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  1. [Toulouse] Enquête Publique sur la Jonction Est : Les Ecologistes Toulouse proposent une alternative

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE Toulouse, le 26 novembre 2024

    L’enquête publique sur le projet de Jonction Est commence le mardi 26 novembre et s’achèvera le 07 janvier 2025. Nous appelons la population toulousaine à s’emparer de cette consultation afin d’affirmer son opposition à ce projet routier d’un autre âge et à soutenir les propositions alternatives.

    Ce projet pensé dans les années 1980 ne correspond plus aux enjeux du 21ème siècle. Si des infrastructures de mobilité doivent être pensées pour la desserte de l’Est toulousain, la construction d’un échangeur autoroutier supplémentaire ne fera qu’aggraver la congestion déjà constatée sur le périphérique toulousain. La desserte des zones à urbaniser dans l’Est toulousain doit être assurée en privilégiant les modes actifs et les transports en commun.

    Dans son avis rendu le 10 octobre 2024, l’Autorité environnementale précise que le projet “ne contribue pas à des objectifs généraux comme la diminution des émissions de gaz à effet de serre et sa contribution au développement des transports en commun et des modes actifs doit être renforcée”.

    Régis Godec, chef de file des écologistes pour les élections municipales :

    Ce projet d’un autre temps doit être abandonné au profit d’alternatives qui privilégient le raccordement aux transports en commun. Je rappelle encore une fois que le RER métropolitain, desservant les zones concernées par le projet de jonction Est, serait la meilleure solution pour désengorger la grande agglomération.

    Hélène Cabanes, élue métropolitaine et cheffe de file adjointe :

    Cet espace préservé de l’agglomération ne doit pas être sacrifié par un projet autoroutier qui dégraderait les conditions de vie des riverains.

    De plus, le projet vient abîmer encore plus un espace abritant plus de 320 espèces végétales, 69 espèce espèces d’oiseaux dont 34 protégées, amphibiens (4 espèces), reptiles (5 espèces), mammifères terrestres (13 espèces), chiroptères (8 espèces), aux bords de l’Hers et de la Saune, déjà très urbanisé.

    Laura Verlhac porte-parole des Ecologistes Toulouse :

    Nous appelons les élu.e.s de Toulouse Métropole à revoir ce projet d’investissement coûteux et de dédier cette somme à des investissements d’avenir permettant de réduire les émissions de gaz à effets de serre et d’améliorer nos cadres de vie.

    Nous rappelons enfin que la pollution atmosphérique étant la deuxième cause de décès en France après le tabac et avant l’alcool, le projet de jonction Est va à l’encontre des engagements affichés de Toulouse Métropole dans “un vaste programme d’actions pour l’amélioration de la qualité de l’air qui constitue le volet Air de son Plan Climat Air Énergie Territorial ».

  2. Les trois leçons + une de Michèle Rivasi

    Il y a un an, le 29 novembre 2023, Michèle Rivasi disparaissait soudainement. Elle était à Bruxelles, lors d’une semaine de travail comme tant d’autres, préparait un déplacement en Tanzanie pour soutenir le peuple Masaï, faisait part à ses collègues de ses indignations, prenait du temps avec son équipe. Bref, Michèle était des nôtres et faisait son travail de députée européenne à la manière dont elle s’est toujours engagée, avec détermination et humanité.

    Je voudrais en quelques mots rendre hommage à cette grande dame, devenue au fil des ans une figure de l’écologie. Défenseure acharnée de la santé, combattante absolue de la transparence, adversaire infatigable du nucléaire, Michèle était une élue et une militante formidable, qui se mettait au service des causes qu’elle défendait. À bien des égards, elle était pour nous un modèle, issue du monde associatif, un pied dans la société, un pied dans l’institution, et toujours à l’écoute de celles et ceux dont elle portait la voix.

    Car si Michèle a emporté avec elle sa volonté d’airain, son obstination à agir, ses convictions inébranlables, sa bonne humeur et son intarissable capacité de révolte, de ses engagements et de sa personnalité, je voudrais tenter de garder en héritage au moins trois leçons politiques.

