont particulièrement inquiets pour les enfants victimes du terrorisme et de la guerre en Ukraine, au Congo et au Darfour, à Gaza, au Liban, en Azerbaïdjan au Kurdistan et pour les enfants Ouïghours.

    Afin d’impulser des changements durables et d’accroître la prise de conscience, nous invitons à investir dans toute activité visant à sensibiliser les enfants et les jeunes au lien entre leurs droits, humains et sociaux et la protection de l’environnement. À travers des ateliers, des projets d’éducation environnementale et des initiatives locales, nous pouvons bâtir un avenir où les enfants deviennent des acteurs du changement pour un monde plus juste et respectueux de l’environnement.Les Écologistes rappellent enfin que la possibilité pour les enfants de vivre sur une terre vivable demain est avant tout la responsabilité des adultes d’aujourd’hui.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    Le GT Protection de l’enfance

  8. Le cri d’alarme du Dr Denis Mukwege sur la RDC

    Le 4 novembre dernier, j’ai eu l’immense honneur d’accueillir au Parlement européen le Dr Denis Mukwege, figure emblématique de la lutte pour les droits humains en République démocratique du Congo (RDC).

    Lauréat du prix Sakharov en 2014 et Prix Nobel de la paix en 2018, le Dr Mukwege, surnommé « l’homme qui répare les femmes », consacre sa vie à combattre les violences sexuelles et notamment leur usage dans les conflits armés. Sa détermination, malgré les menaces constantes qu’il reçoit, force l’admiration.

     

    Une violence systémique, des victimes toujours plus jeunes

    Au cours de notre échange, le Dr Mukwege a partagé des constats glaçants. Depuis la fondation de l’hôpital Panzi, plus de 83 000 femmes victimes de violences sexuelles y ont été soignées. Mais aujourd’hui, une tendance effrayante émerge : de plus en plus d’enfants subissent ces violences. Dans certaines régions de la RDC, jusqu’à 30 % des femmes qui accouchent sont des mineures, parfois âgées de seulement 12 ans. Ces viols restent presque toujours impunis.

    En 2023, plus de 25 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles, principalement dans la province du Nord-Kivu, où le groupe armé « M23 » soutenu par l’armée rwandaise, affronte les forces congolaises dans une guerre d’agression. Pour les populations civiles, le viol devient une arme psychologique, utilisée pour humilier, contrôler et déplacer les communautés, dans une stratégie de terreur orchestrée par les groupes armés.

     

    Un rapport accablant mais sans suite

    En 2010, le rapport « Mapping » du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme identifiait plus de 600 crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en RDC, dont certains s’apparenteraient à un génocide. Ce document mettait en évidence l’implication de huit armées ou groupes armés affiliés à autant de pays étrangers, dont le Rwanda et l’Ouganda. Pourtant, quatorze ans plus tard, aucune justice n’a été rendue. Les autorités nationales de ces pays n’ont jamais engagé de poursuites, et la justice congolaise, corrompue et mal équipée, est incapable de traiter des crimes d’une telle ampleur.

     

    Une guerre qui s’autofinance au mépris des populations

    Ce conflit, loin de s’essouffler, est alimenté par des intérêts économiques colossaux. Les groupes armés et leurs soutiens étrangers comme le Rwanda, exploitent les ressources minières de l’est de la RDC, comme le coltan et le tantale, des matières premières essentielles pour la transition numérique et écologique. Ces minerais sont ensuite introduits en contrebande au Rwanda, qui les exporte comme s’ils provenaient de son propre territoire, bien que le pays n’en possède aucun gisement.

