Orientons nos formations régionales vers les métiers de demain

Les écologistes, par la voix d’Anne-Marie Boudou, sont satisfaits des nouvelles compétences régionales en matière de formation, en cohérence avec une approche plus fine des besoins des territoires…Mais attention, aux offres des secteurs en difficultés, qui offrent emplois souvent précaires et peu pérennes, sans vision industrielle et stratégique. Il est donc temps d’adapter les formations, non pas aux besoins des entreprises à court terme, mais vers les métiers de demain : services à la personne, éco-activités, rénovation énergétique, éco-matériaux, emplois associatifs et de l’ESS, énergies marines…

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Mission 3 : pour une formation tout au long de la vie permettant la sécurisation des parcours professionnels.

Monsieur le Président,

Comme nous avons eu déjà l’occasion de le dire dans cette assemblée, nous sommes satisfaits des nouvelles compétences régionales en matière de formation, en cohérence avec une approche plus fine des besoins des territoires.
Nous renouvelons toutefois notre vigilance quant à une vision trop « adéquationniste » de l’offre de formation aux besoins des entreprises, notamment dans les secteurs en difficulté, qui offrent des emplois souvent précaires et peu pérennes, sans vision industrielle et stratégique.
L’offre publique de formation professionnelle, ainsi que l’apprentissage sont des leviers importants d’une transition écologique de notre économie. Dans un but de Gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences, le Plan Bretagne Formation et surtout les ATE doivent être un outil pour anticiper les changements nécessaires. Il faut adapter les formations, non pas aux besoins des entreprises à court terme, mais bien dans la perspective d’orienter les plus jeunes et les demandeurs d’emplois vers les métiers de demain. Services à la personne, éco-activités, rénovation énergétique, éco-matériaux, emplois associatifs et de l’ESS, énergies marines, ces secteurs sont créateurs d’emplois plus pérennes car résistant mieux à la crise, dans un contexte où les secteurs économiques traditionnels sont à la peine. L’offre de formation doit suivre le mouvement.
Alors que les effectifs en CFA baissent, notamment dans les secteurs en berne comme le bâtiment, les soins à la personnes, l’automobile, une diversification des formations dans ces métiers, particulièrement autour de la transition écologique, pourrait booster l’apprentissage en Bretagne.
Un autre enjeu est celui de l’évolution des pratiques pédagogiques et de la formation des formateurs. La transition écologique nécessite souvent une montée en compétence des formateurs car les formations et les métiers gagnent en technicité et requiert un niveau de qualification de plus en plus élevé. L’axe dédié au Plan Bâtiment Durable est une bonne initiative qui prend bien en compte cette  réalité. Mais le perfectionnement des formateurs et l’innovation pédagogique devrait bénéficier d’un effort financier plus important alors qu’il est en baisse.
Autre priorité affichée de ce bordereau est l’accès à la formation et à l’orientation des plus fragiles. Au vu du contexte économique et social actuel, demandeurs d’emplois et jeunes sans diplôme ou qualification doivent être en effet notre priorité. Attention alors à la situation des stagiaires POP et PPI dont le montant d’une bourse forfaitaire souvent trop faible ne permet pas la poursuite d’un parcours de formation sécurisé.
Le taux de rémunération de ces stages peut dissuader nombre de postulants ou participer à l’interruption du stage. Alors que la lutte contre le décrochage des jeunes en formation, quelle qu’elle soit, doit être une priorité et que la sécurisation des parcours est le maître mot, il ne faut pas les fragiliser en amont.

Enfin les compétences régionales en matière de formation se verront étendues en janvier 2015 aux personnes sous main de justice et aux personnes en situation de handicap. La Région ne dispose pas de politique spécifique en matière d’orientation et de formation pour ces dernières, comptant sur le travail des associations et notamment de l’AGEFIPH, avec laquelle la Région contractualise. L’État qui vient de réduire le budget de l’AGEFIPH de 29 millions d’euros ne facilite pas le travail de cette dernière. Alors que les personnes en situation de handicap comptent un taux de chômage de 21% et qu’elles restent souvent parmi les plus éloignées des dispositifs de droit commun, il semblerait pertinent d’avoir une réflexion particulière en région sur l’accessibilité des jeunes et des adultes en situation de handicap, au sens de la loi de 2005 qui prévoit notamment que toute personne en situation de handicap a le droit aux études et à la formation professionnelle dans les meilleures conditions.
Il nous faudra également mener un diagnostic sur l’accessibilité physique des CFA, tout comme de leur mise aux normes de sécurité, en conformité avec la loi. A l’image de ce qui a été réalisé pour les lycées, un appel d’offre pourrait être lancé rapidement et devra être budgétisé.

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