    La première, c’est de ne jamais oublier pour qui l’on milite. Michèle Rivasi était aux côtés des invisibles, des silencié·es, des méprisé·es. De celles et ceux qui ne comprennent plus les élites, et que les élites, en réalité, ne cherchent même plus à comprendre. En somme, elle parlait à un peuple que peu de politiques savent encore toucher. Si Michèle défendait de « grandes causes », comme la justice ou la transparence, elle ne manquait jamais de faire le lien avec les « petites gens ». Des gens parfois fragiles ou marginalisés, victimes de l’arbitraire du pouvoir ou d’ »intérêts supérieurs » mais que Michèle considérait avec sincérité et spontanéité dans toute leur dignité et leur intégrité.

    La seconde, c’est de ne jamais avoir peur de ses adversaires, de ne jamais consentir à subir le déséquilibre des forces, de toujours persévérer. Elle ne baissait la tête devant aucun ennemi, et plus celui-ci était puissant, plus sa détermination était forte. Habitée par un panache tranquille mais inébranlable, Michèle ferraillait contre le lobby du nucléaire, contre l’industrie pharmaceutique, contre les géants de l’agroalimentaire, contre les petits arrangements institutionnels des grands de ce monde. Car elle savait à quel point ces turpitudes minent notre Démocratie dans ses fondations même. Chacun de ses combats était Michèle contre Goliath. Elle rendait coup pour coup, revenait à la charge, ne désespérait jamais. C’était une battante.

    La troisième, c’est le refus d’intérioriser les injonctions faites aux femmes. Michèle a commencé sa carrière politique dans une univers encore plus masculin qu’aujourd’hui. Elle ne s’est rien interdit. Michèle était fondamentalement libre. Elle n’a ni demandé ni attendu l’approbation des barons en cravate, des apparatchiks de partis ou des mandarins en blouses blanches pour tracer son chemin en femme puissante. Je veux croire qu’elle fait partie, avec tant d’autres, de celles qui ont ouvert la voie à une génération d’écologistes talentueuses, qui à leur tour font vivre l’écologie et portent la voix des plus faibles, que ce soit au Parlement européen, à la direction de notre mouvement, à l’Assemblée, au Sénat, et dans tant de Mairies et de collectivités.

    Voilà les trois leçons que je veux retenir de la vie et de l’engagement de Michèle, et pour lesquelles je voudrais tant pouvoir la remercier aujourd’hui.

    Il y a un an, Michèle Rivasi disparaissait. Et, bien malgré elle, elle nous a alors livré une quatrième leçon. Une leçon d’attachement et de solidarité.

    Je ne trouve pas les mots pour dire la peine qui a été la mienne à l’annonce de son décès. La peine qui a été la nôtre. Encore moins pour dire la douleur et le désarroi de celles et ceux qui travaillaient avec Michèle. Michèle nous a instantanément manqué. Nous ne savions peut-être pas complètement, pas suffisamment, à quel point nous l’aimions. La vie politique est avare de démonstrations d’affection sincères. Elle ne nous laisse pas toujours entrevoir combien nous tenons les un·es aux autres. Les jours qui ont suivi son départ ont été un rappel puissant de la force des liens qui nous unissent. Je n’oublierai jamais les marques de sympathie et les gestes de solidarité venant de toutes parts. Dans notre militantisme, prenons soin de nous. Engageons-nous avec détermination et humanité.

    Pour tout cela, par-delà la mort, encore merci à toi Michèle, d’inspirer la meilleure part de nous-même au service du bien commun.

    Nous t’aimons. Tu es avec nous.

    David Cormand

  3. Victoire ! Les Écologistes obtiennent la suppression des groupes de niveaux au collège

    En avril dernier, Monique de Marco, sénatrice écologiste de la Gironde, a déposé avec le soutien de plusieurs parlementaires écologistes un recours auprès du Conseil d’État contre la réforme du « choc des savoirs ». Cette réforme, engagée par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, n’a jamais été débattue au Parlement. Le gouvernement a agi dans la précipitation et au détriment de la démocratie.

