Accueil à l'Assemblée Ma question à Bernard Cazeneuve sur l’accueil des réfugiés en France suite aux évacuations de La Chapelle et de la Halle Pajol

Ma question à Bernard Cazeneuve sur l’accueil des réfugiés en France suite aux évacuations de La Chapelle et de la Halle Pajol

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Évacuation de migrants

M. le président. La parole est à Mme Brigitte Allain, pour le groupe écologiste.

Mme Brigitte Allain. Monsieur le ministre de l’intérieur, quelques jours à peine après le démantèlement violent d’un camp de migrants à La Chapelle, à Paris, l’évacuation policière de la halle Pajol, dans des conditions tout aussi déplorables, nous a profondément choqués. Cet étalage d’autorité inacceptable a montré les limites et l’inadaptation des procédures d’accueil des migrants en détresse et en situation de grande précarité.

M. Bernard Accoyer. C’est une insulte à la police !

Mme Brigitte Allain. On ne peut pas continuer à faire comme si ces réfugiés avaient le choix. Ces personnes arrivent – si elles ont la chance d’arriver – dans des embarcations de fortune, après avoir traversé les océans au péril de leur vie, et laissé derrière elles leur famille et leurs attaches. Certains partent pour gagner un eldorado économique ; d’autres pour fuir une guerre. Ces derniers sont particulièrement vulnérables : ils ne partent pas, ils fuient. Et ils se retrouvent dans un pays où ils n’ont aucun repère culturel, linguistique ou social.

Nos pays riches ont leur part dans la montée des inégalités économiques, sociales et environnementales, et ils doivent prendre leurs responsabilités dans la gestion de leurs conséquences. Si la France doit arbitrer sur l’accueil des migrants, ces décisions doivent, dans tous les cas, être appliquées dans le respect des droits humains et dans les conditions permettant l’accompagnement digne de leur accueil ou de leur départ.

Les écologistes, attachés à ces valeurs, demandent des solutions durables pour les réfugiés : l’accélération des procédures de demande d’asile et de places d’hébergement ; la mise en place d’un lieu pérenne d’accueil et de prise en charge collective des exilés dans chaque grande ville française, qu’ils soient en transit ou demandeurs d’asile ; un plan d’action national d’accueil et d’accompagnement des immigrés ; la mise en place, enfin, d’un plan européen de solidarité.

Pouvez-vous nous assurer, monsieur le ministre, que vous accompagnerez désormais humainement et durablement ces femmes, hommes et enfants, réfugiés de notre planète trop souffrante ? (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur.

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur. Madame la députée, je voudrais profiter de votre question pour apporter un certain nombre de précisions. D’abord, que fait le Gouvernement vis-à-vis des immigrés présents sur le territoire national…

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Rien !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. …à l’instar de ceux qui avaient un campement à La Chapelle ou de ceux qui se trouvaient hier à la halle Pajol, sur l’esplanade Nathalie-Sarraute, à proximité d’une école et d’un gymnase, en présence de nombreux enfants et de nombreux jeunes ?

Ce que nous faisons est très simple : nous proposons l’asile à tous ceux qui peuvent y prétendre, et nous proposons également un hébergement à ces migrants. Pour ce qui concerne les femmes et les enfants qui sont en situation de vulnérabilité, nous faisons de même, en très étroite liaison avec la ville de Paris, dont je veux saluer l’excellente coopération avec le Gouvernement.

Enfin, pour ce qui concerne les autres migrants, nous essayons de les mettre à l’abri lorsqu’ils occupent des terrains de façon illégale. Je veux prendre des exemples concrets. S’agissant de l’évacuation de La Chapelle, préparée en liaison avec la ville de Paris et les associations, nous avons proposé 471 hébergements, c’est-à-dire un hébergement pour chacun des migrants évacués. Nous nous sommes employés à faire de même lors de l’opération d’hier.

Le Gouvernement agit avec humanité, et c’est vrai, madame la députée, qu’il est plus difficile d’agir avec humanité et responsabilité que de commenter sur tous les plateaux de télévision, avec la plus grande démagogie et la plus grande irresponsabilité les difficultés auxquelles le Gouvernement est confronté lorsqu’il s’emploie à faire face aux problèmes. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

M. Alain Chrétien. Très bien !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Je veux vous le dire très clairement, madame la députée : lorsque je vois un certain nombre de responsables politiques, qui n’ont de responsable que le nom, aller sur les plateaux de télévision pour expliquer avec le plus grand cynisme des choses qui sont fausses, alors que la situation des migrants appellerait plus de dignité, je me dis que nous avons raison d’agir dans la responsabilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)