L’écologie et l’audace sont les grandes oubliées du débat budgétaire
« En même temps que l’argent public se fait plus rare, les enjeux auxquels il nous faut réponde, tant économiques, sociaux qu’environnementaux se font plus forts. L’heure des choix est donc venu. Malheureusement nous n’y sommes pas : les orientations budgétaires sont le prolongement des actions passées sans réelles ambitions nouvelles. « L’écologie de l’action » promise pendant la campagne des élections régionales a vite été oubliée. »
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Guy Hascoët, au nom d’EELV, dans le cadre du débat d’orientation budgétaire régional.
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En même temps que l’argent public se fait plus rare, les enjeux auxquels il nous faut réponde, tant économiques, sociaux qu’environnementaux se font chaque jour plus forts. Dans ce contexte, ce Débat d’Orientation Budgétaire revêt une importance particulière.
Nous ne pouvons que constater, encore le faible dynamisme de nos ressources. Il est prévu une timide augmentation, de l’ordre de l’inflation, pour la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, comme pour l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux. Quant à la taxe intérieure sur les consommations des produits énergétiques, comme celle sur les carte grises, elles sont toutes deux amenées à stagner. Si nous débattrons tout à l’heure du degré d’ambition du Schéma Régional du Climat de l’Air et de l’Energie, les missions de notre Région, comme les enjeux environnementaux auxquels il nous faut répondre, ne peuvent que nous amener à construire des politiques publiques avec pour objectif de réduire drastiquement nos consommations énergétiques et l’utilisation de la voiture individuelle. Ainsi, et oserai-je dire, tant mieux, nos recettes sont vouées à décroître, et nous devons participer par les politiques que nous menons à leur diminution.
Tous savons ici l’absurdité de cette situation. Ainsi, permettez moi de rappeler ici, et comme l’a réaffirmé l’Association des Régions de France, notre forte volonté que, rapidement, les Régions disposent d’une fiscalité qui soit en cohérence avec leurs compétences et actions.
Surtout, la situation de nos recettes démontre une fois de plus la nécessité d’une fiscalité autonome du bon vouloir de l’Etat.
Si le contexte budgétaire est difficile, si la résorption à terme de la dette est une nécessité, nous ne pouvons nous résigner à accepter la diminution des dotations de l’État aux collectivités territoriales. Ni hier, ni aujourd’hui nous ne pouvons admettre que ceux qui réalisent 75% de l’investissement public soient ainsi astreint à une baisse globale de 750 millions d’euros par an en 2014 et 2015 sans perspective pour la suite. Car, nous le savons, les régions sont le levier de la création d’emplois. L’Allemagne ne cesse chaque jour de le démontrer. Pour sortir de la crise, décentralisons, engageons la solidarité entre les territoires par une péréquation cohérente et donnons aux Régions la capacité à lever l’impôt pour mener à bien leurs actions au service des habitants.
Nous notons que la Région Bretagne, consciente, à n’en pas douter, de l’importance de l’intervention publique pour résoudre les difficultés économiques et sociales que nous connaissons, affiche sa volonté de poursuivre une politique d’investissement. C’est une bonne chose et notre actuelle bonne santé financière nous le permet effectivement. Nous nous interrogeons néanmoins sur les priorités affichées et la cohérence de certains investissements. On nous parle encore et toujours de la « péninsularité » bretonne. Nous tenons à rappeler que notre Région a sa réalité géographique que même les grandes ambitions de maîtrise de la nature par l’homme ne saurait faire évoluer. Nous ne serons jamais une région limitrophe de l’Ile de France, c’est un fait. Faisons en en atout et tournons nous vers notre façade maritime et un développement économique plus endémique de la Bretagne. Nous sommes la Région qui dispose du plus grand nombre de kilomètres de routes par habitants et l’on continue à nous vendre un rond point ici, ailleurs une ceinture périphérique et encore là une bretelle routière. Au final on y perd notre pantalon. Les travaux de la ligne à Grande vitesse ne sont même pas achevés qu’on nous impose, à grand renfort de gendarmerie, un nouvel aéroport aux portes de Nantes pour, je cite, « nous rapprocher de l’Europe de l’Est ». Mais jusqu’où irons-nous?
Pendant ce temps nous allons éprouver certaines difficultés à renouveler notre parc de rame TER, et je ne parle même pas de penser à l’ouverture de nouvelles lignes ferroviaires, nous en sommes loin. L’argent manque pour développer une politique énergétique digne ce nom, quoique certaines filières soient encore maintenues à bout de bras à coup de milliards, mais nous ne sommes pas certains que ce soient celles de l’avenir. Bref, parfois quand les temps sont rudes, il suffit de faire les bons choix pour retrouver un peu d’air.
Nous n’y sommes pas et les orientations budgétaires sont le prolongement des actions passées sans réelles ambitions nouvelles. Un point sur les Énergies Marines Renouvelables et l’aménagement du port de Brest en mission « économie » quand la filière éolienne off-shore semble bien nous avoir échappée au profit de nos voisins ; un affichage du Pass’ bio dans le cadre de la Nouvelle Alliance quand l’essentiel du budget agricole continue à aller à l’agriculture chimiquement intensive. Pas un mot sur les éco-activités et les filières d’avenir en mission « formation », alors même que nous avions apporté des propositions en ce sens. D’ailleurs, nous ne cessons de proposer, de porter des actions nouvelles au débat. Jamais, ou presque, elles ne sont prises en compte.
Si l’argent manque, alors il faut ici faire des choix. Aux grandes infrastructures, couteuses et peu créatrice d’emplois, nous préférons des politiques publiques d’investissement qui améliorent concrètement le quotidien des gens. Une politique au service des habitants et de la protection de notre environnement : c’est de cela dont nous avons plus que jamais besoin.