    Considérant que les dispositions du décret et de l’arrêté relatifs à cette réforme contreviennent aux principes fondamentaux du Code de l’éducation et du Code général de la fonction publique, ce recours dénonçait la création de groupes de niveaux, la remise en question du collège unique et de l’autonomie des établissements, le volontariat des enseignants et les irrégularités de la procédure. 

    Les Écologistes considèrent la mise en place de groupes de niveaux au collège comme un affront aux valeurs républicaines. Les groupes de niveaux institutionnalisent le tri social et renforcent les inégalités scolaires au détriment des plus fragiles. Il s’agit d’une grave rupture d’égalité.

    Après une longue bataille juridique et le dépôt de plusieurs recours par les syndicats d’enseignant⸱es, le Conseil d’État a rendu sa décision ce jeudi 28 novembre 2024. Il annonce l’annulation des groupes de niveaux au collège à partir du 6 juillet 2025. S’il ne retient pas les moyens soulevés sur le fond de la réforme, il considère que l’organisation de l’enseignement dans les collèges doit être déterminée par décret et non par arrêté.

    Alors que le gouvernement n’écoute ni la communauté éducative, ni le Parlement, c’est la justice qui a tranché. La décision du Conseil d’État confirme la fragilité juridique et politique du « choc des savoirs », il serait irresponsable de poursuivre cette politique.

    Les Écologistes se félicitent de cette décision et resteront mobilisés contre cette réforme aux côtés des personnels éducatifs, des parents et des élèves.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales

    Crédit photo : Dagonydes Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported

  4. COP29 à Bakou, l’irresponsabilité face à l’urgence

    L’Azerbaïdjan, une erreur de casting qui coûte cher

    La COP29 s’est déroulée à Bakou en Azerbaïdjan du 11 au 24 novembre 2024. Elle s’est ouverte alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record qui place le monde hors des accords de Paris. 2024 sera la première année à dépasser +1,5°C. Avec +1,3% d’émission de GES en 2023, nous préparons un monde à +3,1°C à la fin du siècle dont les conséquences sont incalculables.Les canicules, incendies, sécheresses et inondations dévastatrices se multiplient, entraînant des coûts humains, sociaux et économiques désastreux. Les dramatiques inondations en Espagne qui ont causé la mort d’au moins 220 personnes n’en sont malheureusement que le dernier rappel. Les effets du réchauffement climatique sont désormais réels et quotidiens partout dans le monde.

    Après Dubaï en 2023 où les Etats ont reconnu pour la première fois la nécessité d’une transition hors des énergies fossiles, la COP 29 était organisée cette année dans un pays dirigé par Ilham Aliyev, président autoritaire. Dans un rapport dévoilé le 8 octobre dernier, les ONG Human Rights Watch et Freedom Now révélaient comment la répression à l’égard « des activistes de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits humains » s’était accentuée dans le pays à l’approche de la COP.Comme de nombreux autres chefs d’Etat, Emmanuel Macron avait prévu de ne pas participer à la COP. La France devait ainsi être représentée par Agnès Pannier-Runacher. Mais, à la suite de critiques du président azerbaïdjanais Ilham Aliev sur la gestion par la France de la situation en Nouvelle-Calédonie, la ministre française de la Transition écologique a finalement annoncé qu’elle ne se rendrait pas à la COP29.

    Le 10 octobre dernier, Human Rights Watch a également révélé que l’accord entre l’Azerbaïdjan et la CCNUCC, signée en août 2024 imposait aux participant·es le «respect des lois azerbaïdjanaises» et la non-ingérence dans les «affaires intérieures» du pays.Dans ce contexte, le débat a fait rage et des voix ont appelé à boycotter cette COP afin de protester contre la répression des libertés publiques et l’invasion du Haut-Karabakh arménien.

    Un bilan plus que mitigé

    La COP29 s’est achevée le 24 novembre après deux jours de prolongation éreintants pour des négociateurs⸱trices déjà épuisé⸱es. Les attentes étaient fortes, à la hauteur de l’urgence climatique, notamment pour les pays les plus vulnérables, mais aussi pour les nombreuses ONG présentes sur place qui n’ont eu de cesse d’alerter sur le péril.Il était malheureusement prévisible qu’une COP organisée dans un pays producteur d’énergies fossiles et dirigé par un autocrate ne serait pas à la hauteur. La présidence azérie a ainsi attendu le tout dernier jour pour enfin proposer un chiffrage du montant des transferts financiers Nord-Sud à graver dans l’accord. 

