Accueil à l'Assemblée Mes initiatives parlementaires Article Le bien Public France – Alimentation La malbouffe devient de mauvais goût

Article Le bien Public France – Alimentation La malbouffe devient de mauvais goût

Moins de sucres, davantage de produits « bio » et d’exigence dans la traçabilité des aliments : le rapport du consommateur à l’assiette évolue. Les politiques prennent des mesures pour accélérer cette évolution.

Pour la première fois en 2015, année pourtant chaude, les Français ont acheté davantage d’eau minérale que de sodas. Les ventes d’eau en bouteille ont augmenté de 5,4 % et la part de l’eau s’élève même à 21 % sur le marché des boissons sans alcool. La faute à la taxe soda qui a renchéri le coût des colas et autres dérivés avec ou sans bulle ? Pas seulement.

« C’est une bonne nouvelle pour les habitudes alimentaires des enfants, selon Philippe Legrand, directeur du laboratoire de biochimie-nutrition humaine d’Agrocampus à Rennes, auteur de Coup de pied dans le plat (Éditions Marabout). Quand on mange des glucides sans les dépenser, elles se transforment automatiquement en lipides saturés. Si une famille peut éduquer les enfants à boire de l’eau pendant les repas, c’est mieux. »
Du local et du bio à la cantine ?

Démonstration à l’appui : une canette de cola de 33 centilitres représente sept morceaux de sucre en tout. La chasse à l’excès est ouverte dans les assiettes. Le consommateur devient attentif à la qualité du produit, au mode et au lieu de production. Les grandes enseignes veillent. McDo communique sur ses achats chez les producteurs locaux et ouvre des restaurants à dominante salade. Quant aux pouvoirs publics, ils suivent ou encouragent.

Ainsi jeudi, une députée écologiste a-t-elle fait adopter à l’unanimité un projet de loi en première lecture sur « l’ancrage territorial de l’alimentation ». Elle prévoit un objectif contraignant : monter à 40 % la part d’alimentation locale dans la restauration collective d’ici à 2020. Brigitte Allain, députée écologiste de Dordogne, veut faire reculer la part de nourriture industrielle dans les assiettes des enfants : « Si on prend des produits agroalimentaires standards comme les nuggets ou des crêpes au fromage, on va manger exactement la même chose que l’on soit en Bretagne, pays de la galette, à Marseille ou à Lille alors que les habitudes culinaires sont différentes d’un terroir à l’autre. » Les menus doivent s’adapter à ce que l’on a traditionnellement et localement l’habitude de manger.

Cette même loi exige que le bio représente 20 % de la part de l’alimentation locale. La pétition de l’association Agir pour l’environnement a été signée par plus de 110 000 personnes en l’espace de cinq jours. « Un score très motivant qui montre que l’on peut interpeller nos députés », explique Mathias Charpin, représentant de l’association, qui y voit le signe d’une transition alimentaire : « On espère que cela va inciter à des conversions en bio d’agriculteurs actuellement en difficulté ».

Certaines collectivités sont allées très loin comme la ville de Mouans-Sartoux (10 000 habitants) dans les Alpes-Maritimes : depuis 2012, on déjeune 100 % bio dans ses cantines. Elle a même créé une régie agricole municipale. Pour Brigitte Allain, cette initiative va dans le sens de l’intérêt général : « Les premiers gagnants seront les consommateurs en ville et surtout dans les territoires ruraux car cela relancera la production locale de proximité ». Et si après sa santé, le consommateur regardait l’assiette en pensant à l’emploi de ses voisins ?