    Cette exploitation est largement tolérée par la communauté internationale. L’Union européenne, par exemple, a récemment signé un accord avec Kigali pour faciliter son approvisionnement en minerais stratégiques. En agissant ainsi, l’UE ferme les yeux sur les crimes commis en RDC et risque de devenir complice des exactions orchestrées par le régime de Paul Kagame. J’avais d’ailleurs interpellé le Commissaire désigné pour les partenariats internationaux à ce sujet, et il semblait lui aussi fermer les yeux.

    https://x.com/MounirSatouri/status/1858906695813964039/video/1

    L’Europe face à ses contradictions

    L’hypocrisie atteint son comble avec les récentes décisions de l’UE. Tout en dénonçant les violences commises en RDC, les États membres ont accordé 20 millions d’euros supplémentaires à l’armée rwandaise pour ses opérations au Mozambique contre les groupes jihadistes. Si l’objectif semble légitime, il est impossible de garantir que ces fonds ne financeront pas indirectement les activités criminelles du Rwanda en RDC.

    https://x.com/MounirSatouri/status/1854212027817894243

    Le cri d’alarme de Mukwege, notre responsabilité

    Le Dr Mukwege rappelle que les violences sexuelles, utilisées comme armes de guerre, ne sont pas une fatalité mais le fruit d’un système d’impunité. Il appelle la communauté internationale à assumer ses responsabilités : soutenir une justice indépendante, exiger des enquêtes crédibles, et mettre fin à la complicité économique avec les régimes impliqués dans ces crimes.

    En tant qu’eurodéputé, je ne peux que m’associer à cet appel. L’Union européenne doit cesser d’être un spectateur passif ou, pire, un acteur indirect de cette tragédie. Nos décisions économiques et politiques doivent refléter nos valeurs. Pour les femmes et les enfants de la RDC, pour les populations civiles victimes de cette guerre oubliée, nous ne pouvons plus détourner le regard.

    Mounir Satouri

  9. L’insupportable destruction du centre social Al-Bustan à Jérusalem- Est

    À Jérusalem-Est, la démolition du Centre Al Bustan à Silwan soulève de graves inquiétudes sur les droits des Palestiniens face à une politique d’expulsion systématique. Ce centre, essentiel pour des milliers de familles, incarne l’espoir et la résistance d’une communauté sous pression.

    Alors que l’attention du monde se porte légitimement sur Gaza et le Liban, une situation alarmante se déroule en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Israël continue sa politique d’annexion illégale, au mépris total du droit international.

    J’ai été profondément choqué d’apprendre la démolition du Centre Al Bustan dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est.
    Cette association, pilier pour des milliers de familles palestiniennes, était un lieu de soutien et de réconfort. Aujourd’hui, ces enfants et ces femmes, qui trouvaient en cet endroit un espace sûr, se retrouvent démunis face à cette décision brutale des autorités israéliennes.

    Ce drame s’inscrit dans un plan plus large visant à expulser les 65 000 habitants palestiniens de Silwan au prétexte de la création d’un parc touristique. Il ne s’agit, ni plus ni moins, d’un projet d’annexion illégal condamné par les Nations Unies, qui s’inscrit dans la politique de nettoyage ethnique de Jérusalem-Est.

    Depuis des années, les habitants de Silwan vivent sous des pressions inimaginables, luttant chaque jour pour préserver leurs maisons et leur communauté. La destruction du Centre Al Bustan marque une étape supplémentaire dans l’effacement de la présence palestinienne dans ce quartier historique de Jérusalem.

    Je tiens à saluer la représentation de l’Union européenne qui est venue témoigner de son soutien au Centre Al Bustan. Mais nous ne pouvons pas en rester là. Malgré la viralité engendrée par la destruction du centre Al Bustan sur les réseaux sociaux, on constate – impuissants – la lâcheté du gouvernement français lorsqu’il s’agit d’élever la voix face à la destruction de ce centre subventionné par la France et de nombreuses collectivités territoriales. Il y a urgence à dénoncer ces violations flagrantes du droit international et à soutenir concrètement les Palestiniens de Jérusalem-Est face à cette politique d’expulsion systématique.

    Nous ne pouvons pas rester silencieux face à cette injustice. Le devenir du peuple palestinien désintéresse complètement la bulle politique et médiatique en France. À nous d’utiliser notre voix pour témoigner des exactions sur place.


    Mobilisons-nous pour les habitants de Silwan et exigeons le respect du droit international à Jérusalem-Est.

    Mounir Satouri

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