    Le bilan de cet accord, signé dans la douleur et l’ambiguïté, est pour le moins mitigé. 

    Des constats sans appel

    Premier constat : les conditions d’organisation et ce triste bilan renforcent la pertinence d’une réforme des critères de désignation du pays hôte comme nous l’avons appelé de nos vœux.

    Second constat : la partie financière du texte final acte la hausse de la contribution des pays, responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, de 100 à 300 milliards par an. Même si ce montant figure dans l’accord final comme objectif à atteindre, c’est bien loin des 1300 milliards nécessaires. On le sait : les dérèglements climatiques accroissent les inégalités en impactant toujours les plus précaires, tant entre les pays qu’en leur sein. Les Écologistes rappellent que la mise en œuvre du Fonds pour les pertes et dommages, créé lors de la COP27, avait constitué une étape positive. Cependant, comme le financement ne devrait commencer qu’en 2025, son impact se fera sentir trop tard pour de nombreuses communautés qui souffrent déjà de catastrophes provoquées par le climat.Troisième constat : il est navrant que le point crucial de la sortie des fossiles ne soit pas plus avancé qu’il ne l’était lors de la COP28. Les Écologistes soutiennent l’initiative pour un traité de non-prolifération des fossiles, actuellement combattu par l’extrême-droite au Parlement européen, comme d’autres objectifs de mise en œuvre de l’accord de Paris, issus des COP suivantes. Il s’agit de mesures de protection de la population européenne et mondiale. Par ses amendements, l’extrême-droite révèle l’ampleur de son climatoscepticisme.

    Maigres avancées et discussions qui restent âpres

    Les écologistes se réjouissent de l’adoption d’une partie des règles d’application de l’article 6 de l’accord de Paris sur les marchés carbones, mais seront attentifs à ce qu’elle ne se fasse pas au détriment de l’ambition climatique par un “achat de droits à émettre” et des droits des populations en première ligne dans les pays en développement.

    Le fait que les femmes sont plus victimes des dérèglements climatiques a été remis en avant, comme il l’avait été en 2022, mais il a buté sur la résistance des pétromonarchies, de la Russie ou encore du Vatican. Or il est avéré que les dérèglements climatiques engendrent une dégradation des droits des femmes. Les Écologistes réaffirment que les droits des femmes doivent être défendus partout et aussi et surtout jusque dans les COP.De même, les droits des peuples autochtones, régulièrement bafoués sur l’autel de projets de développement économiques doivent être entendus et défendus. A ce titre, la création d’un groupe permanent de représentation des peuples autochtones au sein de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique décidé lors de la COP16 biodiversité est une bonne nouvelle. Les écologistes resteront vigilants et proactifs pour que leurs droits soient toujours respectés. 

    Renouer avec l’ambition des COP

    Les Écologistes déplorent le manque d’ambition des décisions prises au cours de cette COP, appellent les pays les plus riches à augmenter considérablement leurs engagements financiers, à mettre en œuvre sur leur territoire des actions climatiques fortes et à mettre fin urgemment à leur dépendance aux combustibles fossiles.Deux priorités se dégagent plus particulièrement pour la diplomatie climatique française à l’issue de cette COP :

    • L’exigence d’une réforme des critères de désignation du pays hôte afin d’éviter de reproduire l’erreur d’attribuer l’organisation de la COP à un pays comme l’Azerbaïdjan ;
    • l’amplification du travail pour influer sur les stratégies de certains pays, dopés aux combustibles fossiles, qui torpillent régulièrement les négociations climatiques.

