Enercoop, une coopérative à l’énergie positive

« Enercoop est une entreprise de l’économie solidaire, de droit privé mais d’intérêt public, régit par des principes démocratiques et réunissant citoyens et Collectivités dans un même objectif : mettre en œuvre la transition énergétique. Cette participation de la Région à Enercoop est un acte fort et ambitieux. Il rappelle que les politiques écologistes ne pourront être menées qu’avec les citoyens. »

Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Sylviane Rault, au nom d’EELV, concernant la participation de la Région Bretagne à la Société Coopérative d’Intérêt Collectif Enercoop.

Au printemps 2004, face à l’urgence de la transition énergétique et à la libéralisation inéluctable du secteur de l’électricité par l’Union européenne et ses États membres,des acteurs de l’économie sociale et solidaire et des énergies renouvelables se réunissent pour réinventer un modèle éthique et responsable. L’ouverture du marché de l’énergie fait basculer la France d’un modèle où le service énergétique est assuré par une entreprise publique, vers un modèle libéral où des entreprises privées se partagent la fourniture d’électricité. La volonté de ces acteurs est alors de proposer une troisième voie, de forme privée mais d’intérêt public. Ainsi est née la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Enercoop.

Son objectif, engager la transition énergétique en s’appuyant sur trois axes : les économies, l’efficacité et la production d’énergie à partir de ressources renouvelables, tout en mobilisant citoyens et collectivités au plus près des territoires. Le statut de SCIC, créé en 2001, à la demande d’un grand nombre d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, par le secrétaire d’État en charge de ce secteur à l’époque, un certain Guy Hascoët, permet de mettre en œuvre cette ambition.

Quelques années plus tard, Enercoop se porte bien et transforme son action de proximité en créant des coopératives régionales. Ainsi, nous avons à délibérer aujourd’hui de la création d’Enercoop Bretagne et de l’entrée de notre Région à son capital. L’État est actionnaire à 80 % d’EDF, il y a donc toute légitimité pour notre collectivité à devenir sociétaire d’un acteur local de l’énergie, qui plus est aussi vertueux. Nous votons donc cette délibération avec un grand enthousiasme.

A l’heure d’une économie financiarisée devenue folle, il s’agit en effet de soutenir une entreprise de l’économie solidaire, de droit privé mais d’intérêt public, réunissant citoyens et Collectivités dans un même objectif et au sein d’une structure régie par des principes démocratiques. C’est suffisamment rare pour être souligné. Le choix de ce statut rappelle que les politiques écologistes ne pourront être menées qu’avec les citoyens. Puisse donc cette forme de gouvernance se généraliser dans le cadre de nos missions de services publics.

A l’heure où la nécessité de la transition énergétique se fait plus forte, que l’on annonce des coûts astronomiques pour le développement d’une énergie nucléaire, dangereuse et polluante, l’investissement de notre Région dans une société qui a vocation à développer un autre modèle énergétique permet, nous en sommes convaincus, de préparer l’avenir. Les 2,5 milliards d’euros supplémentaires annoncés pour le réacteur EPR de Flamanville porte son coût à 8,5 milliards. C’est à dire que le prix du MWh produit devrait sortir autour de 140 euros. Le MWh éolien est lui racheté actuellement à 85 euros. Sans aucun doute EDF répercutera ce coût sur ses clients si l’EPR devait voir le jour. Dans un souci d’économie nous ne pouvons donc aujourd’hui que réitérer notre proposition que la Région, en plus d’être sociétaire d’Enercoop Bretagne, en devienne aussi progressivement client et même peut être fournisseur grâce, par exemple, à l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques qui seront installés sur les toitures des lycées.

Cette participation de la Région à Enercoop est acte fort et ambitieux. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il amènera d’autres initiatives de ce type à l’avenir.

 

 

3 commentaires pour “Enercoop, une coopérative à l’énergie positive”

  1. Merci pour cette nouvelle, grâce à votre action, mais dont je ne sais si je dois m’en réjouir. Je suis en effet très partagé parce que très attaché aux services publics qu’on continue de privatiser comme EDF et GDF. Ne serait-il pas au contraire opportun de re-nationaliser ses entreprises qui étaient bien publiques il y a encore qques années plutôt que d’apporter notre concours à une entreprise privée à but lucratif même si c’est une SCIC ??? Vos réponses m’intéressent beaucoup et m’apporteront peut-être des éclairages nouveaux et vous en remercie.

    Par contre, je trouve qu’il nous manque une information de poids. De combien est la participation du Conseil Régional et est-elle au maximum autorisé, si oui quel est ce maximum.

    Deuxième question : qui représentera le CR au sein de Enercoop?

    Cordialement

  2. Les écologistes sont favorables à un service public de l’énergie et ont tentés d’empêcher la privatisation de ce dernier. Malgré leurs efforts le secteur de l’énergie est aujourd’hui soumis à concurrence. La démarche citoyenne d’Enercoop a alors été de proposer une nouvelle forme de service : de droit privé mais géré par les citoyens et les collectivités locales avec une mission d’intérêt général. Pour EELV, la participation de la Région à Enercoop Bretagne est un moyen d’inventer une nouvelle forme de service public, qui permet une forte participation citoyenne. Elle correspond pleinement aux valeurs que nous défendons. L’entrée au capital d’Enercoop par la Région Bretagne est de 10% soit 20 000 euros. Pour préserver la primauté de la participation citoyenne et des salariés, les statuts de Société Coopérative d’Intérêt Collectif adoptés par Enercoop permette une participation publique maximum de 20% du capital. D’autres collectivités (telle la commune de Tremergad) sont amenés à entrer au capital à leur tour, jusqu’au maximum autorisé.

  3. Merci de nous avoir signalé cette faute de frappe. C’est corrigé.

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