Le rail et les voies maritimes sont l’avenir du fret en Bretagne

« Nous souhaitons que le Plan Régional d’Actions Logistiques marque la fin de décennies d’inertie nationale en matière de fret ferroviaire et maritime, qui ont vu les lignes ferroviaires disparaître et les volumes de marchandises transportées par rail décroître alors que l’investissement routier n’a cessé d’augmenter.

Le lobbying d’un certain nombre d’acteurs économiques et d’élus bretons contre la mal nommée écotaxe, qui est en fait une taxe poids lourds, prive la Bretagne d’un outil de financement mais également de rationalisation logistique. Dommage que cette écotaxe ait été mal ficelée dans son élaboration et mal accompagnée dans les territoires, car elle serait tombée à point nommé pour financer notre désenclavement ferroviaire et maritime. Rappelons qu’en 2009 les parlementaires verts s’étaient abstenus sur l’écotaxe, soutenant son principe, mais déjà échaudés par son élaboration calamiteuse. Nous avons depuis fait des propositions par la voix du sénateur de Loire Atlantique Ronan Dantec pour sortir par le haut de cette crise. Car si aujourd’hui comme hier, l’enjeu est toujours de connecter la Bretagne aux grands réseaux européens et mondiaux, cela ne passe plus par la route mais bien par la mer et le fer. C’est une évolution logique et nécessaire. »

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Gaëlle Rougier sur le Plan Régional d’Actions Logistiques en session du Conseil régional le 12/12/13

Nous saluons l’arrivée de ce Plan Régional d’Actions Logistiques ainsi que le travail de concertation effectué depuis février dernier. Même s’il n’est pas une nouveauté, il faut saluer cette avancée en matière de stratégie régionale de développement du fret.

Nous souhaitons que ce document marque la fin de décennies d’inertie nationale en matière de fret ferroviaire et maritime, qui ont vu les lignes ferroviaires disparaître et les volumes de marchandises transportées par rail décroître alors que l’investissement routier n’a cessé d’augmenter. Nous avions déjà pointé l’absence d’ambition ferroviaire et maritime pour la Bretagne dans le Schéma National des Infrastructures de Transports (SNIT) et notre groupe avait alors poussé pour que l’avis régional sur le SNIT soit plus revendicatif en la matière.

Mais ce manque criant d’ambition fret en Bretagne est aussi de notre responsabilité en région. Lorsque vous êtes allé rencontrer, M. le président, la commission Duron afin de défendre les projets bretons, aucun ne concernait le fret, à notre grand damne.

Le lobbying d’un certain nombre d’acteurs économiques et d’élus bretons contre la mal nommée écotaxe, qui est en fait une taxe poids lourds, devant alimenter l’AFITF (Agence Financement des Infrastructures Terrestres de France), prive la Bretagne d’un outil de financement mais également de rationalisation logistique. Tant que la route restera si peu chère et le transport ferroviaire et maritime si peu rémunéré, il sera difficile d’inciter les opérateurs du territoire à mutualiser la collecte et la distribution, à limiter les trajets des camions à vide, à raccourcir les distances parcourues. Dans les pays où l’écotaxe est déjà en œuvre, le travail de rationalisation logistique a été profitable à tous, producteurs et chargeurs. Dommage que cette écotaxe ait été mal ficelée dans son élaboration et mal accompagnée dans les territoires, car elle serait tombée à point nommé pour financer notre désenclavement ferroviaire et maritime.
Rappelons aussi qu’au niveau national, en 2009 les parlementaires verts s’étaient abstenus sur l’écotaxe, soutenant son principe, mais déjà échaudés par son élaboration calamiteuse. Nous avons depuis fait des propositions par la voix du sénateur de Loire Atlantique Ronan Dantec pour sortir par le haut de cette crise. Car si aujourd’hui comme hier, l’enjeu est toujours de connecter la Bretagne aux grands réseaux européens et mondiaux, cela ne passe plus par la route mais bien par la mer et le fer. C’est une évolution logique, nécessaire.

En Bretagne l’objectif de structurer le réseau logistique implique un travail de recensement et d’entretien des infrastructures ferroviaires notamment. A l’occasion de l’avis régional sur la fermeture des lignes Concarneau-Rosporden et celle de Vitré-Fougères, nous vous avions interpellé sur le caractère tout à fait virtuel de la réversibilité des fermetures de lignes, de part l’étalement urbain et de part les nouveaux usages qu’implique la création de voies vertes le long des voies ferrées. Nous sommes bien-sûr pour les voies vertes mais il nous faut aussi préserver notre réseau ferré de proximité.
Il nous faut aussi partir à la reconquête des lignes intérieures. La réalisation de l’axe structurant St Brieuc-Auray via le centre Bretagne nous paraît indispensable dans une stratégie d’aménagement du territoire et de dynamisation du ferroutage dans la région.
Mais là encore vous préférez concentrer les énergies sur la réalisation d’une nouvelle infrastructure entre Rennes et Nantes via un hypothétique aéroport à Notre Dame Des Landes.
Concernant le transport maritime, en l’absence d’avancées en matière de réunification, il nous faut raisonner avec la Loire Atlantique et le port de St Nazaire.

Nous espérons que le choix des lieux d’implantation des infrastructures, notamment des plate-formes logistiques multimodales se feront dans un réel soucis d’aménagement du territoire et non par souci de servir les intérêts d’un édile local, comme nous l’avons expérimenté en Ille-et-Vilaine avec le projet avorté de plate-forme logistique à châteaubourg. Un projet de plate-forme sans réelle connexion de ferroutage, utilisée comme un appât pour attirer les entreprises sur un territoire qui n’en a pas tellement besoin. Les plate-forme de demain devront avoir un intérêt réel en matière de multimodalité et d’aménagement du territoire.

Enfin cette politique n’est pas anodine mais est au contraire un levier majeur de la transition du modèle économique et agricole de la Bretagne vers une production relocalisée et des modes d’acheminement des marchandises respectueux de l’environnement, en cohérence avec les recommandations du Schéma régional climat air énergie. C’est aussi un choix de société.

Nous approuvons ce bordereau et nous rejoignons le Ceser dans sa demande d’un comité de suivi de ce plan afin de rester des observateurs vigilants de l’avancée de cette politique où tout reste à faire.

 

Un commentaire pour “Le rail et les voies maritimes sont l’avenir du fret en Bretagne”

  1. Bonjour et merci pour cette information.
    Une question tout de meme : le ferroutage pose de vrais problemes (dus au changement profond de l’organisation logistique, et au cout des investissements necessaires en nouvelles voies ferrees).
    Quid du trolley truck ? L’idee est simple, et cette solution a ete utilisee depuis le debut du 20e siecle, est toujours utilisee dans des mines, et Siemens a developpe une version « moderne » de cette technique (http://www.youtube.com/watch?v=–HWis8NZBI)
    Il s’agit simplement d’installer un pentographe et moteur electrique sur le camion (retrofit de camions existants possible) et un cathener sur la voie de droite de la 2×2 voies.
    Resultat : pas de contraintes trop fortes sur les transporteurs (on garde la flexibilite du moteur diesel), couts d’investissements divises par 10 par rapport au train, meilleur bilan carbone global (moins de beton et d’acier que le train) : c’est de l’economie circulaire appliquee – on reutilise plutot que de construire encore une nouvelle infrastructure…

Remonter