    Alors que l’année 2025 sera celle des 10 ans le l’accord de Paris, l’heure n’est plus à l’hypocrisie, aux retours en arrière et aux tergiversations.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    La commission Énergie & Climat


    Crédit photo : Dean Calma / IAEA – Flickr

  5. Nouvelle Commission von der Leyen : du vert au brun

    Mercredi 27 novembre, les député·es européen·nes devront se prononcer pour ou contre le Collège de la Commission européenne pour les 5 prochaines années. Pour les Écologistes français·es, le choix est clair : nous ne soutiendrons pas cette nouvelle Commission von der Leyen.

    David Cormand, président de la délégation Europe écologie, explique ce vote :

    « Le choix d’Ursula von der Leyen de sanctuariser le néo-fasciste italien Raffaele Fitto à un poste de vice-président exécutif de la Commission est une faute politique impardonnable. Cette décision consacre une banalisation de l’extrême droite européenne au sein des institutions. Cette rupture manifeste et sans précédent du cordon sanitaire avec l’extrême droite est une ligne rouge déterminante.
    Ce choix se double des récentes attaques contre les avancées du Pacte vert, à commencer par la loi anti-déforestation, ou encore l’affaiblissement à venir des législations encadrant la responsabilité des entreprises. La réouverture de ces législations à l’origine de ces attaques sont des décisions d’Ursula von der Leyen.
    Nous ne pouvons pas accepter ces gages accordés à la frange la plus conservatrice et réactionnaire du Parlement européen qui n’a eu de cesse ces derniers mois de vouloir détricoter toutes les lois sociales et environnementales du mandat précédent.
    Nous resterons disponibles durant les 5 prochaines années pour construire des majorités pro-européennes et progressistes sur des lignes claires.
    Mais dans les temps incertains qui viennent, l’Union européenne n’a pas besoin de confusion. Au contraire, elle doit être solide sur ses appuis démocratiques et ses valeurs, en refusant avec fermeté toute compromission avec les tentations régressives d’extrême droite qui spéculent sur les pulsions identitaires qui ont, dans notre Histoire, mené l’Europe dans le chaos et la désolation.« 

    David Cormand

  6. Vers une nouvelle vague de “simplification-dérégulation”

    La bataille contre la nature se poursuit à Bruxelles

    À l’heure du vote sur le nouveau collège de commissaires, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu’elle présenterait dans les 100 prochains
    jours un “omnibus législatif” visant à réduire les obligations des entreprises, en commençant par leurs obligations climatiques, et à les décharger de toute responsabilité civile.

    Pour Marie Toussaint, vice-présidente du groupe Verts/ALE :

    “Sous couvert de “simplification”, Ursula von der Leyen a annoncé une nouvelle vague de dérégulation de l’économie européenne. Sans que ni le Conseil ni le Parlement ne le lui demandent, elle propose ainsi, avec zèle, de rouvrir les seuls textes qui permettaient d’engager les entreprises dans la transition juste.
    L’offensive est venue des lobbys de la chimie. Ceux-ci, considérés comme plus puissants encore que les lobbys de l’industrie fossile, ont pourtant largement échappé aux réglementations du Pacte vert et à l’impérieuse nécessité de limiter le nombre de produits toxiques, dont les polluants éternels PFAS, que nous répandons dans l’eau, les sols, l’air ou dans les jouets pour enfants.
    Début novembre, dans une lettre co-signée avec le patronat européen (1), ils appelaient clairement à détruire le devoir de vigilance, soit les seules règles qui allaient leur être imposées pour prévenir leurs atteintes aux droits humains et à la nature. Peu importe si les produits toxiques répandus chaque jour dans notre environnement portent des atteintes majeures et irréversibles à la santé humaine et à celle du vivant, elles ont obtenu victoire.
    Von der Leyen ne semble guère embarrassée par ses propres contradictions : sa promesse de vouloir maintenir intact le Pacte vert ne tient pas face aux coups qu’elle décide elle-même de porter contre les textes qui en sont issus et permettaient à l’Europe d’atteindre ses objectifs environnementaux, climatiques et sociaux.
    Après le règlement sur la déforestation, c’est désormais les textes sur la taxonomie (2), la transparence des entreprises “CSRD” (3) et le devoir de vigilance qui seront rouverts aux
    amendements en dépit d’une situation politique dégradée. Leurs points communs ? Avoir pour objectif le respect des limites planétaires, et donc des droits des citoyennes et citoyens, et être issus de propositions parlementaires (rapports d’initiative) lors de la précédente mandature. Elle porte donc un coup double : à la démocratie européenne et aux lois qui nous protègent. »

    Les lois de l’économie ne sont pas au-dessus des lois de la nature.

