Urbanisme : « concerter en amont pour favoriser l’appropriation par les habitants »

Deux initiatives récentes du groupe local et de la coopérative de Rennes ont permis d’alimenter la réflexion des militants et sympathisants sur des sujets touchant à l’urbanisme et à l’habitat. Compte-rendu.

« Densité : toujours plus ? » était le thème de la réunion proposée le 13 décembre par le groupe local de Rennes. Tout le monde en convient : densifier la ville s’impose pour lutter contre l’étalement urbain et préserver les espaces naturels. La crise économique et énergétique oblige aussi à rapprocher les activités des lieux de vie. Une densification qui n’est pas synonyme de grande hauteur cependant : « le quartier du Blosne a la densité de population la plus faible de Rennes », comme le rappelle J.Y. .

A la différence d’autres pays « où la parole des habitants est prise au sérieux », il manque en France une culture de la concertation.  La concertation à la française, de nature règlementaire, sert essentiellement
d’alibi (information-communication sur des projets déjà ficelés).

L’importance de la nature dans un environnement très urbanisé est
soulignée, mais « encore faut-il que les habitants s’approprient les espaces verts » (pas le cas au Blosne par exemple). Les parcs en réseau, qui permettent de relier les espaces dans une logique d’appropriation, sont une réponse. Plus globalement, il s’agit d’inventer « de nouvelles formes de solidarité, associatives, de gouvernance ». Les habitants « doivent gagner en qualification et peser davantage dans les négociations avec les maîtres d’ouvrage ». Traditionnellement (depuis H. Fréville), des efforts sont faits à Rennes en matière de politique de l’habitat : un atout pour développer de nouvelles pratiques en la matière, via une intervention forte auprès des bailleurs sociaux.

Outre le quartier du Blosne, les projets municipaux de Baud-Chardonnet, la
Courrouze, Via Silva ou EuroRennes sont évoqués à la lumière de ces enjeux.

Le déséquilibre Est-Ouest de la Bretagne est aussi abordé. Si le SCoT
est un outil adapté à l’échelle du pays (au sens de la loi Voynet), l’aménagement du territoire au niveau régional pose problème. En cause :
l’Etat, qui ne joue pas son rôle d’animation de « l’inter-SCoT ». Fait aggravant : « la réforme des collectivités territoriales place les collectivités
en concurrence entre elles et donne l’avantage aux métropoles, accentuant
les déséquilibres ». Certains choix d’infrastructures (type aéroport N.D. des
Landes) n’arrangeront rien à la situation…

Visite d’un habitat groupé le 17 décembre.

Un coopérateur EELV nous invite à découvrir « la Petite maison », du nom de la résidence coopérative où il habite. L’habitat groupé (encore appelé  « participatif », « solidaire » ou « autogéré ») rassemble des personnes qui veulent sortir des solutions individuelles de logement et concevoir collectivement leur habitat. Encore marginale en France, la formule est en plein essor depuis 4-5 ans.

Quelques projets existent à Rennes et sa région, dont la Petite maison :
une coopérative de 10 logements dont 4 en habitat groupé, créée en 1987.

Une grande salle de réunion et/ou de fêtes, ainsi qu’une chambre d’amis sont mises en commun. Juridiquement, chacun est propriétaire de parts sociales (un bien mobilier et non immobilier donc).

Les valeurs humaines et écologiques sont au cœur des projets d’habitat groupé. Par ailleurs, dans un contexte de flambée des prix de l’immobilier, l’habitat solidaire a des réponses à apporter. Ainsi, les commandes groupées de matériaux, la mutualisation de certains espaces, l’attention portée aux économies d’énergies minorent le coût final ; des clauses anti-spéculatives ou de reversement des plus-values à la coopérative peuvent aussi contrecarrer la hausse immobilière (dont les jeunes sont les premières victimes) ; lors de la création de nouvelles ZAC, les collectivités locales s’appuient parfois sur des promoteurs coopératifs pour créer un prix de référence qui modère le prix moyen global.

Durant la visite, la discussion s’engage aussi sur ces lotissements dévoreurs d’espace mais qui se dépeuplent une fois les enfants partis. Que faire de tous ces logements en partie inoccupés ? En France, la culture de ne rien changer dans l’habitat persiste malheureusement, alors que les propriétaires eux-mêmes auraient intérêt à ce que les choses bougent.

Les échanges se poursuivent sur les notions de consommation collaborative (modèle économique où l’usage prédomine sur la propriété), de logement partagé (un propriétaire met à disposition une chambre meublée à l’intérieur de sa résidence principale) et de logement intergénérationnel (entente solidaire entre des étudiants qui cherchent un logement et les personnes âgées qui préfèrent ne pas rester seules et isolées). Pour aller plus loin : http://www.hg-rennes.org-> http://www.hg-rennes.org

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