La Glaz économie ? Pour qui, pour quoi? Faisons le bilan.

La stratégie régionale de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) a été votée par le Conseil régional de Bretagne en 2013. L’objectif? Proposer des leviers de développement ainsi que des domaines d’innovation prioritaires pour la Bretagne. Une grande consultation a été mise en place sur la Glaz économie afin de rassembler les succès, les échecs, les difficultés rencontrées…Les écologistes regrettent que la gouvernance choisie ait été confidentielle et non co-élaborée sans réelle analyse de l’initiative initiale. Ex. L’économie sociale et solidaire dont les vertus ont été largement mises en valeur ne bénéficie que de quelques millièmes du budget économie. Elle porte pourtant 14 % des emplois de Bretagne… Janick Moriceau

Janick Moriceau

Janick Moriceau

 

Monsieur le Président,

Vous l’avez souligné hier, Monsieur le Président, avec 600 contributions, de nombreux participants aux rencontres, les travaux de la Glaz économie ont mobilisé les bretons. Tous, ou presque, étaient conscients de la fragilité d’un modèle économique, insuffisamment diversifié, conscients du risque important qu’il faisait peser sur notre Région et l’emploi, conscients de la nécessité de changement.

Ils ont souhaité mettre leurs réflexions, compétences dans la construction de ce SRDEII. Cette mobilisation, cette co-élaboration ont leurs corollaires respect des engagements pris bien sur mais aussi nécessité de poursuivre le débat engagé en partageant les succès, les échecs, les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre d’un projet devenu « commun ». La force du projet ne se situe t-elle pas là ?

La gouvernance choisie ne ressemble en rien à cela, n’a rien de participatif . Elle serait même plutôt du genre confidentielle. Presque 2 années se sont écoulées avant que notre assemblée ne puisse bénéficier d’un document qui s’annonce comme un point d’étape et qui est de fait un inventaire d’actions menées par la Région ou financées par elle. S’entre-mèlent des choses aussi diverses que la participation à un salon et un plan logistique régional …sans que n’apparaissent ni commentaire ni analyse .

Un seul commentaire semble avoir échappé au rédacteur: le plan méthanisation de Stéphane Le Fol ne pourra être atteint dans le contexte du prix de rachat de l’énergie trop défavorable.

Nul doute que cette compilation ait demandé un travail important à de nombreux acteurs et en particulier aux services régionaux et à BDI mais dans ce foisonnement, on a quelques difficultés à voir émerger les priorités.

Si le but était de prouver que beaucoup de choses étaient faites dans le secteur économique par la Région, c’est gagné.

Mais à la question où en est la nouvelle impulsion lancée par la glaz économie ? Qu’est ce qui a changé depuis notre vote ?
La réponse est nettement moins évidente.

Certes de nouveaux items apparaissent rattachés à la transition écologique et énergétique : le plan bâtiment durable, les EMR et de nombreux appels à manifestations d’intérêt souvent portés par l’Ademe.

Par contre, l’innovation sociale sur laquelle l’accent avait été mis apparaît à la marge et ne se conjugue toujours pas avec l’innovation technologique.

Constat aussi: la Glaz économie n’est vraiment pas une histoire de pêche, qui est totalement absente du document mais est par contre bien arrimée au plancher des vaches. L’agriculture quant à elle y trouve pleinement sa place.

Le nombre des structures liées à l’innovation et les programmes qui leurs sont rattachés ne laissent aucun doute sur le fait que la Région Bretagne y attache la plus haute importance mais interpelle sur l’efficacité du système.

Les feuilles de route de filières, documents très intéressants nous sont communiqués mais de suite 2 questions se posent :
Où on en est dans leur réalisation ?
Des filières manquent, pourquoi ?

Toujours perplexe sur l’état d’avancement du nouveau SRDEII, je plonge dans les documents de Commission permanente pour essayer d’y voir plus clair.

Y a t-il un avant et un aprés Glaz ?

La nouvelle impulsion apparaît budgétairement marginale car soyons honnêtes sur le fond, la majorité des dossiers traités n’ont pas changé.
Aucun bonus n’est donné à une entreprise travaillant dans le secteur clé comme la transition écologique ou s’engageant dans une démarche de RSE, par exemple.

L’économie sociale et solidaire dont les vertus ont été largement mises en valeur ne bénéficie que de quelques millièmes du budget économie. Elle porte pourtant 14 % des emplois de Bretagne,

Certes, on retrouve au fil des mois, dans la CP, des éléments se rattachant aux feuilles de route cependant au bilan, on est loin de l’ambition affichée.

Que s’est-il passé ?

S’agit-il toujours des effets pervers du partage complexe des taches entre BDI et les services régionaux ?
Le changement de règles est-il trop compliqué à mettre en place ?

Une certitude, la partie opérationnelle du schéma est incomplète et après deux années d’entrée en vigueur c’est difficilement compréhensible.

Certes nous ne soutenions pas tous les volets de la Glaz économie mais elle est un bon compromis, construit démocratiquement, où transition écologique, économie sociale et solidaire, innovation sociale, économie circulaire, ER ont trouvé leur place. Nous y tenons et nous ne sommes pas les seuls, les nombreux contributeurs aussi. La campagne régionale s’engage, la loi nôtre va passer par là et le statut de ce document en sera modifié.
J’espère que du passé, il ne sera pas fait table rase, et que demain le schéma régional du développement économique gardera dans ces gènes ce qui fut un projet collectif porteur de beaucoup d’espoir, une question de couleur à n’en pas douter.

A l’aune de cette fin de mandat, nous ne pouvons que saluer le travail qui a été accompli tout en en soulignant les limites et les questionnements.
Les choix qui ont été faits, sont le reflet d’une vision du monde que nous ne partageons peut-être pas.

A titre personnel, à l’issue de 3 mandats, un dans l’opposition en 1992 période où siégeait dans cette assemblée 7 membres de l’extrême droite, un second dans l’exécutif et celui qui s’achève, il est temps de passer la main.
Je tiens à vous assurer de ma certitude de l’importance du travail qui est fait au sein de cette assemblée, de la certitude de l’importance d’une opposition constructive, avec le regret qu’elle ait été insuffisamment entendue, de la certitude enfin que les enjeux que le groupe écologiste a porté pendant ces dernières années conditionnent plus que jamais l’avenir de notre territoire et de nos concitoyen-ne-s.
Je me fais la porte-parole de mes collègues pour vous dire que nous avons apprécié votre bienveillante écoute et votre personnalité qui indéniablement nous a permis de trouver notre place.

DONT ACTE

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