    “Si le contenu et la portée de cet omnibus législatif reste à définir précisément, ses orientations sont d’ores et déjà connues : d’un côté, réduire le nombre d’entreprises concernées ; de l’autre, revoir à la baisse les obligations de ces dernières, en particulier climatiques. L’omnibus vise ainsi à alléger les plans de transition climatique des entreprises et à revenir sur la possibilité de mettre en cause la responsabilité des entreprises devant les tribunaux. Pourtant, les récentes décisions de justice établissent un lien direct entre leurs activités et les violations des droits humains qui en résultent, y compris lorsque celles-ci sont liées aux conditions environnementales. Ces reculs n’ont rien de bon, ni même pour les entreprises qui demandent plus de prévisibilité et de stabilité sur le long terme afin de planifier et investir dans des projets sur le long terme et durables (4).
    Le problème de l’Europe réside dans l’absence d’investissement et de protection de notre économie, mais droites et extrêmes-droites n’en démordent pas : il faut affaiblir toutes les normes sociales et environnementales qui nous protègent ! Non seulement cela ne résoudra en rien la perte de compétitivité européenne, qui réside au contraire dans une haute qualité de production et le renforcement du bien-être et du rôle des travailleurs et travailleuses européens dans la transition, mais en plus cela portera atteinte aux citoyens dans une période tant d’aggravation de la précarité que de dépassement des limites planétaires.
    La “simplification” a bon dos : en la matière, toute opération de simplification réelle porterait sur la mise en œuvre de ces lois plutôt que leur remise en cause. L’offensive est rondement menée, au service de la bataille culturelle contre la nature et les droits sociaux stigmatisés par les droites dures et extrêmes comme la cause de tous les maux de l’économie européenne.
    Nous devons nous mobiliser pour assurer que cet “omnibus législatif” ne voit pas le jour et que ces textes cruciaux soient préservés.”

    Déclaration d’Anvers, février 2024 ; https://euratex.eu/news/business-associations-call-for-practical-eu-due-diligence-framework/
    https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:32020R0852
    https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:32022L2464
    https://www.theparliamentmagazine.eu/partner/article/a-business-perspective-strong-environmental-standards-foster-longterm-competitiveness

    Marie Toussaint

  7. La France et les pays de l’UE doivent mettre en oeuvre les mandats d’arrêt de la CPI contre Netanhayou, Gallant et Deif

    Les Écologistes accueillent avec soulagement les 3 mandats d’arrêt émis le 21 novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre contre Benyamin Netanhayou, Yoav Gallant et Mohamed Deif.

    Alors que la destruction de Gaza en représailles au massacre du 7 octobre 2023 dure depuis plus d’une année et frappe principalement les civils, nous déplorons 1200 Israélien·nes et plus de 44 000 Palestinien·nes tué·es. De graves violations des droits humains sont largement documentées.Dès mars 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a notamment estimé qu’un risque de génocide est possiblement en cours contre la population de Gaza. Et l’armée israélienne a étendu le conflit depuis deux mois au Liban.

    Dans ce contexte, les Écologistes appellent la France à soutenir les mandats d’arrêt de la CPI en annonçant qu’elle les mettra en œuvre en cas de présence d’une des trois personnes concernées sur son territoire. Alors que la voix discordante de Viktor Orban se fait déjà entendre en Hongrie, les pays de l’Union européenne – tous membres de la CPI – doivent également apporter leur soutien à ces mandats d’arrêt.Alors que la force brute fait rage depuis plus d’un an, au désespoir des victimes du conflit ainsi que des familles des otages et des prisonniers politiques en Israël-Palestine, dans un contexte où les Etats-Unis restent embarqués dans un soutien inconditionnel aux opérations militaires israéliennes comme l’a montré leur veto à un cessez-le-feu devant le Conseil de sécurité de l’ONU le 20 novembre dernier, il est plus que temps que les pays européens marquent leur soutien ferme au respect du droit international qui seul peut rouvrir enfin des perspectives de paix en au Moyen-Orient.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    La commission Transnationale

    Crédit photo :  Boris Niehaus Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International

  8. Le Pacte brun

    Ou comment le trio droite, socialistes et macronistes pactise avec l’extrême droite.

