Accueil à l'Assemblée Manger mieux, Vivre mieux – L’impact environnemental des circuits courts

Manger mieux, Vivre mieux – L’impact environnemental des circuits courts

Point régulier de Brigitte Allain, rapporteure de la mission d’information sur les circuits courts et la relocalisation de notre alimentation

 

 

L’agriculture a un rôle déterminant sur l'environnement puisque selon le modèle pratiqué (polyculture élevage  ou cultures spécialisées), l'impact sur les sols, l'eau, l'air sera très différent. L’agriculture peut être à la fois une source de pollutions et de dégradations environnementales fortes lorsque les pratiques sont intensives et fortement consommatrices d'intrants, d’eau, de carburants pour les cultures spécialisées ou l’élevage hors sol de type industriels. Au contraire une agriculture paysanne économe, valorisant les ressources  pédoclimatiques, constitue une des solutions aux dégradations, notamment en terme de lutte contre le réchauffement climatique, avec un rôle unique de captation de gaz à effet de serre (GES), par le maintien et l'entretien de haies, de fossés, de prairies et une gestion durable des forêts.

 

La production en circuits courts apporte des solutions concrètes :

 

  • Réduction de l’utilisation d’intrants. La mise en circuits courts induit la plupart du temps la mise en place de pratiques agricoles plus vertueuses. Comme l’a souligné la Confédération paysanne lors de son audition, 80% des maraichers en circuits courts produisent en bio, ce qui aura une conséquence directe sur la qualité des sols, la qualité des eaux et la biodiversité.
  • Produire pour une consommation locale implique de répondre à une demande de qualité gustative et sanitaire qui exclut les produits hors saison sous serres chauffées et une irrigation excessive.
  • Réduction du gaspillage alimentaire, à la source, puisque les légumes difformes ou imparfaits ne seront pas exclus de la vente comme cela s’opère en grande surface par exemple, mais aussi en aval puisque la quantité produite, adaptée à la consommation demandée, permettra d’éviter des pertes trop importantes.
  • Réduction de l’emballage. La vente locale permet de diminuer l’utilisation d’emballage pour une très grande variété de produits, notamment les produits frais. Cette réduction des déchets aura un impact en termes d’émission de GES comme de traitement des-dits déchets.
  • Lutte contre les ilots de chaleurs en ville, avec la promotion de l’agriculture urbaine, essentielle pour une relocalisation de l’alimentation en zone dense, et qui permet de réguler les températures, sans parler de son impact sur la captation de carbone ou de préservation de la biodiversité en ville.

 

 

Le transport, un mauvais contre argument ?

 

17% des GES émis dans le circuit alimentaire sont dus aux transports. Le caractère polluant des transports en circuit court est souvent pointé du doigt, avec des camionnettes censées repartir à vide et des consommateurs devant se déplacer sur 10km en voiture sur plusieurs sites plutôt que les 3km pour se rendre au supermarché du coin

Si des efforts logistiques de regroupement de l'offre en produits locaux restent indéniablement à faire, une étude menée en 2008 par Benjamin Perez-Zapico pour la FRCIVAM Bretagne a permis de montrer que l'efficacité énergétique des chaînes logistiques des circuits courts obtenait dans la plupart des cas des résultats meilleurs ou équivalents à celui d'un approvisionnement régional "mi-long", et, dans tous les cas, de bien meilleurs résultats que l'approvisionnement international.

Au contraire, les systèmes spécialisés induisent des transports en amont de la culture pour les semences, plants, engrais minéraux et phytosanitaires chimiques issus du pétrole, mais aussi dans leur commerce et leur transformation, puisque selon la qualité choisie par les industries agroalimentaires, les produits matières peuvent subir plusieurs transformations dans des usines distantes entre elles et des lieux de production.

 

 

Le consommateur, un rôle clef dans la promotion de la protection de notre environnement

 

Le consommateur, va jouer un rôle essentiel puisque c’est finalement lui qui va orienter la production, à travers ses choix de consommation. Comme a pu le souligner la FNSEA lors de son audition, c’est la demande en produits biologiques qui a permis le développement d’un marché prospère dans les années 2000. C’est cette logique que l’on retrouve dans les circuits courts et qui ira en s’accentuant. Le réseau Inpact, lors de son audition, a insisté sur le potentiel de développement des circuits courts : avec une consommation de produits locaux de 10% en France, le chiffre d’affaires des circuits courts serait aussi élevé que le montant des aides de la PAC (soit 8 milliards par an). Le potentiel est énorme.

Les consommateurs sont demandeurs de productions localisées de qualité et respectueuses de leurs environnements. En s’engageant dans l’achat local et en préférant le critère de la qualité à celui du prix, les consommateurs vont inciter les agriculteurs à adopter des pratiques plus vertueuses. Au-delà, recréer ce lien agriculteur-consommateur, c’est changer de vision pour la production elle-même. L’exploitant produit pour nourrir et l’alimentation retrouve sa place dans un vrai projet politique de territoire, de redynamisation du local.

 

Objectif COP21

 

Les émissions totales de GES par an en France s’élèvent en moyenne d’après le ministère de l’agriculture à 496 millions de tonnes. Un travail sur les pratiques agricoles intégrant une vraie relocalisation de la production et distribution alimentaire permettrait de diminuer ces émissions jusqu’à 12% d’après le ministère de l’Agriculture.

Le rapport souligne 4 points sur lesquels travailler en priorité :

-          L’évolution des pratiques et la promotion de l’agro-écologie dont les circuits courts sont une composante centrale.

-          La préservation des terres agricoles.

-          Une gestion dynamique des ressources forestières.

-          La lutte contre le gaspillage alimentaire, qui passera entre autres par la mise en circuits courts.

Les circuits courts ont donc un véritable potentiel en termes de lutte contre le changement climatique, en permettant une atténuation de ses effets, mais aussi en permettant une adaptation au changement, avec la culture de variétés et l’élevage de races locales ou rustiques, plus résistantes ou mieux adaptées. C'est alors un réel facteur de biodiversité préservée.  Agro-écologie et agriculture biologique permettent à la vie des sols de renaître (invertébrés, insectes, pollinisateurs, faune et flore retrouvent vite leurs milieux naturels) et à améliorer la qualité de l’eau dans les nappes phréatiques, pour le plus grand bien des humains.

 

 

 

 

Pour aller plus loin

 

Un documentaire sur les circuits-courts diffusé sur France 5, avec une intervention de Brigitte Allain : http://www.france5.fr/emission/vente-directe-du-champ-lassiette

 

Une vidéo de présentation de la mission par Brigitte Allain :