Construire avec les jeunes
Mon Compte rendu de la rencontre entre les jeunes et les décideurs politiques, Périgueux le 15 novembre dernier
Ces rencontres entre jeunes et élus-es étaient organisées par la Fédération des centres sociaux du Périgord que je salue pour leur initiative.
S'il fallait résumer en une seule phrase ce qui ressort de ce colloque, je dirais " « A l'heure d'Internet, les jeunes se plaignent du manque de communication: ils ne se sentent pas écoutés, ils ne savent pas qui sont les élu-e-s et ce qu'ils font! »
Les témoignages de jeunes, qu’ils soient lycéens, étudiants, travailleurs ou en recherche d'emplois ont montré un besoin de communication mutuel entre décideurs politiques territoriaux, qui proposent des services, des infrastructures et aménagent le territoire et les jeunes qui bénéficient de ces nombreux dispositifs sans avoir l'impression d'en être décideurs.
De même, les législations concernant les jeunes émanent d'instances politiques où les jeunes, non représentés, se sentent certes quelquefois consultés, mais rarement entendus.
Plus généralement l'expression des témoignages a exprimé un manque de considération des besoins réels des jeunes, voire un sentiment de mépris des élus-es des collectivités locales qui les cantonneraient à des conseils de jeunes, faisant d'eux une catégorie à part.
Les jeunes ont exprimé des insatisfactions concernant les politiques et les dispositifs spécifiques au milieu rural. Il n'y a pas selon eux de solutions adaptées à leur besoin de vie sociale plus urbaine : l'accès autonome aux loisirs, aux sports mais aussi aux études, à l'emploi est conditionné par une meilleure mobilité et une meilleure accessibilité (plages horaires, coûts…), déployées sur tout le territoire. Cela demanderait ainsi une multiplication de services publics.
L'absence d'un réseau ferroviaire reliant Périgueux à Bergerac a été également évoqué, alors que les décideurs économiques ne mentionnent jamais un tel projet d'avenir structurant.
Le permis de conduire trop cher pour beaucoup de jeunes devient un réel handicap à leur insertion dans la vie économique et culturelle.
L'amélioration des dernières décennies des réseaux de transport urbain au dépend des réseaux ruraux et interurbains secondaires favorise le départ des jeunes vers les villes.
Les jeunes du colloque ont exprimé aussi l’éloignement des décideurs législatifs des préoccupations des jeunes et une absence de communication envers eux. Ils ont précisé le mépris ressenti face à une société qui n'offre pas de perspectives d'avenir.
Selon leur perception, rien n'est fait pour enrayer le chômage des plus jeunes. Ils ne connaissent pas les dispositifs mis en place pour soutenir les entreprises, l'emploi des jeunes et l'apprentissage.
Leurs expressions se cloisonnent dans des revendications catégorielles plutôt que citoyennes. Certaines sont justifiées justement par la discrimination législative d'accès à des minimas sociaux tels que le RSA, un seuil d'accès aux bourses étudiantes très bas, excluant de fait beaucoup d'entre eux.
Si certains d'entre eux expriment le souhait d'être intégrés dans la vie citoyenne et politique, il est sans nul doute nécessaire de construire avec eux une définition de l'organisation citoyenne et des propositions concrètes réalisables pour mieux répondre à une société plus solidaire entre toutes les générations.
La démocratie, c'est bâtir ensemble nos intérêts communs et durables.
Brigitte Allain, députée de Dordogne