    Depuis le début du mandat, le PPE, groupe de droite dans lequel siègent les eurodéputé·es LR, se tourne de plus en plus vers l’extrême droite.
    Hier soir, cette droite a signé un pacte avec les socialisteset les centristes de Macron qui valide l’entrée de l’extrême droite dans le « gouvernement » européen.
    Une alliance des forces démocrates et pro-européennes était possible, mais ils ont choisi de rompre définitivement le cordon sanitaire pour des petits arrangements mesquins. Que les socialistes et les libéraux cèdent au chantage du PPE, offrant ainsi une vice-présidence à Raffaele Fitto, ami de Giorgia Meloni, est très préoccupant.

    La lutte contre l’extrême droite est au cœur de l’engagement des écologistes.
    Depuis le début du mandat, nous nous battons pour une majorité progressiste, respectueuse de l’État de droit et maintenant le cap pour atteindre les objectifs climatiques. Cette alliance, qui normalise l’extrême droite à qui l’on facilite l’accession au pouvoir, nous inquiète pour l’avenir de l’Union européenne et pour la démocratie.
    Le mandat qui vient sera pour nous un mandat de combat. Nous resterons vigilantes et vigilants à ce que la Commission travaille dans l’intérêt des citoyennes et des citoyens européen·nes.

    David Cormand

  9. L’Europe doit être la boussole d’un ordre mondial en crise

    Avec l’élection de Donald Trump et le bouleversement géopolitique qui s’ensuit, l’Union européenne doit se positionner comme un pilier des droits humains et du multilatéralisme.
    En rejetant les accords avec des régimes répressifs et en luttant contre l’impunité, l’Europe doit réaffirmer son engagement envers ses valeurs fondamentales.
    À l’heure où l’ordre mondial évolue, il est essentiel de défendre nos principes avec courage et cohérence.

    L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, couplée à la victoire des Républicains au Congrès, fait craindre un recul brutal des droits pour les Américains, notamment pour les femmes et les minorités. Cette arrivée au pouvoir annonce également un désastre pour les populations de pays déjà ravagés par les conflits comme ceux d’Ukraine, de Palestine ou du Liban. Poutine et Netanyahou jubilent face à ce bouleversement qui menace le multilatéralisme et qui affaiblit les juridictions internationales.
    Enfin, une administration américaine ouvertement climatosceptique risque de compromettre les négociations et les efforts mondiaux contre le réchauffement climatique.

    Dans ce contexte de crise annoncée, l’Union européenne doit assumer pleinement son rôle de garant des droits humains, du respect de la justice internationale et de promoteur du multilatéralisme. Nous avons le devoir de défendre des institutions comme l’UNRWA, vitale pour des millions de Palestiniens, ou la Cour pénale internationale, cible d’intimidations croissantes. Nous devons arrêter la politique de l’autruche en concluant des partenariats et accords avec des pays tiers qui violent systématiquement les droits fondamentaux, notamment lorsqu’il est question de gestion des migrations ou d’approvisionnement en matériaux stratégiques pour la transition.
    De cette manière, je condamne les accords passés avec la Tunisie, l’Egypte ou encore le Rwanda, qui nous rendent complices des graves violations des droits. L’Europe doit aussi parler d’une seule voix face à l’impunité.
    Les massacres et l’occupation des territoires palestiniens par Israël appellent des mesures fortes : un embargo sur les armes et la suspension de l’accord d’association afin de respecter l’avis consultatif de la CIJ.
    A l’heure où l’ordre mondial est sur le point de se transformer, notre responsabilité est claire : défendre nos valeurs avec courage et cohérence, sans double standard.

    Mounir Satouri

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